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Brexit: bras de fer attendu au Parlement britannique en pleine crise

Le Premier ministre britannique Boris Johnson, en pleine tempête politique, affronte mardi les députés de l’opposition et de son propre camp conservateur qui vont tenter d’empêcher un Brexit sans accord, avec en toile de fond la menace d’élections anticipées.

Les députés reprennent mardi après-midi le chemin de Westminster dans une ambiance électrique. Des élus conservateurs « rebelles » s’apprêtent à soutenir l’opposition pour empêcher une sortie brutale de l’Union européenne le 31 octobre.

S’ils remportent un premier vote mardi soir, les anti « no deal » pourront présenter mercredi un texte de loi destiné à contraindre le Premier ministre à demander un nouveau report du Brexit au 31 janvier 2020 au cas où aucun compromis n’est trouvé avec Bruxelles d’ici le 19 octobre et où le Parlement n’a pas approuvé une sortie sans accord.

Mais Boris Johnson a prévenu lundi qu’il n’accepterait « sous aucune circonstance » de demander à Bruxelles un nouveau report du Brexit. Il est déterminé à faire sortir son pays de l’UE le 31 octobre, accord renégocié ou pas, et à mettre ainsi en oeuvre la volonté des 52% de Britanniques qui ont voté pour, lors du référendum de 2016.

Si les partisans du « no deal » l’emportent au Parlement, le chef du gouvernement présentera dans la foulée une motion pour organiser des élections législatives le 14 octobre, a prévenu lundi soir un responsable gouvernemental.

Cette motion sera soumise au vote des députés mercredi et devra recueillir les deux tiers des voix.

« Le Premier ministre ne veut pas qu’il y ait une élection », a souligné mardi un porte-parole de Downing Street. Toutefois, « si les députés décident de détruire sa position dans les négociations » (en poussant pour écarter un « no deal », ndlr), et qu’une élection a lieu, cela se passera avant le Conseil européen du 17 et 18 octobre », a-t-il affirmé. Il a aussi balayé les craintes que le gouvernement cherche à modifier cette date ultérieurement. « Cela ne se produira pas », a-t-il déclaré.

– Chute de la livre –

Souffrant du tumulte politique, la livre sterling est tombée à un plus bas en trois ans face au dollar, sous le seuil de 1,20 dollar.

Mardi matin, près de Westminster, des manifestants anti Brexit agitaient des drapeaux européens tandis qu’un homme déguisé en Boris Johnson faisait mine d’actionner une « bombe +no deal+ ». De leur côté, les pro Brexit arboraient des pancartes proclamant: « On a voté pour partir ».

Boris Johnson s’exprimera dans l’après-midi devant les députés. Le vote crucial pour les anti-no deal, s’il est autorisé par le président de la Chambre des Communes, doit intervenir vers 21H00 locales (20H00 GMT).

Entre temps, les débats s’annoncent passionnés.

Boris Johnson s’est déjà attiré les foudres des députés en décidant de suspendre pendant cinq semaines le Parlement, comme il en a le droit, jusqu’au 14 octobre, leur laissant très peu de temps pour s’opposer à un Brexit dur. Il a aussi menacé d’exclusion du parti les Tories qui voudraient voter avec l’opposition, alors qu’il ne dispose que d’une voix de majorité absolue à la Chambre basse du Parlement.

Cet ultimatum ne semble toutefois pas décourager les « rebelles ».

L’ancien ministre des Finances Philip Hammond, l’un des conservateurs farouchement opposés à un divorce brutal avec l’UE, a estimé mardi sur la BBC qu’il y aurait suffisamment de soutiens au parlement pour bloquer une sortie sans accord.

– Actions en justice –

Sa collègue Justine Greening, ancienne ministre de l’Education, a elle annoncé qu’elle ne se représenterait pas sous l’étiquette Tory aux prochaines élections.

Entre le choix d’un « no deal » ou celui de Jeremy Corbyn, le chef du Labour, principale formation d’opposition, « c’est une élection perdant-perdant pour le Royaume-Uni », a dénoncé Mme Greening.

M. Corbyn se dit lui prêt à des élections législatives « pour que les gens décident de leur avenir ».

En plus du Parlement, la bataille contre un Brexit dur se poursuit devant les tribunaux, avec plusieurs initiatives visant à empêcher la suspension du Parlement.

Mardi, la plus haute instance civile d’Ecosse examine sur le fond une demande de contrer la suspension du Parlement, formulée par près de 75 parlementaires pro-européens. Ces derniers avaient déjà tenté la semaine dernière de contrer la suspension, mais leur recours en urgence avait été rejeté.

La Haute Cour d’Irlande du Nord examinera de son côté un autre recours, introduit en urgence au nom d’un militant des droits de l’Homme nord-irlandais, Raymond McCord.

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