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Perquisition à LFI: début du procès Mélenchon après le rejet d’une demande de renvoi

Jean-Luc Mélenchon et cinq de ses proches ont commencé à comparaître jeudi à Bobigny pour les incidents ayant émaillé la perquisition au siège de LFI en octobre, un procès sous haute tension maintenu après le rejet d’une demande de renvoi du parquet.

Le procès, prévu sur deux jours, s’est ouvert peu après 9H30 dans un climat électrique. Au juge qui lui demandait s’il acceptait de comparaître, M. Mélenchon a répondu: « Je crois pas que j’aie le choix, mais oui ».

Après avoir dénoncé ces dernières semaines un procès « politique », le chef de file des Insoumis était resté silencieux à son arrivée devant le tribunal de Bobigny, où cette affaire a été dépaysée par souci d’impartialité.

Ceint de son écharpe tricolore d’élu, il avait laissé à un de ses co-prévenus, le député Alexis Corbière, le soin de mener la charge. « Tout ça est hors norme, disproportionné », a-t-il déclaré. « Nous ferons entendre des arguments (…) qui feront comprendre que depuis le début, cette affaire est politique ».

Le procès a toutefois failli être reporté après une demande de renvoi formulée à l’audience par le parquet, qui a fait bondir les prévenus.

Le ministère public demandait un report au motif que les conclusions du rapport de l’IGPN, saisie après une plainte de LFI pour des violences policières lors de la perquisition controversée, n’avaient pas été transmises à toutes les parties.

« Il n’est pas possible de juger sereinement ce dossier », estimait le parquet, dont la requête a finalement été rejetée par le tribunal.

« Après avoir organisé la pagaille, le parquet se prévaut de sa propre turpitude et demande… le report du procès ! », a tweeté en pleine audience M. Mélenchon « Le ministère de Belloubet organise le chaos ! »

Son avocat Me Mathieu Davy avait auparavant dénoncé une demande « scandaleuse ». « Il y a eu la tentative de faire de ce procès un procès politique, maintenant vous continuez à vouloir renvoyer le dossier pour contenir mes clients dans cette séquence. Ça suffit, ça fait onze mois [depuis la perquisition], on souhaite être entendu ».

Le tribunal a donc commencé à examiner les faits qui valent à M. Mélenchon et aux co-prévenus — dont le député Bastien Lachaud et l’eurodéputé Manuel Bompard– des poursuites pour « actes d’intimidation envers un magistrat et un dépositaire de l’autorité publique, rébellion et provocation ».

Ils encourent jusqu’à 10 ans de prison, une amende de 150.000 euros et 5 ans inéligibilité.

Le 16 octobre 2018, M. Mélenchon s’était opposé avec virulence à la perquisition menée au siège de son parti à Paris dans le cadre de deux enquêtes du parquet de Paris: sur les comptes de la campagne présidentielle de 2017 et sur les conditions d’emploi d’assistants d’eurodéputés de la France insoumise, confiées depuis à des juges d’instruction.

-« La République, c’est moi! »-

Filmant en direct sur Facebook la perquisition de son domicile, M. Mélenchon avait d’abord dénoncé une « énorme opération de police politique ». Il s’était ensuite rendu avec des proches au siège du mouvement, où une autre perquisition avait viré à la confrontation.

Devant des caméras, il avait appelé ses proches à « enfoncer la porte » pour entrer dans les locaux où la perquisition était en cours, affirmant notamment: « La République, c’est moi! ». On le voyait également bousculer un représentant du parquet ainsi qu’un policier qui tentait de s’interposer.

Des policiers et magistrats figurent parmi les parties civiles.

Avant l’audience, Me François Saint-Pierre, qui représente cinq fonctionnaires de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales, a appelé à « un débat dans la sérénité et le respect ».

« Je souhaite répondre à M. Mélenchon que mes clients sont des fonctionnaires de police qui agissent dans un esprit républicain », a poursuivi l’avocat qui partagera le banc des parties civiles notamment avec Me Eric Dupond-Moretti.

Quelques semaines avant son procès, M. Mélenchon avait profité de son périple en Amérique latine pour rendre visite à l’ex-président brésilien Lula en prison, et faire le parallèle entre leurs deux situations.

Selon M. Mélenchon, tous deux subissent le « lawfare », une pratique d’instrumentalisation politique de la justice pour museler les oppositions.

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