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Attaquer l’Arabie Saoudite : l’alternative des mollahs pour échapper au renversement

Dans une toute nouvelle manœuvre hasardeuse mais tout aussi malencontreuse que les précédentes, Téhéran a lancé une attaque contre les installations pétrolifères de la compagnie nationale saoudienne d’hydrocarbures Saudi Aramco. Les conséquences de cette attaque sont profondes. En plus d’exacerber considérablement la crise dans la région du Moyen-Orient, l’attentat a soulevé de nombreuses questions relatives aux signes d’apaisement des tensions et aux probables négociations qu’il pourrait y avoir. Quelle est alors l’ampleur du bouleversement provoqué par cette attaque sur le régime ?

Après que le régime a initialement annoncé qu’il s’agissait d’une attaque de drones perpétrée par les rebelles Houtites, ces derniers en ont revendiqué la responsabilité. Il n’y avait alors aucun soupçon quant au soutien de Téhéran aux rebelles yéménites jusqu’à ce que des informations émanant des services de renseignements américains indiquent qu’il s’agissait pour l’essentiel d’attaques de missiles.

Peu après l’attaque, Ali Khamenei, Guide Suprême des mollahs, dans un discours tenu le 17 septembre, a insisté sur le fait que Téhéran ne négocierait pas avec les États-Unis. Un peu plus tôt, l’ambassadeur de l’Iran en Chine avait déclaré, dans un article publié sur un site diplomatique iranien, que pour faire face à la crise actuelle entre Washington et Téhéran, les deux méthodes conventionnelles qu’il était possible d’imaginer étaient soit la guerre même limitée, soit la négociation.

Trump et Ali Khamenei ont répété à maintes reprises qu’ils ne souhaitaient pas la guerre. À l’approche des élections, Trump semble éviter plus que jamais une guerre ou un conflit limité, et compte tenu de la situation explosive en Iran, Khamenei essaie au mieux d’éviter la guerre.

Les deux tiers de la population iranienne vivent en dessous du seuil de pauvreté, et avec la horde d’indigents et de chômeurs, en particulier des femmes et des jeunes, la société s’est transformée en une véritable poudrière. La seule issue reste donc la négociation. Alors pourquoi Khamenei ne l’accepte-t-il pas, et pourquoi les États-Unis, avec plus de sanctions, renforcent-ils leur pression tous les jours et ferment-ils apparemment la porte aux négociations ?

Khamenei a précédemment reconnu que les négociations avec les États-Unis lui étaient toxiques autrefois et qu’actuellement, elles l’étaient encore plus. Reconnaissant qu’il existe une volonté de négociation dans certaines factions du régime, le journal officiel « World of Industry » (jahan-e-Sanat) a déclaré : « Une telle tendance et une telle volonté se heurtent à des obstacles et à des limitations qui semblent minimiser sans tout de même totalement réduire à néant les possibilités de négociation. »

Le régime des mollahs, qui repose sur des dogmes religieux moyenâgeux inadaptés pour satisfaire les besoins fondamentaux du peuple iranien sur les plans économique, politique et culturel, a toujours eu recours à la répression à l’intérieur du pays ainsi qu’à la création de crises ou d’interventions militaires dans cette région. À cette fin, avec les slogans « à bas les États-Unis » et à bas Israël, ce régime a réuni des groupes religieux arriérés ou créé ses propres milices en Iran et dans d’autres pays à l’étranger. La répression à l’intérieur de l’Iran et l’exportation du terrorisme à l’extérieur de l’Iran sont les deux piliers du régime des mollahs.

Avec des slogans « anti-americains » et anti-israéliens, ils ont réussi à éliminer bon nombre des forces qui souhaitaient le progrès en Iran. La prise de contrôle de l’ambassade américaine en Iran a eu lieu parce qu’il pouvait se libérer des crises alors conduites par les forces progressistes, notamment l’OMPI, pour mobiliser la population en faveur des libertés fondamentales. C’est la raison pour laquelle il est toxique pour ce régime de négocier avec les États-Unis.

Il est vrai que Khamenei ait accepté de négocier avec les États-Unis avant le JCPOA, mais aujourd’hui, la conjoncture a totalement changé. À l’époque, la politique occidentale dominante vis-à-vis de l’Iran était une politique de complaisance. À présent, la politique dominante est la fermeté, avec une pression maximale pour contraindre le régime à abandonner son programme de missiles et son ingérence dans les pays de la région.

Dans ces circonstances, négocier avec les États-Unis, selon l’expression de Khamenei, « revient à laisser les États-Unis prendre toutes les décisions et à les mettre en œuvre. C’est le sens des négociations dans la conjoncture actuelle ». Mais dans ces circonstances, si Téhéran accède aux exigences des États-Unis, qui voudraient que les mollahs mettent un terme à leur ingérence dans les pays de la région et à leur programme de missiles balistiques, cela reviendrait à abandonner les deux piliers sur lesquels repose le régime du Velayat-e-Faqih et à satisfaire toutes les demandes jusque-là réprimées du peuple iranien.

Dans l’attaque des installations pétrolières d’Aramco perpétrée par Téhéran, il faut tenir compte de la situation critique et urgente du régime et de l’impasse dans laquelle il se trouve : l’isolement politique mondial et les sanctions de plus en plus asphyxiantes qui en résultent exercent une pression croissante sur l’économie du régime, et favorisent surtout l’expansion des Unités de résistance dirigées par Mme Maryam Radjavi et l’acceptation généralisée de cette honorable et brave femme.

Au sein du régime des mollahs, il se dit que Maryam Radjavi se serait emparée des rues après des manifestations dans 160 villes au début de 2018. C’est dans cette situation critique qu’avec l’attaque contre l’Arabie saoudite, le régime des mollahs a l’intention de prendre le dessus des négociations potentielles, créant une crise dans la perspective d’affecter les élections américaines, et éventuellement d’obtenir un report des négociations Washington-Téhéran à 5 + 1 pour échapper à ses conséquences dans le pays.

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