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La charpente de Notre-Dame, un outil pédagogique chez les Compagnons du Devoir

En attendant de savoir quand et comment sera reconstruite la charpente de Notre-Dame, les jeunes apprentis des Compagnons du Devoir l’utilisent comme projet pédagogique en reproduisant deux « fermes » en chêne de la « forêt » de la cathédrale.

Dans un vaste atelier de la Maison de l’apprentissage de Gennevilliers, près de Paris, une dizaine de jeunes en brevet professionnel « charpentier bois » assemblent sur le sol l’une des 13 « fermes » de la nef de la cathédrale, ces structures triangulaires de poutres destinées à porter la très lourde couverture en plomb.

D’une dimension de 10,70 m sur 7,50 m de haut, la ferme, posée sur des cales, a été fabriquée à 75% de sa taille réelle en reprenant certaines des méthodes utilisées lorsque la charpente a été installée dans la nef entre 1220 et 1240.

« Cela permet à nos apprentis d’être sur un chantier un peu spécial avec des techniques d’assemblage assez complexes, la charpente étant intégralement faite en bois, sans métal », souligne Arthur Cordelier, jeune compagnon de 23 ans en charge des projets de formation autour de Notre-Dame.

Après avoir dessiné l’épure de la ferme sur le sol, ils reportent, crayon et compas à main, les tracés sur les poutres avec un « plomb à piquer » qui absorbe les déformations des pièces de bois. Avant de faire l’assemblage à grand coups de masse.

« Savoir tracer sa pièce de bois, l’orienter dans l’espace, la façon de travailler n’a pas changé », résume leur formateur Luc Mabire, compagnon charpentier depuis 26 ans.

Comme l’objectif est cependant d’être mis en situation professionnelle, les apprentis ne se sont pas figés au XIIIe siècle et ont par exemple utilisé un logiciel 3D pour faire le plan de fabrication à partir des relevés architecturaux.

Réalisées grâce à six mètres cubes de chêne fourni par l’interprofession du bois, les deux fermes vont être réassemblées et levées lors du Salon des maires à Paris mi-novembre. Une opération complexe, vu leur poids (1.400 kg chacune), mais plus simple qu’à l’époque où il a fallu les assembler à 30 mètres de hauteur…

– Les métiers manuels revalorisés –

Parallèlement, en collaboration avec des étudiants architectes de l’Ecole de Chaillot, un autre groupe plus expérimenté va réaliser d’ici le printemps une maquette – qui sera leur chef-d’oeuvre de fin de formation – de l’ensemble de la charpente au 1/20e, soit environ 5 m de long.

« On surfe sur un engouement Notre-Dame », admet Arthur Cordelier. « La filière bois a envie de montrer que notre forêt est capable de reconstruire cette charpente. Et on veut montrer que si on a pleuré Notre-Dame, on sait rebondir à l’avenir ».

Difficile de dire si l’incendie du 15 avril a suscité des vocations de charpentier, couvreur ou tailleur de pierre car ceux qui ont démarré leur apprentissage en septembre ont généralement cherché leur entreprise entre janvier et mai.

Néanmoins le directeur général des Compagnons du Devoir, Jean-Claude Bellanger, s’attend « à une progression de 10 à 20% » des effectifs à la fin de l’année selon les métiers.

Il constate une forte arrivée de jeunes de 20 ans et plus en voie de réorientation. « Ce sont souvent des jeunes qui auraient pu venir chez nous plus tôt. Mais les parents ou les enseignants les ont poussés à faire des études générales en dévalorisant les métiers manuels », déplore-t-il.

Confirmation à Gennevilliers avec Micha, qui s’est lancé dans un CAP charpentier à 26 ans alors qu’il était en CDI dans la vente après un master 2 de droit international. N’ayant pu obtenir un congé individuel de formation, il a démissionné pour aller vers le bois, nostalgique de la « maison en rondins de son grand-père en Russie ».

« Mais même à 26 ans, on s’est engueulés avec ma mère parce qu’elle pense que le bâtiment, c’est le travail dans la boue », raconte-t-il.

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