in

dans les cordes, Gailhaguet va-t-il contre-attaquer ?

En plein scandale de violences sexuelles dans le patinage français, son inamovible patron Didier Gailhaguet a promis de contre-attaquer mercredi mais la pression est de plus en plus forte pour qu’il démissionne.

Mardi soir, à la sortie d’un bureau extraordinaire de la Fédération française des Sports de glace (FFSG), Didier Gailhaguet a repoussé toute décision sur une éventuelle démission, exigée par la ministre des Sports Roxana Maracineanu, à la fin d’une nouvelle enquête administrative diligentée par le ministère. Autant dire au moins plusieurs semaines.

La demande de démission est « évidemment partagée par l’ensemble du gouvernement », a déclaré mercredi sa porte-parole, Sibeth N’Diaye.

Ce choix de s’accrocher à la présidence qu’il occupe depuis 1998 (sauf une interruption entre 2004 et 2007) n’a pas fait l’unanimité en interne: quatre membres du bureau exécutif (sur seize) de la FFSG ont démissionné.

« Pour moi, pour le bien du sport, du patinage, c’était une sage décision qu’il démissionne, c’est ce que je lui ai dit », a raconté à l’AFP l’un d’eux, le président de la commission des sports extrêmes Pascal Henry.

Jusqu’où ira Gailhaguet, déjà éclaboussé par une affaire de tricherie aux JO de Salt Lake City en 2002, puis contraint en 2004 à la démission de la FFSG à cause d’une mauvaise gestion, mais qui avait retrouvé la présidence en 2007 ?

Mercredi, il a donné rendez-vous au siège de la fédération, à 14h30, promettant de faire des révélations, « documents » à l’appui, sur la gestion du cas Beyer, du nom de l’ex-entraîneur soupçonné d’abus sexuels sur des patineuses, et accusé de viols depuis la semaine dernière par une ancienne figure de ce sport, Sarah Abitbol.

– « Dysfonctionnement général » –

Même si les faits dénoncés dans le livre de Sarah Abitbol, « Un si long silence » (Plon), paraissent prescrits car ils remontent aux années 1990 à 1992, quand elle avait 15 à 17 ans, le parquet de Paris a annoncé mardi l’ouverture d’une enquête pour viols et agressions sexuelles sur mineurs par personne ayant autorité sur la victime.

Face à Roxana Maracineanu qui a fustigé un « dysfonctionnement général » au sein de la fédération, Gailhaguet avait déjà livré lundi un début de contre-attaque, en accusant la prédécesseure de Maracineanu à l’époque, Marie-George Buffet, d’avoir permis à Gilles Beyer de rester dans le circuit au début des années 2000, malgré une enquête administrative soulignant des attitudes inappropriées avec de jeunes patineuses.

« Elle (Mme Buffet) lui a retiré (son statut), et elle nous l’a renvoyé », avait-il affirmé.

L’enquête administrative en question, diligentée sur la base d’un signalement de parents, avait alors conduit le ministère des Sports à mettre fin à ses fonctions de cadre d’Etat, le 31 mars 2001.

Malgré sa mise à l’écart en 2001, Gilles Beyer a poursuivi sa carrière dans son club d’origine, les Français volants, présidé par son frère Alain, jusqu’à son éviction vendredi. Il a aussi effectué plusieurs mandats au bureau exécutif de la FFSG jusqu’en 2018 et organisé dans les années 2010 plusieurs tournées de gala de l’équipe de France de patinage artistique.

Le rôle joué par Gilles Beyer dans le patinage français, après sa mise à l’écart, est au centre du différend entre la ministre des Sports et Didier Gailhaguet, qu’elle avait convoqué lundi avant de lui demander de démissionner.

– « Sans voix » –

« Je reste un peu sans voix devant ce Monsieur que j’ai rencontré pendant une heure il y a deux jours et qui a passé la moitié du temps à se défendre. A aucun moment, il n’a dit devant moi quelle était sa vision par rapport à cette problématique qui touche sa fédération », a déploré Roxana Maracineanu sur France 2.

Dans le bras de fer engagé, Didier Gailhaguet ne peut en tout cas pas dire qu’il ignorait les problèmes posés par Beyer au tournant des années 2000, puisqu’il était précisément le destinataire du courrier de parents qui a donné la première alerte, comme le montre le rapport issu de l’enquête administrative, dont l’AFP a eu connaissance.

Depuis que l’affaire a éclaté la semaine dernière, Gilles Beyer, 62 ans, a concédé avoir eu « des relations intimes » et « inappropriées » avec Sarah Abitbol, lui présentant des « excuses » que cette dernière a refusées, attendant la « deuxième étape », « celle qui mettra en lumière la responsabilité de tous ceux qui ont couvert, dans le club (les Français volants, NDLR) et à la fédération ».

L’ex-épouse de Gilles Beyer, Katia Krier, qui est actuellement directrice des équipes de France de patinage artistique et DTN adjointe au sein de la FFSG, a assuré dans un entretien au Parisien qu’elle n’avait pas « couvert ses agissements » lorsqu’ils étaient mariés.

« Je ne suis pas la Mme Fourniret du patinage », a-t-elle insisté, en référence à l’ex-épouse et complice du tueur en série Michel Fourniret.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GIPHY App Key not set. Please check settings

    Le gouvernement britannique laisse entendre que les frais de licence de la BBC pourraient être supprimés

    Didier Gailhaguet dénonce une ministre des Sports « moralisatrice »