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Quatre ans ferme requis contre l’ex-homme d’affaires Pierre Botton

Quatre ans pour une « litanie d’infractions »: l’accusation a requis mercredi la prison ferme contre Pierre Botton, l’ex-homme d’affaires condamné pour abus de biens sociaux en 1996 et soupçonné aujourd’hui d’avoir détourné des fonds de son association contre la récidive.

Le tribunal rendra sa décision le 2 juin.

Dans les années 1990, cet ancien chef d’entreprise lyonnais a passé 20 mois en détention à l’issue d’une retentissante affaire politico-judiciaire. A sa sortie, il avait décidé de s’engager pour améliorer les conditions de détention et lutter contre la récidive des délinquants.

Clamant son innocence, il a pourtant de nouveau fait face à un tribunal depuis lundi, soupçonné d’avoir récupéré indûment et à des fins personnelles une partie de l’argent de son association.

« Pourquoi demande-t-on quatre ans de la vie d’un homme ? ». L’après-midi prend fin mercredi et le procureur, Julien Goldszlagier, entame son réquisitoire.

Sur le mur de la salle d’audience, des tableaux, des schémas, des chiffres sont projetés pour décrire le complexe réseau de sociétés et de flux financiers mis en cause.

Abus de confiance, abus de biens sociaux, escroquerie, faux, blanchiment de fraude fiscale… Pierre Botton a commis une « litanie d’infractions » avec pour seul but, affirme le procureur, « d’assurer son train de vie », qui oscillait entre 20.000 et 36.000 euros par mois.

« Quand un mécène donnait pour l’association, il donnait entre un quart et un tiers pour M. Botton, directement », poursuit-il, détaillant « l’habillage comptable » et « juridique » mis en place selon lui, par le prévenu.

Travaux et loyers dans une villa à Cannes, voyages, frais de restauration et d’hôtellerie de luxe, d’esthétique, dépenses liées à un « passe-temps » photographique… tous ces passe-temps ont été financés indirectement, selon le magistrat, par l’association et un investisseur suisse, qui était aussi un ami de Pierre Botton.

« Toute cette organisation de flux est faite pour éluder l’administration fiscale », appuie M. Goldszlagier, qui précise que M. Botton devait, en 2018, 3,6 millions d’euros au fisc.

« La cause est noble, humaine, juste, elle mérite qu’on s’y attache et l’engagement de M. Botton ne doit pas être écarté, il a été important. » Mais « on ne se défend pas d’infractions avec un engagement », ajoute-t-il, réclamant également un mandat de dépôt contre le prévenu.

Le procureur requiert, enfin, un an de prison avec sursis à l’encontre d’Anne-Valérie Noir, ancienne présidente de l’association et ex-femme de Pierre Botton, jugée à ses côtés pour « abus de confiance ».

– « Escroc un jour, escroc toujours » –

« Il y a, dès le départ, une phrase qui résume l’ensemble de l’enquête: +Escroc un jour, escroc toujours+ », réplique, pour la défense, Me Jérôme-Marc Bertrand. « Il y a une présomption de culpabilité. »

« M. Botton a réussi à mettre en place 67 projets de petite, grande envergure, intégralement réussis. En faisant passer cela dans le budget de l’association », insiste le conseil.

Il a reconnu certains abus concernant les sommes virées par l’investisseur suisse, « mais pour autant, il y a une absence totale d’abus de confiance au préjudice de l’association ».

« Qu’on vienne me dire: +Botton, il a fait tout ça pour son train de vie, non !+ Il a fait tout ça pour les prisons », plaide l’avocat.

En début d’après-midi, le tribunal est revenu sur la personnalité de M. Botton, ouvrant une fenêtre sur le passé.

Interrogé, Pierre Botton a parlé de son enfance à Lyon, de ses débuts professionnels dans un restaurant voisin de celui de Paul Bocuse, de sa rencontre avec Michel Noir, alors député du Rhône, en 1982, lors d’un salon dédié à la pharmacie.

Au fil des questions, on entrevoit cette époque où, chef d’entreprise, il s’est lancé en politique avec Michel Noir et avait un train de vie fastueux, lorsqu’il fréquentait des responsables du RPR comme Jacques Chirac, des personnalités des médias comme Patrick Poivre d’Arvor, du monde du spectacle comme Coluche.

Jusqu’à son interpellation et sa condamnation en appel en 1996, à cinq ans de prison dont 18 mois avec sursis, pour abus de biens sociaux.

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