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Girard, adjoint d’Hidalgo, entendu en pleine campagne municipale

L’affaire Matzneff s’invite de manière embarrassante dans la campagne municipale d’Anne Hidalgo à Paris à travers son adjoint à la Culture, Christophe Girard, entendu mercredi en tant que témoin sur ses liens avec l’écrivain accusé de pédophilie.

De source proche du dossier, l’ancien maire du IVe arrondissement, pilier de la majorité parisienne, était entendu à l’Office central de répression des violences aux personnes (OCRVP) de Nanterre par les policiers en charge de l’enquête « pour viols sur mineur » de moins de 15 ans qui vise Gabriel Matzneff.

Les enquêteurs s’intéressent notamment au soutien financier dont l’écrivain a bénéficié dans les années 80 de la part de la Maison Yves Saint Laurent, dont M. Girard a été secrétaire général entre 1986 et 1987.

L’éditrice Vanessa Springora a publié début janvier un roman autobiographique, « Le consentement », dans lequel elle dénonce les ravages de sa relation sous emprise avec l’écrivain Gabriel Matzneff, pédophile revendiqué, dans les années 80.

C’est au lendemain de la publication de ce témoignage, le 3 janvier, qu’une enquête pour « viols sur mineurs » a été ouverte par le parquet de Paris.

« les élites françaises aussi »

Les enquêteurs ont depuis procédé à plusieurs perquisitions, notamment chez Gallimard, l’un de ses éditeurs, au domicile parisien ainsi qu’à l’hôtel italien où réside actuellement celui qui revendiquait dans ses livres son attirance pour les « moins de 16 ans » et pour le tourisme sexuel avec des petits garçons en Asie.

Dans un article intitulé « Un écrivain pédophile sur le banc des accusés. Et les élites françaises aussi », le New York Times a rappelé le 11 février comment M. Girard avait, en 1987, apporté une aide financière à Gabriel Matzneff.

L’auteur lui-même a écrit dans « La prunelle des mes yeux », son journal des années 1986-1987, que M. Girard lui a annoncé que la Maison Yves Saint Laurent financerait, « aussi longtemps qu’il le souhaite », les frais de l’hôtel dans lequel il vivait à l’abri des regards dans le quartier de Saint-Germain-des-Près.

M. Matzneff, longtemps toléré voire encensé dans le monde littéraire parisien, voyait régulièrement dans cet hôtel Vanessa Springora, alors âgée de 15 ans.

Interrogé récemment par l’AFP, Christophe Girard a nié toute proximité avec M. Matzneff qui lui a dédié « La Prunelle de mes yeux » et qui l’a qualifié dans les années 2000 d’un de ses amis « les plus proches ».

« La personne avec laquelle je vis depuis 25 ans ne l’a jamais rencontré », a insisté M. Girard. « Un ami proche c’est quelqu’un qui part en vacances avec vous, qui dîne chez vous, chez qui vous allez. Eh bien, ce n’est pas le cas ! ».

« Nous ne savions rien » des faits aujourd’hui reprochés à l’écrivain, s’est-il encore expliqué.

Mais à l’Hôtel de Ville, on suit depuis plusieurs semaines d’un oeil inquiet une affaire que le camp Hidalgo se serait bien épargnée à quelques jours des élections municipales (15 et 22 mars).

– en cinquième position –

« On a traité l’affaire en haut lieu. Christophe Girard s’en est entretenu avec Anne (Hidalgo), Emmanuel Grégoire (directeur de campagne) et Jean-Louis Missika (président de la plateforme de campagne) », confie à l’AFP un proche de l’édile.

L’affaire a également interpellé ses colistiers du XVIIIe arrondissement, où Christophe Girard est candidat en cinquième position. Au cours d’une réunion dans ce secteur il y a deux semaines, le ton est monté. « La jeune génération ne comprenait pas qu’il y a 30 ans, je n’ai pas dénoncé. J’ai fait de la pédagogie. J’ai expliqué… et vous pouvez vérifier, la liste n’a pas bougé », a affirmé M. Girard à l’AFP.

Selon un proche de la maire de Paris, Christophe Girard a indiqué lors des réunions de crise avoir « obéi aux ordres de Pierre Bergé », compagnon d’Yves Saint Laurent et cofondateur de sa maison de couture, qui lui avait demandé de régler l’hôtel de Gabriel Matzneff. « Ca ne fait pas de lui un complice de pédophilie », estime cette source.

Pierre Bergé, décédé en 2017, « aidait beaucoup de gens, connus et inconnus. Mon rôle, c’était d’annoncer la bonne nouvelle à celle ou celui qui était dans la merde », a affirmé à l’AFP M. Girard, qui se demande désormais si M. Bergé n’avait pas payé les frais d’hôtel de M. Matzneff « sur ses fonds personnels ».

La difficulté des récits de Christophe Girard, c’est qu' »il fait parler des morts, c’est la force et la fragilité » de ses explications, commente un responsable de l’Hôtel de Ville.

Pour un autre responsable politique proche d’Anne Hidalgo, Christophe Girard est « une excellente victime expiatoire dans ce règlement de comptes d’une génération avec une autre, en l’occurrence la génération 68 ».

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