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Les professeurs face au défi de l’enseignement à distance

A partir de lundi, les 850.000 enseignants de France vont devoir assurer les cours à distance, de la grande section de maternelle au lycée, une tâche « surmontable » pour beaucoup mais qui demandera, selon eux, « pas mal de travail et d’organisation ».

Pour assurer la continuité pédagogique après la décision de fermer l’ensemble des écoles, l’Education nationale a annoncé mettre à disposition les ressources du Centre national d’enseignement à distance (Cned): des exercices en ligne adaptés aux programmes et une « classe virtuelle » où le professeur peut faire cours à ses élèves par visioconférence.

Les connexions sont possibles par ordinateur, tablette ou téléphone. Environ trois ou quatre heures d’activités sont proposées chaque jour aux élèves dans différentes matières.

Mais dans les faits, cela risque d’être un peu plus compliqué. Les connexions au Cned, avec des codes spécifiques, se mettent en place progressivement mais « ne seront certainement pas disponibles pour tous lundi », affirme Olivier, enseignant de CM2 à Vincennes, près de Paris, qui précisait ne rien avoir reçu vendredi soir.

« En attendant le Cned, on a la chance dans mon école d’avoir une application qui s’appelle +cahier de texte+, avec laquelle on peut gérer des envois de fichiers de travail à distance mais ce n’est clairement pas interactif, on est loin de la classe virtuelle », indique Fabrice, enseignant en CE1 dans le Xème arrondissement de Paris.

« Globalement, pour des professeurs un peu plus âgés qui n’ont pas l’habitude de travailler en ligne, ce travail à distance ne sera pas simple mais personnellement, ça me paraît surmontable », ajoute-t-il. Cela demande juste « pas mal de travail et d’organisation car c’est une situation inédite, à laquelle nous ne sommes pas préparés ».

Il soulève cependant la problématique de l’outil informatique. « On nous demande de travailler, mais avec quel matériel? On ne nous prête pas d’ordinateur à l’Education nationale, et certains, même si ce sont des cas isolés, ne possèdent pas d’ordinateur », tient-il à rappeler.

– « Des enseignants lundi matin à l’école » –

Lucile, enseignante à mi-temps en classe de CE2 et CM1 dans l’Ariège, craint aussi que « l’accès parfois difficile à internet dans une zone aussi rurale perturbe sérieusement les échanges entre les enseignants et les élèves ».

Le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer a rappelé jeudi soir que la fermeture totale des écoles « ne signifiait pas que les élèves étaient en vacances ». Ni les professeurs.

Lundi matin, certains d’entre eux devront obligatoirement se rendre dans leur école afin de faire le point avec les équipes, avant de passer au télétravail. « Mais comme tout le monde, avec des enfants dans les pattes, ça ne va pas être facile de s’isoler pour faire cours », prévient Olivier.

« Nous, on comprend que nous allons devoir être présents à certains moments, dans les murs de l’établissement, pour tenir informées les familles, et les aider dans le suivi des cours au cas où ils n’auraient pas de connexion à internet par exemple », renchérit Isabelle, enseignante dans une classe de CM1 à Rennes.

Dans un communiqué commun vendredi soir, le ministère de l’Education nationale et l’Association des maires de France (AMF) ont rappelé que « les locaux scolaires demeureront ouverts afin que les équipes éducatives puissent organiser le suivi des élèves et informer régulièrement les familles, notamment sur les modalités de connexion à la plateforme du Cned +Ma classe à la maison+ ».

« Partout où cela est nécessaire, les mairies et certaines écoles organiseront des permanences afin de transmettre aux élèves qui ne disposent pas d’un équipement adapté ou d’une connexion internet suffisante des ressources pédagogiques en format papier préparées par les professeurs », ont-ils ajouté.

« On en appelle à la responsabilité des parents, qu’ils soient dans le soutien, même si on sait très bien, malheureusement, qu’il y en a qui ne sont pas dans la capacité d’aider leurs enfants scolairement », regrette Olivier.

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