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Le coronavirus fait son premier mort en Afrique du Sud, plongée en confinement

L’Afrique du Sud a annoncé vendredi son premier mort de l’épidémie de coronavirus, alors qu’elle entre dans un tunnel de trois semaines de confinement total destiné à enrayer la progression inquiétante de la maladie sur tout le continent.

Avec plus de 3.300 cas et plus de 90 décès, selon un bilan établi par l’AFP, l’Afrique reste encore largement épargnée par la pandémie. Mais la propagation du virus suit une « évolution dramatique », a alerté la responsable régionale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Matshidiso Rebecca Moeti.

L’Afrique du Sud a largement franchi vendredi le cap du millier de contaminations, avec 1.170 cas contre 927 vingt-quatre heures plus tôt, et reste, de loin, le pays le plus touché du continent.

Son ministre de la Santé Zweli Mkhize a rapporté le premier décès dû à la maladie, une femme de 48 ans de la province du Cap-occidental (sud-ouest). La mort d’une deuxième Sud-Africaine, initialement attribuée au Covid-19, a finalement été imputée à d’autres causes après examen.

Face à la progression exponentielle de la maladie, le président Cyril Ramaphosa a imposé à ses 57 millions de concitoyens de rester chez eux pendant trois semaines afin, a-t-il justifié, « de prévenir une catastrophe humaine aux proportions énormes ».

« Vous êtes là pour faire la guerre à un ennemi invisible. On attend de vous (…) que vous sortiez dans les rues pour défendre notre peuple contre le virus », a lancé jeudi le chef de l’Etat, en treillis, à un détachement de soldats chargés de faire respecter le confinement.

L’ordre est entré en vigueur dans tout le pays vendredi à 00h00 locales (22h00 GMT jeudi), diversement respecté.

– « Dur » pour les pauvres –

Si les banlieues cossues des deux principales villes du pays, Johannesburg et Le Cap, sont restées largement vides, leurs « townships » pauvres et surpeuplés ont largement ignoré les consignes, notamment pour se ruer dans les supermarchés pour faire leurs courses, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« Les classes moyennes et supérieures respecteront le confinement », a pour sa part anticipé Ditebogo Koenaite, une pilote de ligne. « Mais je ne pense pas que les plus modestes pourront respecter la distanciation sociale. C’est plus dur dans les quartiers pauvres ».

Dans le quartier déshérité de Hillbrow, au centre de Johannesburg, la police a a dispersé plus d’une centaine de personnes qui piétinaient devant un magasin pour y faire leurs courses.

Depuis plusieurs jours, les autorités ont exhorté la population à respecter strictement le confinement, sous peine de sanctions pouvant aller jusqu’à six mois de prison.

Le ministre de la Police Bheki Cele a annoncé que 55 persones avaient été arrêtées dans le pays vendredi.

En Afrique, seuls la Tunisie, le Rwanda et l’île Maurice s’étaient jusque-là engagés sur cette voie radicale, tant ses conséquences économiques et sociales sur des populations pauvres et privées de services de base semblent risquées.

Malgré la crise économique catastrophique qui l’affecte, le Zimbabwe les rejoindra à partir de lundi pour trois semaines, a annoncé vendredi soir son président Emmerson Mnangagwa.

Les dix millions d’habitants de la capitale de la République démocratique du Congo, Kinshasa, seront eux aussi placés samedi en confinement « intermittent » afin d’éviter la propagation du Covid-19 au reste du pays. Un premier cas de contamination a toutefois déjà été signalé dans la province d’Ituri.

– « Inacceptable » –

Après le Sénégal et la Côte d’Ivoire, le Kenya a lui aussi imposé vendredi soir un couvre-feu sur son territoire, après avoir constaté des entorses « inacceptables », selon son ministre de la Santé Mutahi Kagwe, à ses consignes de sécurité sanitaire.

Vendredi, la police dû disperser à jets de gaz lacrymogènes et coups de bâton des habitants qui se pressaient pour prendre un ferry entre Mombasa à la côte sud du pays.

En Ouganda, la police a dit avoir ouvert le feu et gravement blessé deux personnes à moto qui, selon elles, avaient bravé une interdiction de se déplacer.

Le Covid-19 n’épargne pas les plus hauts responsables politiques du continent.

Le patron de la Commission de l’Union africaine (UA), le Tchadien Moussa Faki Mahamat a été placé en quarantaine après qu’un de ses collaborateurs a contracté la maladie, a-t-on appris vendredi dans son entourage.

Le gouvernement du Nigeria, le pays le plus peuplé du continent, ne compte qu’une cinquantaine de cas pour un mort mais il a dit redouter une « explosion » de l’infection parmi ses 190 millions d’habitants.

Les autorités de la mégapole de Lagos et de la capitale Abuja se sont contentées « d’inviter » la population à rester chez elle, conscientes des difficultés à faire respecter de strictes mesures de confinement.

Le président du Sénat Ahmad Ibrahim Lawan a appelé à « être inventif » pour soulager les plus pauvres. « Si nous confinons le Nigeria, ça va causer des troubles parce que la majorité de nos concitoyens ont besoin d’aller au marché tous les jours pour manger ».

burs-pa/stb

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