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A priori « pas de déconfinement » d’un coup, dit Philippe à l’Assemblée

Le déconfinement ne se fera probablement pas « en une fois, partout et pour tout le monde »: le Premier ministre a ouvert prudemment mercredi la mission d’information sur le coronavirus à l’Assemblée, face à une quarantaine de députés de tous bords par visioconférence.

« Nous ne savons pas tout », a dit le chef du gouvernement, ajoutant que l’exécutif devait prendre des décisions dans cette crise « sans précédent » avec des informations « parfois incomplètes et souvent contradictoires ».

Le titulaire du perchoir Richard Ferrand, président et rapporteur général de cette mission, a averti auparavant qu’il fallait veiller « à ne pas entraver l’action de l’exécutif en ne sur-mobilisant pas dans cette phase de crise les membres du gouvernement ainsi que tous les acteurs » mobilisés contre l’épidémie.

« Le temps des éventuelles remises en cause, légitimes, viendra, mais une fois le plus fort de la crise derrière nous », a ajouté M. Ferrand, face à Edouard Philippe et Olivier Véran dans une des salles du Palais Bourbon, et les autres membres de la mission par écran interposé.

« L’exercice est indispensable », a répondu le chef du gouvernement.

A Richard Ferrand qui l’interrogeait sur la sortie de crise, Edouard Philippe a répondu qu’il est « probable » que le « déconfinement » en France ne se fasse pas « en une fois et pour tout le monde ».

Manque de masques, de tests, pénurie de médicaments, mais aussi ajustement des mesures économiques et sociales, et encore reproches d’imprévoyance envers l’exécutif seront au menu des questions des parlementaires, en relais des interrogations des Français.

La mission aura rendez-vous chaque mercredi ou jeudi par visioconférence, avec dès la semaine prochaine audition de la garde des Sceaux et du ministre de l’Intérieur.

Ce n’est qu’au « retour à la normale » post-épidémie que cette mission se dotera des pouvoirs d’une commission d’enquête, pour mener notamment des investigations sur pièces et sur place. Son rapporteur général sera alors un député LR, ce qui « coupe court à tout débat sur un verrouillage », observe-t-on de source parlementaire LREM.

– Pas l' »inquisition » –

A ce stade, il s’agit de comprendre « comment les décisions se sont enchaînées », mais la mission et la commission d’enquête qui en découlera ne sont pas « un tribunal de l’inquisition », avait averti plus tôt Richard Ferrand.

Le patron des députés « marcheurs » Gilles Le Gendre plaide pour « union nationale » et « éthique collective », un pari qui « sera tenu » avec M. Ferrand à la barre, pronostique une source gouvernementale.

Les sénateurs LR prévoient également une commission d’enquête à la chambre haute, « quand le moment sera venu », selon leur chef de file Bruno Retailleau.

Majorité et oppositions de droite comme de gauche ont à coeur de continuer à « faire vivre la démocratie », en maintenant notamment les questions au gouvernement chaque mardi au Palais Bourbon et chaque mercredi au Palais du Luxembourg, en effectifs ultra réduits.

D’autant qu’en plein état d’urgence sanitaire, le Parlement a délégué une partie de ses prérogatives au gouvernement, tout en maintenant sa mission de contrôle.

Dès mi-mars, M. Ferrand avait mis sur la table cette mission d’information « sur l’impact, la gestion et les conséquences » du coronavirus, coupant l’herbe sous le pied des oppositions.

Et lorsque Damien Abad (LR) a ensuite annoncé son intention de créer à l’automne une commission d’enquête, l’élu du Finistère a répondu que c’était à l’Assemblée de se saisir du sujet « de manière pluraliste ».

« Nous ne serons pas dans les querelles idéologiques mais dans les questions concrètes », assure à l’AFP M. Abad, qui prévoit après le temps de la gestion de crise celui de la « relance économique » puis de « l’analyse politique ».

Pour leur part, les députés communistes, « pas conquis » par l’initiative de la majorité, continuent d’envisager de lancer leur propre commission d’enquête.

Pour les députés LFI, « la cohésion nationale n’est pas un chèque en blanc ». S’estimant dans son rôle en exprimant une « critique rationnelle », leur chef de file Jean-Luc Mélenchon a jugé mercredi « un peu excessif » le ton d’Emmanuel Macron à l’égard de l’opposition.

Alors que plusieurs plaintes sur la gestion de la crise ont été déposées en justice, le chef de l’Etat avait qualifié mardi « d’irresponsables » ceux qui « cherchent déjà à faire des procès alors que nous n’avons pas gagné la guerre ».

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