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Il y a 20 ans, le choc après un attentat meurtrier dans un McDonald’s en Bretagne

Il y a 20 ans, un attentat tuait une employée d’un McDonald’s de Quévert (Côtes-d’Armor), stupéfiant la Bretagne. Alors que la piste des indépendantistes bretons a été privilégiée, le dossier garde une part de mystère: l’attentat n’a jamais été revendiqué et personne n’a été condamné.

Le 19 avril 2000, dans la zone commerciale de Quévert, près de Dinan, une explosion a lieu vers 10H00 au McDonald’s, symbole pour certains de la « malbouffe » et de la mondialisation, un an après le démontage d’un « McDo » à Millau. Laurence Turbec, une Bretonne de 27 ans, jeune cheffe d’équipe, a poussé la porte de service, entraînant l’explosion d’une bombe. Des clients, situés à l’intérieur, et d’autres employés, dont sa soeur, sont indemnes.

En Bretagne et dans le reste du pays, l’onde de choc est énorme. Si de nombreux attentats ont déjà été perpétrés par l’Armée révolutionnaire bretonne (ARB), aucun n’avait été mortel, si l’on excepte le décès de deux jeunes artificiers lors d’actions en 1976 et 1985.

Le président Jacques Chirac dit aussitôt espérer « que la police et la justice pourront dans les meilleurs délais démasquer et juger les auteurs de ce acte odieux ».

Très vite, les regards se tournent vers le mouvement indépendantiste breton. En effet, le même jour, un colis piégé a été désamorcé devant un bureau de poste à Rennes, contenant des explosifs provenant d’un stock volé à Plévin (Côtes-d’Armor) et déjà utilisé par l’ARB. En outre, un attentat visant également un McDonald’s avait fait des dégâts matériels quelques jours auparavant à Pornic (Loire-Atlantique), avec le même lot d’explosifs et revendiqué par l’ARB…

Un mois après l’attentat, près de 2.000 personnes se réunissent devant le Parlement à Rennes avec comme mot d’ordre « La Bretagne, c’est la vie ». L’enquête conduit à la mise en examen de plusieurs militants de l’organisation indépendantiste Emgann (« combat » en breton), considérée par les enquêteurs comme la vitrine légale de l’ARB, qui sont écroués.

Mais après l’indignation suscitée par l’attentat, de nombreux Bretons sont ensuite choqués par la durée de la détention provisoire, jusqu’à plus de quatre ans pour certains…

Et quand le procès de onze indépendantistes débute enfin, le 1er mars 2004, devant la cour d’assises spéciales de Paris, il regroupe l’ensemble des procédures concernant des attentats revendiqués ou attribués par l’ARB depuis 1993, soit une quarantaine.

– « Amateurisme » –

Lors des débats, plusieurs témoins évoquent « l’amateurisme » du groupuscule, à l’instar du directeur du SRPJ de Rennes Frédéric Ejarque: « Ça faisait pas mal de temps que l’on se disait que ça allait mal tourner. Le terrorisme basque est professionnel, structuré, militaire, comme l’était l’IRA alors que le terrorisme breton est presque épidermique ».

Finalement, les magistrats professionnels condamnent sept personnes pour une série d’attentats et en acquittent quatre, mais aucun n’est condamné pour celui de Quévert… Sur cet attentat, « on manquait dramatiquement de preuves. Dans le doute, les juges ont pris la position la meilleure en acquittant », estime Me Vincent Omez, l’un des avocats des accusés. Le second procès, en 2008, tournera court, l’appel du ministère public ayant été jugé irrecevable.

Vingt ans après les faits, il reste « une part de mystère, l’attentat n’a jamais été revendiqué: c’est peut-être aussi un manque de courage d’assumer ses actes », avance le journaliste Erwan Chartier, auteur du « dossier FLB, plongée chez les clandestins bretons ».

« Cet attentat a mis un terme à toute revendication par l’action directe, il faut dire qu’il y a eu aussi le 11 septembre 2001. La Corse, l’Irlande le Pays basque ont arrêté, on est passé à d’autres registres », ajoute-t-il en référence au FLNC, à l’IRA et à l’ETA.

L’affaire de Quévert a-t-elle mis un coup de frein politique au mouvement autonomiste? « La Bretagne avait été particulièrement choquée par cet acte qui ne pouvait être justifié pour une quelconque revendication. Mais il n’y a pas eu d’amalgame chez les Bretons, pour preuve l’Union démocratique bretonne (autonomiste) a eu ses premiers élus au conseil régional en 2004 », note Christian Guyonvarc’h, ex-conseiller régional UDB.

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