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le foot à l’arrêt, ses fournisseurs aussi

Equipementiers, agences de sécurité ou encore éditeurs de logiciels d’analyse de matches… De nombreux prestataires des clubs de football sont frappés de plein fouet par l’arrêt des compétitions et les difficultés du secteur. De nombreux emplois sont menacés, tout un écosystème en péril.

« Notre secteur d’activité pèse plusieurs milliards d’euros dans l’économie française, c’est autant de prestataires qui vont être en difficulté car on ne va plus faire appel à eux », pointait récemment le président du Stade rennais Nicolas Holveck, évoquant les quelque 140 prestataires travaillant pour son club.

L’arrêt définitif de la saison des championnats professionnels, déjà prononcé en France et aux Pays-Bas, obscurcit l’avenir de ces fournisseurs, dont la survie est souvent liée à celle des clubs, moteurs de l’économie locale. Selon la Ligue de football professionnel (LFP), 30.000 emplois indirects sont concernés par la « filière football » en France.

« Mon activité est réduite à zéro », constate Eric Gilliot, PDG d’Agora Protection et Sécurité, qui sécurise de nombreux matches à Reims, Lens, Lille et même au PSG. « Je travaille avec 4 à 600 vacataires pour qui les matches sont des compléments de salaire réguliers. Pour certains, c’est un gros manque à gagner », poursuit le dirigeant, chiffrant à 700 ou 800 euros mensuels la perte moyenne de revenus pour ces employés.

De plus, pour ce secteur de la sécurité événementielle, l’avenir est incertain, entre huis clos généralisés et enjeux sanitaires. « Notre outil de production, c’est l’humain. Par rapport au contexte sanitaire, l’humain ne sera-t-il pas réticent à reprendre ? » s’interroge M. Gilliot.

– « Dans le flou » –

Chez les fabricants d’équipement sportif, le doute règne aussi. « On devait équiper 17 stades marocains en abris de touche, on se retrouve avec la moitié sur les bras. On ne sait pas comment ça va se terminer », confirme Jean-Claude Behr, patron de Metaluplast, fournisseur notamment de la dernière Coupe du monde et dont le chiffre d’affaire a diminué de 95 % depuis le début du confinement.

« Je suis complètement dans le flou. Un club pro, ça a constamment des projets pour refaire des terrains d’entraînement, en construire de nouveaux. Et à un moment, il faudra bien combler le trou (budgétaire). Il y aura soit des coupes, soit des reports », prédit ce chef d’entreprise.

Pour ces grands équipementiers, l’autre inconnue majeure concerne le monde amateur et ses milliers d’installations gérées par les collectivités territoriales.

« Tout est fermé. On ne peut même pas aller travailler sur place en pose de matériel. Est-ce que notre activité va redémarrer avec le déconfinement ? » s’interroge Laurent Martinez, directeur général de Marty Sports, entreprise qui équipe notamment le Stade de France.

Partout en Europe, les stades sont à l’arrêt, gelant du même coup leur écosystème.

Au FC Barcelone, le mythique Camp Nou, qui dispose d’une pelouse hybride, a lui la chance de bénéficier de 80% des services habituels qui lui sont conférés, l’entretien de la pelouse étant « particulièrement sensible », selon le Barça.

– « Catastrophe » –

Mais ce n’est pas le cas de toutes les enceintes. En Angleterre par exemple, le journal The Guardian a révélé que des milliers d’employés à temps partiel de la société Delaware North, qui fournit des services dans les plus grands stades du pays, avaient vu leur salaire disparaître depuis la suspension de la Premier League.

Et en Allemagne, la Löwen-Sicherheit, société qui s’occupe notamment de la sécurité des matches du RB Leipzig, a expliqué au quotidien Neues Deutschland avoir dû licencier 250 personnes…

« Cela va être une catastrophe pour le secteur, avec des répercussions au premier, deuxième et troisième rang de la chaîne, jusqu’aux fournisseurs des fournisseurs », estime Virgile Caillet, président de l’Union Sport et Cycle. « Derrière la crise économique, il y a une crise sociale. »

La dégringolade guette aussi des branches moins exposées du secteur. Mikael Rousson, le co-fondateur de Signality, une jeune start-up sous contrat avec la Ligue de football suédoise pour un service d’analyse de données basée sur les vidéos des matches, est inquiet pour le développement de son projet.

« Notre objectif, c’était d’aller sur d’autres marchés, d’autres ligues en Europe. Là, on est impactés parce que les autres ligues sont arrêtées », estime-t-il. « Pour avoir leur attention, ça risque d’être plus difficile. »

Et cela met en péril tout le modèle économique de ces entreprises, souvent basées sur la confiance d’investisseurs. « Il est possible que dans 12 à 18 mois nous n’ayons pas assez montré de bonnes choses au niveau commercial pour convaincre », conclut M. Rousson.

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