« J’ai mûrement réfléchi », « je suis pleinement engagée, déterminée »: dix semaines après un premier tour qu’elle avait qualifié de « mascarade », Agnès Buzyn a mis fin au suspense mardi en annonçant qu’elle restait bien la candidate de LREM aux municipales à Paris.
« Je suis pleinement engagée, déterminée à terminer cette campagne. On y va ! », a lancé l’ex-ministre de la Santé aux têtes de liste des arrondissements, et son équipe de campagne, réunis en visio-conférence depuis 13H30, a appris l’AFP auprès de participants.
Une mise au clair appréciée à un mois du second tour le 28 juin, alors que des doutes persistaient ces derniers jours, face au silence de la candidate et après le report à la dernière minute de plusieurs réunions prévues mardi matin.
« J’ai mûrement réfléchi à la manière dont je pouvais mener cette campagne dans des circonstances exceptionnelles, politiques et personnelles », a expliqué la candidate de LREM, assurant avoir « beaucoup travaillé sur le dispositif pour nous permettre d’y aller la tête haute, tenir, trouver les ressources en (elle) ».
Une précédente réunion, la semaine dernière, avait déconcerté les colistiers. Mme Buzyn, qui a repris du service à l’hôpital pendant la crise du coronavirus, avait alors « dit à tout le monde que chacun pouvait faire sa campagne dans son arrondissement et qu’elle comprenait si certains ne voulaient pas mettre sa photo sur les affiches », selon plusieurs participants.
A la fin, « je ne savais pas si elle était candidate », a résumé, désarçonnée, une participante auprès de l’AFP. « Je croirai qu’elle est candidate quand j’aurai une dépêche avec une citation d’Agnès Buzyn dans laquelle, elle dit qu’elle est candidate », a souligné un autre colistier.
« Oui elle a hésité », a admis mardi Gaspard Gantzer, tête de liste LREM dans le VIe arrondissement, « mais maintenant je la sens extrêmement déterminée ».
Ces derniers jours, plusieurs ont douté publiquement du maintien de la candidature Buzyn, à l’instar du dissident congédié de LREM Cédric Villani, qui s’est dit « ouvert à la discussion » avec son ancien parti.
Mardi, des proches du mathématicien médaillé Fields espéraient entamer des discussions avec l’équipe de Mme Buzyn en vue d’alliance de second tour.
Face aux incertitudes, certains candidats sont toutefois tentés de quitter le navire: dans le Ve arrondissement, Florence Berthout, qui s’était ralliée à l’ancien candidat Benjamin Griveaux -qui s’était retiré en février après la divulgation d’une vidéo intime-, envisage désormais de s’allier à son ancienne famille politique, Les Républicains, ont rapporté plusieurs élus.
La barre paraît plus haute que jamais dans la capitale pour LREM, qui avait pourtant placé en tête le candidat Macron en 2017, puis sa liste aux Européennes de mai 2019.
Mme Buzyn, arrivée troisième du premier tour le 15 mars avec 17,3% des voix, loin derrière la maire PS sortante, Anne Hidalgo (29,3%) et la candidate LR Rachida Dati (22,7%), manque en outre d’une dynamique dans les arrondissements qui comptent le plus, sans compter son absence d’alliances possibles a priori.
– « Elle s’accroche » –
Les propos d’Agnès Buzyn elle-même après le premier tour ont affaibli sa candidature.
Le 17 mars, elle avait provoqué un tollé en qualifiant dans Le Monde le scrutin de « mascarade », face au « tsunami » de l’épidémie qui s’annonçait. Mme Buzyn avait aussi affirmé avoir alerté le président Emmanuel Macron sur le danger du nouveau coronavirus dès le 11 janvier, puis avoir plaidé en mars pour le report du scrutin.
« J’aurai l’occasion de m’expliquer », a assuré Mme Buzyn mardi, comptant notamment sur « les commissions d’enquête » pour lui permettre de s’expliquer.
La candidate doit, peut-être dès juin, être entendue en tant qu’ancienne ministre de la Santé par les commissions d’enquête que le Sénat et l’Assemblée nationale prévoient de lancer sur la gestion de l’épidémie de Covid-19.
« Nous sommes déterminés à porter ensemble un projet pour Paris », avait tenté de convaincre lundi sur Europe 1 le patron de LREM, Stanislas Guerini, tandis que d’autres voix, sous couvert de l’anonymat, confient qu’un candidat de remplacement a été cherché en vain.
Selon des projections, le parti de la majorité présidentielle « pourrait n’obtenir que dix sièges de conseillers de Paris sur 163 », s’alarme une alliée.
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