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l’ombre d’un échec plane sur le sommet

Les Européens redoutaient dimanche de voir les négociations sur un plan de relance post-coronavirus massif s’achever sur un échec, au troisième jour d’un sommet européen laborieux à Bruxelles.

La reprise du sommet, d’abord prévue à midi dimanche, a été reportée à un horaire inconnu pour laisser place à de multiples rencontres entre groupes de dirigeants, sous différents formats. « Pas avant 17H30 (15H30 GMT) », selon un porte-parole du Conseil européen.

« A ce stade, il ne s’agit plus d’évaluer l’une ou l’autre +négobox+ (proposition chiffrée qui sert de base de négociation, ndlr) mais de clarifier s’il est réellement possible de parvenir à un accord », s’est lamentée une source diplomatique espagnole.

« Tout le monde sait quels sont les obstacles et maintenant ils (les dirigeants, ndlr) essaient de savoir si un tel accord est possible », a-t-elle résumé.

Pour une autre source diplomatique européenne, les chances de trouver un accord n’étaient « pas fameuses ».

« J’ai rarement vu en 7 ans (depuis qu’il est Premier ministre, ndlr) des positions aussi diamétralement opposées, sur beaucoup de points », a observé le Luxembourgeois Xavier Bettel.

Selon lui, trois points principaux sont « à clarifier »: le volume du fonds de relance, la façon d’administrer les fonds, et la corrélation avec le respect de l’Etat de droit.

Et l’unanimité nécessaire des 27 Etats membres rend un compromis particulièrement difficile.

La chancelière allemande Angela Merkel avait ouvert la journée en prévenant qu’il était « possible qu’aucun résultat ne soit obtenu » dimanche.

Le président français Emmanuel Macron, qui défend ce plan à ses côtés, a lui averti que les « compromis » ne pouvaient pas se faire « au prix de l’ambition européenne ».

Mme Merkel et M. Macron ont retrouvé dès le début de matinée le président du Conseil européen, Charles Michel, chef d’orchestre du sommet, pour décider de la marche à suivre, après 48 heures de discussions qui n’ont pas permis de faire plier les Pays-Bas et leurs alliés « frugaux » (Danemark, Suède et Autriche, ainsi que la Finlande), très réservés sur ce projet.

Ces cinq pays se sont également retrouvés de leur côté, avant de rencontrer les pays du sud, l’Italien Giuseppe Conte, l’Espagnol Pedro Sanchez et le grec Kyriakos Mitsotakis.

« La négociation se poursuit. D’une part la grande majorité des pays – dont les plus grands Allemagne, France, Espagne, Italie – qui défendent les institutions européennes et le projet européen et de l’autre quelques pays, dits +frugaux+ », a critiqué l’Italien sur Twitter.

– Equilibre entre prêts et subventions –

Le deuxième jour de discussion, sous haute tension, s’était achevé dans la nuit de samedi à dimanche sur une réunion « très dure », selon plusieurs sources, entre le président français, la chancelière allemande et les dirigeants des quatre « frugaux » et de la Finlande.

Sur la table des négociations, un fonds constitué par une capacité d’emprunt de 750 milliards d’euros pour relancer l’économie européenne, qui affronte une récession historique, adossé au budget à long terme de l’UE (2021-2027) de 1.074 milliards d’euros.

M. Michel tentait de « tester » une nouvelle proposition chiffrée dimanche avant de rouvrir la séance plénière.

Une option est de modifier la répartition entre prêts et subventions en augmentant la part des premiers à 300 milliards (contre 250 dans la proposition initiale) sans réduire la part des subventions directement destinées aux Etats pour soutenir leurs plans de relance.

France et Allemagne ont indiqué ne pas vouloir descendre sous la barre de 400 milliards pour la partie subventions.

Les « frugaux » préfèrent nettement les prêts, que chaque Etat doit personnellement rembourser, aux subventions.

– « Questions fondamentales » –

Charles Michel a aussi proposé un mécanisme permettant à un pays qui aurait des réserves sur les réformes présentées par un autre Etat, en contrepartie des aides, d’ouvrir un débat à 27, en réponse à M. Rutte, qui réclame l’unanimité pour valider les plans nationaux.

Une telle configuration équivaudrait de facto à un droit de veto pour chaque capitale.

Cette demande inquiète Rome et Madrid, qui craignent d’être soumis à un programme de réformes (marché du travail, retraites…) imposé.

Autre sujet délicat: le lien entre le versement des aides et le respect de l’Etat de droit, qui hérisse Budapest et Varsovie, actuellement dans le collimateur de l’UE.

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a accusé dimanche son homologue néerlandais, là aussi très impliqué sur le dossier, de vouloir le « punir financièrement » et de le « détester ».

Selon M. Orban la création d’un tel mécanisme, s’il est légalement possible, exigerait « des semaines de négociations ».

« Si le sommet échoue, ce sera pour deux raisons: l’opposition persistante de M. Conte (au mécanisme sur) l’unanimité réclamée par M. Rutte, et l’insistance de (la Première ministre finlandaise Sanna) Marin et de M. Rutte sur l’État de droit », estimait de son côté un diplomate européen.

clp-dc-csg-jri-zap-mla/csg/mc

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