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Que savons-nous des traitements de Trump contre la COVID-19?

Pendant son court séjour à l’hôpital, le président Trump a reçu les traitements expérimentaux considérés comme les plus prometteurs pour soigner les personnes atteintes de la COVID-19. Voici comment ces traitements exercent leurs potentiels effets bénéfiques.

Le remdésivir, d’abord, est un médicament antiviral qui a été autorisé par Santé Canada à la fin du mois de juillet pour traiter les cas graves de COVID-19. Ce médicament inhibe l’ARN polymérase, soit l’enzyme qui permet au coronavirus de répliquer son ARN et de produire ainsi de nouvelles particules virales qui iront infecter d’autres cellules. Le remdésivir réduit donc la production de nouveaux virus.

Ce médicament « semble avoir un effet modéré uniquement chez les personnes qui sont modérément affectées par leur infection », c’est-à-dire qui souffrent d’une pneumonie et qui ont besoin d’un supplément d’oxygène, précise le Dr Don Vinh, microbiologiste et infectiologue au Centre universitaire de santé McGill (CUSM) et conseiller scientifique au sein du Groupe de travail sur les thérapeutiques de la COVID-19, qui conseille le gouvernement du Canada sur les traitements à approuver au pays.

Les études ont montré que « ce médicament réduisait de 24 à 36 heures la durée d’hospitalisation, il ne fait donc pas de miracles. Même si le bénéfice qu’il procure n’est pas négligeable,  disons que son effet est semblable à celui des médicaments contre la grippe », résume le Dr Vinh.

Dexaméthasone

La dexaméthasone appartient quant à elle à la famille des stéroïdes, qui comprend également l’hydrocortisone. Ce médicament, qui est utilisé depuis longtemps pour traiter d’autres problèmes de santé, comme l’arthrite et la maladie de Crohn, permet de diminuer l’inflammation. « Quand l’état d’un patient infecté par le SRAS-CoV-2 continue de se détériorer, passant d’une forme modérée à grave, le système immunitaire s’emballe et cause beaucoup d’inflammation, surtout dans les poumons, laquelle entraîne une insuffisance respiratoire susceptible d’empirer », explique le spécialiste.

« L’inflammation débute aussitôt qu’on est infecté ; normalement, elle ne devrait pas nuire, mais seulement éliminer le microbe. Si le système échoue à éliminer le microbe, il continue de déployer des efforts en vain, en recrutant toujours plus de renforts pour essayer de combattre le virus. Or, ces renforts peuvent s’avérer dangereux pour le corps », précise-t-il.

Des études ont indiqué que ce médicament « réduit de façon impressionnante les taux de mortalité chez les patients gravement malades qui requièrent des suppléments d’oxygène ou une ventilation mécanique ». Toutefois, il pourrait s’avérer nocif si on l’administre au tout début de l’infection à des personnes asymptomatiques ou présentant des symptômes légers qui auraient pu contrôler le virus naturellement.

« L’administrer trop tôt pourrait supprimer la réponse immunitaire initiale et permettre au virus de se propager plus rapidement qu’il ne l’aurait fait sans cette médication. Car la dexaméthasone, ainsi que tous les autres stéroïdes, agit comme un bazooka contre le système immunitaire », souligne-t-il. « Si [comme cela a été annoncé] on a administré ce médicament au président Trump, cela laisse penser que les médecins étaient inquiets de son état. »

Contrairement au remdésivir, qui vise une cible très spécifique, ladexaméthasone, dont de hautes doses sont nécessaires pour soigner la COVID-19, a une panoplie d’effets sur les réponses innée et adaptative du système immunitaire. « Il agit comme une couverture que l’on mettrait sur un feu pour l’éteindre. Il éteint tout sans distinction », résume le Dr Vinh.

Anticorps monoclonaux

Le patron de la Maison-Blanche a aussi reçu un cocktail d’anticorps monoclonaux, soit des anticorps fabriqués de telle sorte qu’ils visent une région très spécifique du virus, afin que son état n’évolue pas vers une forme grave. Plusieurs compagnies développent des anticorps monoclonaux particuliers, ou un cocktail de plusieurs (généralement deux ou trois) types d’anticorps monoclonaux différents dans le but d’atteindre plus efficacement le virus au cas où certaines parties du virus auraient muté et lui permettraient d’échapper à un des anticorps monoclonaux du mélange.

Certains anticorps monoclonaux sont développés pour prévenir l’infection, d’autres le sont pour les phases modérée et grave de la maladie, d’autres encore le sont pour le tout début de l’infection quand les personnes déclarées positives n’ont pas encore de symptômes.

« Le rôle des anticorps consiste à diminuer la charge virale avant qu’elle ne devienne un fardeau trop difficile à combattre pour le corps. L’administration de ces anticorps artificiels risque-t-elle de nuire à la production d’anticorps naturels ? Il est trop tôt pour le savoir », explique le Dr Vinh.

Le plasma de convalescent qui provient d’une personne qui a été infectée et qui a récupéré est quant à lui polyclonal, dans le sens où il contient plusieurs espèces d’anticorps différents, dont chacun vise une cible différente sur le virus. Une étude est en cours au Canada pour étudier son efficacité. Dans les autres pays du monde où il a été expérimenté, il a semblé présenter une certaine efficacité.

Donald Trump a également absorbé du zinc, parmi la panoplie de traitements qu’on lui a administrés. Or, « il n’y a pas de données scientifiques robustes prouvant que le zinc aurait un effet antiviral et anti-inflammatoire », souligne le Dr Vinh.

Anticoagulants

Pendant la première vague, on a remarqué que certaines personnes étaient à risque de former des thromboses veineuses ou artérielles dans les jambes, dans les poumons ou dans le cerveau. Ce risque est probablement d’origine génétique. « Des études en cours tentent de vérifier si l’anticoagulant héparine peut diminuer ce risque. Ce n’est toutefois pas un traitement bénin puisqu’il peut entraîner des saignements », explique le spécialiste de la COVID-19.

Interféron

Trois petites études préliminaires semblent démontrer que l’administration d’interféron au tout début de l’infection pourrait apporter un bénéfice. D’autres études de plus grande envergure s’apprêtent à le confirmer chez les personnes plus vulnérables à la maladie, comme les personnes âgées.

« Nous croyons que les personnes à haut risque, telles que les personnes âgées, sont moins capables d’éliminer le virus au début de l’infection, ce qui permet à ce dernier non seulement de se répliquer, mais aussi de progresser dans les poumons, où il causera une pneumonie. C’est pourquoi on envisage de donner de l’interféron pour stimuler le système immunitaire au tout début, avant qu’une personne à risque développe des symptômes, afin qu’elle élimine le virus dès cette étape. Ce médicament, qui est une cytokine, ne doit surtout pas être donné durant la phase grave de la maladie lors de laquelle l’inflammation est telle qu’elle engendre une insuffisance respiratoire, parce que l’interféron favorise justement l’inflammation qui est nécessaire au début de l’infection, mais pas lorsque la maladie progresse.

Plusieurs classes d’antiviraux et d’immunomodulateurs qui sont actuellement en développement ou en expérimentation chez l’humain pourraient venir enrichir l’arsenal thérapeutique contre la COVID-19, dont sont définitivement exclusl’hydroxychloroquine et l’antiviral lopinavir-ritonavir. Car, selon toutes les études effectuées à ce jour, ces deux médicaments ne procurent aucun bénéfice contre la COVID-19.

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