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les politiques face au défi du « complotisme »

« J’ai même emmené des gens voir des cercueils pour qu’ils comprennent », raconte le député Olivier Becht. Face à la pandémie de Covid-19, des responsables politiques s’inquiètent du scepticisme voire du « complotisme » autour de la maladie, à l’image du controversé documentaire « Hold-Up ».

Jeudi, une série d’élus de la majorité sont montés au créneau sur les réseaux sociaux pour fustiger la « propagande complotiste » de ce film de 2H40, sorti officiellement sur internet la veille, et dont l’affiche a même été relayée par l’actrice Sophie Marceau.

Financé par des cagnottes en ligne, ce documentaire rassemble une galaxie de sceptiques et d’experts en tout genre attaquant les mesures prises contre la crise du Covid-19, jusqu’à l’explication finale d’un complot mondial dont la pandémie serait l’objet.

Dans une tribune sur le site FranceSoir, régulier relais des positions controversées concernant la pandémie, le producteur du documentaire, Christophe Cossé, décrit un « virus pas plus offensif qu’un autre Covid saisonnier » et s’élève contre une « incroyable et phénoménale entreprise de manipulation globale ».

Le film concentre « toutes les recettes internationales du complotisme. Le truc est léché. Ils ont réussi à faire venir énormément d’intervenants, en utilisant les meilleures recettes US », dénonce l’ancien secrétaire d’Etat au numérique et député LREM Mounir Mahjoubi, au moment où les théories conspirationnistes de la mouvance pro-Trump QAnon font beaucoup parler d’elles aux Etats-Unis.

Le documentaire a été évoqué au sein du mouvement présidentiel mercredi soir, avec des avis divergents sur l’attention à lui accorder.

« Le risque quand on en parle, c’est d’en faire la pub », mais « quand un seuil d’audience est dépassé, là à mon avis, il faut dire stop », estime la présidente déléguée des députés LREM Coralie Dubost.

Les « infox », « ce n’est plus de l’écume, c’est en train de devenir une vague », redoute-t-elle, en préconisant ponctuellement des « messages communs » des différents partis politiques « pour que les gens puissent avoir des repères et ne pas douter ».

La députée n’ambitionne « pas de s’adresser aux complotistes convaincus », c’est « trop tard », mais à ceux qui sont « dans le doute », à qui on peut dire « on en reparle » et qui « écoutent ».

Le documentaire « Hold-Up » est « un millefeuille argumentatif », qui essaie de convaincre avec un « effet de masse » d’arguments, analyse le spécialiste du numérique Tristan Mendès France. Le « problème » à ses yeux, c’est que le « contre-poison » du « fact-checking adviendra après la vague virale » du documentaire en ligne et « le mal sera fait ».

– « acteurs d’Hollywood » –

Chez LR, Philippe Gosselin explique recevoir quotidiennement des messages « un peu complotistes, notamment contre le port du masque. Ça reste relativement peu de monde, mais ce n’est pas négligeable. Ce matin, c’était un méli-mélo qui parlait des masques et de la contestation de l’élection de Joe Biden ».

« On essaye d’engager le dialogue. La réponse ne satisfait pas les gens, mais ils sont sensibles au fait d’avoir pu dire ce qu’ils avaient sur le coeur », témoigne-t-il.

Le président du groupe Agir Ensemble Olivier Becht, allié de la majorité, a déjà reçu de « multiples messages autour du film Hold-Up », de « gens qui sont dans un véritable déni de réalité ».

Lors de la « première vague », qui avait durement touché son territoire du Haut-Rhin, l’élu alsacien se souvient « de gens d’un bon niveau intellectuel, un prof de lycée par exemple, qui me disaient que tout ça était inventé et que les gens à l’hôpital de campagne de Colmar étaient des acteurs d’Hollywood ».

« Il faut de la pédagogie et que les gens puissent voir. C’est très compliqué à mettre en œuvre. Cela pose la question de la décrédibilisation de la parole des responsables politiques et des médias », insiste-t-il.

Dans « Hold-Up », les médias sont ainsi vigoureusement pointés du doigt. Interrogée par l’AFP, l’une des intervenantes du film, la députée ex-LREM Martine Wonner (groupe Libertés et Territoires) critique une « pensée unique » sur le Covid: « Moi, je ne parle pas du tout de manipulation mais du manque d’informations équilibrées », juge-t-elle.

Cette élue alsacienne, psychiatre de profession, a créé la polémique ces dernières semaines en estimant que le port du masque « ne sert strictement à rien » ou en demandant la différence entre Covid et « énorme grippe ».

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