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démission du président par intérim Manuel Merino

Poussé à la démission par la rue et la classe politique, le président par intérim du Pérou, Manuel Merino, a annoncé dimanche sa démission, cinq jours après son accession contestée à la présidence du pays.

« Je veux faire entendre à tout le pays que je présente ma démission », a déclaré Manuel Merino lors d’une allocution télévisée, au lendemain de la violente répression des manifestants exigeant son départ, qui a fait au moins trois morts et une centaine de blessés.

Des scènes de liesse ont aussitôt eu lieu dans les rues de la capitale.

Le Parlement doit désormais nommer un nouveau président parmi ses membres, le troisième en moins d’une semaine après la destitution par cette même assemblée de Martin Vizcarra, populaire président mis en défaut par une procédure expéditive qui témoigne de la fragilité des institutions péruviennes.

Une session plénière a été convoquée à 16h00 locales (21h GMT) pour désigner un nouveau président qui pourrait être issu du parti centriste Morado, le seul qui s’est opposé à la destitution de M. Vizcarra

M. Merino a indiqué que pour éviter un « vide du pouvoir », les 18 ministres qu’il avait nommés jeudi resteraient temporairement à leur poste, bien que la majorité d’entre eux aient démissionné après la répression des manifestations samedi.

Au moins trois personnes ont été tuées à Lima lors d’une nouvelle journée de manifestations réprimées par la police. Les manifestants, pour la plupart des jeunes, exigeaient la démission de M. Merino, rejetant ce qu’ils considèrent comme un coup d’Etat parlementaire.

Le Parlement avait voté lundi la destitution du très populaire président Martin Vizcarra, accusé de corruption, et son remplacement par M. Merino, jusque-là à la tête du Parlement et qui avait alors nommé un conservateur au poste de Premier ministre.

Après une nuit entière d’affrontements dans la capitale, les dirigeants des neuf groupes parlementaires avaient entamé une réunion d’urgence à huis clos peu avant 9H00 locales (14H00 GMT), à l’initiative du nouveau chef du Parlement Luis Valdez, jugeant « insoutenable » la situation politique du Pérou.

« Nous avons convenu d’exhorter le président de la République, Manuel Merino, à présenter sa démission de la présidence du Pérou », avait annoncé M. Valdez peu avant l’allocution télévisée de M. Merino, menaçant d’engager des procédures de destitution s’il ne quittait pas le pouvoir.

Les appels à la démission s’étaient multipliés face à la situation explosive que connaissait le pays avec des manifestations dans plusieurs villes et des milliers de personnes rassemblées dans la capitale.

Le maire de Lima, Jorge Muñoz, qui appartient au même parti Action Populaire que M. Merino, a lui aussi exigé sa démission.

Dix des 18 ministres du cabinet constitué par M. Merino avaient eux démissionné dès samedi soir.

– « Le Pérou s’est réveillé » –

La nomination à la présidence de M. Merino, un ingénieur agronome de centre droit de 59 ans, a entraîné depuis mardi des manifestations à travers tout le pays.

La plus grande marche a réuni samedi à Lima des milliers de personnes qui ont convergé vers la place San Martin. La police a de nouveau fait usage de gaz lacrymogène, lancé y compris par hélicoptères, pour disperser des manifestants qui ont tenté de forcer les barrages policiers en direction du Parlement.

Parmi eux, des pancartes proclamaient: « Merino, tu n’es pas mon président », « Merino imposteur », « Le Pérou s’est réveillé ».

Le décès d’un manifestant de 25 ans a été annoncé par Alberto Huerta, fonctionnaire du bureau du Défenseur du peuple, entité publique chargée de veiller au respect des droits de l’Homme au Pérou.

Le corps a été amené à l’hôpital Almenara, a-t-il précisé, ajoutant que « la victime avait des blessures par plomb de chasse au visage et au cuir chevelu, selon le médecin ».

Selon le ministère de la Santé, au moins 63 manifestants ont en outre été blessés. Le Défenseur du peuple a dénoncé un usage indiscriminé de la force par la police.

Un peu plus tard, l’archevêque de Lima, Carlos Castillo, a condamné la répression policière en annonçant à la télévision publique qu’il venait d’apprendre qu’il y avait « un troisième mort ».

Le président de la Conférence épiscopale a de son côté exhorté le gouvernement à dialoguer et à respecter le droit à manifester.

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