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l’accusé met en cause un de ses « amis imaginaires »

« Je reconnais les faits. Mais nous n’imaginions pas les conséquences ». Dès le premier jour de son procès devant la cour d’assises de Paris, Thibaud Garagnon, 24 ans, a confirmé avoir volontairement mis le feu en 2015 à l’immeuble du 4 de la rue Myrha, dans le quartier parisien de la Goutte d’Or.

Ce sinistre, l’un des incendies criminels les plus meurtriers de ces dernières années dans la capitale, avait fait huit morts, dont deux enfants âgés de 8 et 14 ans.

Les cheveux bruns attachés en queue de cheval, revêtu d’un t-shirt gris foncé à manches longues avec l’effigie de « Fluttershy », un personnage de la série pour enfants « My Little Pony », l’accusé a fait son entrée dans le box en se déplaçant avec une béquille. « Nous ne pensions pas tuer des gens », insiste-t-il à l’adresse de a cour et des jurés.

Dans le public, une voix retentit aussitôt. « Arrête de mentir ! » La présidente Emmanuelle Bessone interrompt aussitôt le cri intempestif et revient vers Thibaud Garagnon, perplexe. « Vous dites +je reconnais les faits+ puis vous passez au +Nous+… C’est +Je+ ou +Nous+ ? », interroge-t-elle.

Le jeune homme, en suivi psychiatrique depuis son incarcération un an après les faits, explique qu’il a mis le feu à l’immeuble sous l’emprise d’un de ses « amis imaginaires », un personnage « très violent » qu’il appelle « Superbia ». « Il fait partie de ma personnalité », soutient-il.

Au cours de ses différends interrogatoires, le jeune homme a parlé aux enquêteurs de plusieurs de ces « amis imaginaires » comme « Baby Fox », « Thibaud/Fox », « la douce et timide » ou « Light », à qui il fait appel quand il a besoin de réconfort.

« Je ne souhaitais pas la mort des personnes qui sont mortes », répète-t-il devant la cour, « je prie tous les soirs pour les familles et les victimes ».

– « Personnalité complexe » –

La présidente Bessone ne semble pas totalement convaincue. Pendant l’instruction, rappelle-t-elle, « il n’a pas été toujours question de ces différentes personnalités. Au début, vous n’en parliez jamais ».

« Je ne voulais pas parler de mes personnalités car je craignais que ça fasse mauvais effet », répond le jeune homme.

Les experts psychologiques et psychiatriques qui seront appelés à la barre la semaine prochaine ont écarté « toute abolition ou altération du discernement au moment des faits », précise aussitôt la présidente. Autrement dit, Thibaud Garagnon serait bien totalement responsable de ses actes.

Dans son box, l’accusé ne dit rien. En prison, il cultive son côté immature. Outre son t-shirt « My Little Pony », il possède en détention des tétines, des biberons et des peluches.

Interrogé par la presse en dehors de la cour d’assises, Laurent Thieffry, un des avocats de l’accusé, a reconnu « la personnalité complexe » de son client. Il y a « un dédoublement de personnalité avéré ou hypothétique », a avancé Me Thieffry, qui parle aussi « de difficultés psychologiques majeures ».

« Il ne souhaitait pas les conséquences de ses agissements. Il n’avait aucune conscience des dangers qu’il faisait courir aux autres », soutient l’avocat.

« Quand j’entends qu’il dit +nous+, ça me choque et ça m’énerve parce que jusqu’à présent, il ne veut pas dire la vérité », s’est agacé Alassane Tandian, un des parents de quatre des huit victimes de l’incendie, interrogé à la sortie de la cour.

« Personne ne l’a poussé à faire ça. Il dit qu’il a honte mais il n’a pas honte », a poursuivi M. Tandian. « Il ne dit pas la vérité, mais ce n’est pas une personne qui est malade. Il sait très bien ce qu’il fait, ce qu’il dit ».

Le procès est prévu jusqu’au 11 décembre.

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