in

au lycée, des ateliers pour « dédramatiser » les règles

« Si les hommes avaient leurs règles, ce serait dégoutant? »: dans un lycée près de Paris, filles et garçons évoquent pour la première fois ensemble ce sujet, à l’initiative de l’association Règles élémentaires qui sensibilise les jeunes en milieu scolaire pour « briser un tabou » et lutter contre la précarité menstruelle.

Dans une salle du lycée professionnel Daniel-Balavoine de Bois-Colombes, un chiffre s’affiche en grand sur le tableau: « 100.000.000 de jeunes filles dans le monde ratent une semaine d’école à cause de leurs règles et par manque d’accès à des produits d’hygiène adaptés ».

« En France, vous savez combien c’est ? », sonde Tara Heuzé-Sarmini, directrice générale de l’association, face à 25 élèves de seconde « Métiers de la relation client » pour le moins dissipés.

« Dans notre pays, on estime que 130.000 jeunes filles manquent l’école chaque année », poursuit la trentenaire, qui a fondé cette structure en 2015 pour « collecter un maximum de produits d’hygiène intime pour les redistribuer gratuitement aux plus démunies et briser le tabou des règles ».

Qu’est-ce qu’un cycle ? Combien coûte en moyenne un paquet de protections jetables ? Quels sont les différents types de protections ? Qu’est-ce que la précarité menstruelle ? La ménopause ? Quels sont les mythes et coutumes qui entourent les menstruations ?

Pendant près de deux heures, au travers de modules créés avec une gynécologue et une graphiste et de quizz, l’intervenante évoque ce sujet, souvent ignoré, d’un point de vue pratique et ludique plutôt qu’anatomique.

Et passés les premiers ricanements gênés, filles et garçons se détendent. Au point de se voir rappeler régulièrement qu’il faut bien relever son masque sur son nez.

– Protections gratuites –

Les questions fusent: « Est-ce qu’on peut tomber enceinte quand on a ses règles ? C’est quoi l’hymen ? Pourquoi les règles arrivent la nuit ? Qu’est-ce qui se passe si on change de sexe ? »

Autant de demandes qui montrent des lacunes chez ces adolescents mais aussi l’envie d’approfondir pour dépasser les clichés.

« Pourquoi les femmes sont bizarres quand elles ont leurs règles ? », lance l’un d’eux, suscitant l’hilarité générale.

« C’est faux de dire +t’as tes règles, t’es de mauvaise humeur+ mais c’est vrai que certaines femmes souffrent pendant leurs règles et ne se font pas diagnostiquer à cause du tabou », répond Tara Heuzé-Sarmini, insistant sur le fait que « ce n’est pas normal d’avoir mal ».

« Mais madame, on est habitués à entendre que les règles ça fait mal », réplique Alimata, 15 ans.

Au cours de sa vie, si on met bout à bout tous les cycles, une femme aura ses règles en moyenne pendant six ans. Elle utilisera près de 11.000 protections jetables pour un budget estimé de 8.000 euros, une somme qui comprend aussi l’achat de sous-vêtements de rechange ou d’antidouleurs.

« En France, acheter des serviettes ou des tampons est encore un luxe que certaines ne peuvent pas se payer », leur dit l’intervenante.

SDF, étudiantes, détenues: près de deux millions de femmes souffrent de précarité menstruelle. Un chiffre en augmentation depuis la crise sanitaire, selon l’association.

Pour contrer cela, certains établissements scolaires ont installé des distributeurs de protections périodiques en libre-service. A partir de la rentrée, ces protections seront gratuites dans toutes les universités, a récemment annoncé le gouvernement.

« Vous aussi vous pouvez agir: en parlant de ce sujet autour de vous et en dédramatisant les règles, par exemple quand une camarade fait tomber sa protection ou la cache pour aller aux toilettes », poursuit-elle.

Pour les convaincre, elle diffuse une vidéo humoristique où les hommes ont aussi leurs règles, se prêtant des tampons et se regardant le fessier dans le miroir pour vérifier qu’il n’y a pas de tache.

« Dégoûtant », pour Assim, 15 ans, au premier rang.

« Les règles, ce n’est pas sale, et il est temps d’arrêter d’en faire un secret », le reprend l’intervenante.

Au fond de la classe, Alimata se marre: « si les hommes avaient leurs règles, ils pleureraient tous les jours ».

« C’est bien de faire une session comme ça », dit-elle à l’AFP. « Surtout pour les garçons, car ils découvrent que les règles c’est autre chose que du sang qui coule ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GIPHY App Key not set. Please check settings

    Haaland l’enfant-prodige affronte son modèle Lewandowski

    les chrétiens d’Irak doivent vivre « en paix »