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Une amende requise pour le tag « Négrophobie d’Etat » sur la statue de Colbert

Une amende de 800 euros a été requise lundi à l’encontre du militant « anti négrophobie » qui avait tagué la statue de Colbert devant l’Assemblée nationale, et dont le procès se tient le jour du 20e anniversaire de la loi Taubira reconnaissant l’esclavage et la traite comme crimes contre l’humanité.

La décision sera rendue le 28 juin.

Le hasard du calendrier a voulu que le procès, reporté deux fois, se tienne finalement à la date de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, marquée cette année par les 20 ans de la loi du 21 mai 2001 portée par l’ex-ministre de la Justice Christiane Taubira quand elle était députée.

Le président Emmanuel Macron et plusieurs ministres devaient participer dans l’après-midi à une cérémonie de commémoration de la loi.

Devant le tribunal, le militant guadeloupéen Franco Lollia, 49 ans, arrivé en jean, sweat-shirt noir siglé « Brigade anti négrophobie » et grosses lunettes argentées sur le nez, a reconnu « les faits ».

« Je reconnais que j’ai voulu interpeller l’Etat, lui dire que s’il accepte que Colbert continue de trôner devant l’Assemblée nationale, la maison du peuple, c’est que la France est toujours viscéralement négrophobe », a-t-il déclaré.

Le 23 juin 2020, devant l’Assemblée nationale, il avait tagué « Négrophobie d’Etat » en rouge sur le socle de la statue de Colbert, ministre de Louis XIV et initiateur du Code noir qui a légiféré sur l’esclavage dans les colonies françaises. Il avait ensuite jeté de la peinture rouge sur la statue.

Il avait été aussitôt interpellé. « Ce qui est interdit, c’est le racisme. Cet homme-là (Colbert) fait l’apologie de la négrophobie », avait-il dit aux forces de l’ordre, dans une scène filmée et mise en ligne sur les réseaux sociaux par la Brigade anti négrophobie.

« Je ne suis pas un vulgaire délinquant, un gribouilleur », a aussi dit Franco Lollia au tribunal devant une salle bien remplie de ses soutiens, parlant d’un « acte politique ».

Le procureur Vincent Plumas a, lui, prévenu dès le début, et alors que les quatre avocats du militant étaient déjà longuement revenus sur le combat qui animait leur client et l’histoire de l’esclavage, qu’il s’en « tiendrait à des développements purement juridiques ».

Si l’audience lui a permis de combler certaines « lacunes » en histoire, il a demandé au tribunal de s’en tenir aux faits, « simples », et non contestés, et de condamner Franco Lollia.

Le tag de la statue était intervenu dans le sillage des manifestations antiracistes qui ont eu lieu dans le monde après la mort de George Floyd, un homme noir, au cours d’une violente arrestation policière aux États-Unis. Depuis, les monuments et statues liés à l’histoire coloniale française ou à la traite négrière sont au centre d’une polémique mémorielle.

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