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la statue de Jefferson bientôt retirée à la mairie de New York

Père fondateur des Etats-Unis mais propriétaire d’esclaves, Thomas Jefferson ne dominera plus les conseils municipaux de la ville de New York: une commission municipale a voté le retrait de sa statue dans la chambre du conseil, nouveau symbole du débat historique qui agite les Etats-Unis.

La statue, sculptée en 1833 par le Français Pierre-Jean David d’Angers, trône depuis 1915 sur un côté de la grande salle du City Hall, où siègent les élus, dans le sud de l’île de Manhattan.

Mais lundi soir, la commission de l’aménagement public de la ville de New York a approuvé à l’unanimité le retrait de cette pièce emblématique de plus de deux mètres de haut, répondant à une demande de longue date d’élus noirs et latinos qui pointaient le passé esclavagiste du troisième président des Etats-Unis (1801-1809), l’un des auteurs de la Déclaration d’indépendance du pays.

« Cela me met dans une position profondément désagréable de savoir que nous siégeons en présence d’une statue rendant hommage à un propriétaire d’esclaves, qui croyait fondamentalement que les gens comme moi ne méritaient pas les mêmes droits et libertés que ceux qu’il désignait dans la Déclaration d’indépendance », a déclaré lundi une élue afro-américaine du conseil municipal, Adrienne Adams.

Mais la décision est loin de faire l’unanimité. « Pourquoi cette statue a été créée? Pas pour rendre hommage au propriétaire d’esclaves, mais parce que Jefferson a été l’un des plus importants penseurs de la démocratie et de l’égalité dans l’histoire américaine », a expliqué à l’AFP David Greenberg, professeur d’histoire à l’université Rutgers dans le New Jersey.

Souvent présenté comme un esprit des Lumières, Thomas Jefferson possédait néanmoins plus de 600 esclaves et avait eu six enfants d’une d’entre elles, Sally Hemings.

Le débat sur les figures tutélaires américaines est ancien et les premiers appels à retirer la statue de Jefferson de la chambre du conseil à New York remontent au début des années 2000.

– « Cancel culture » –

Les polémiques ont pris plus de vigueur avec le mouvement Black Lives Matter et surtout après la flambée de manifestations aux Etats-Unis après la mort de George Floyd, un homme noir tué par un policier blanc en mai 2020 à Minneapolis.

Plusieurs monuments représentant Thomas Jefferson avaient été vandalisés et le mouvement a eu des répercussions jusque dans d’autres pays, où des figures historiques ont subi le même sort à cause de leur passé colonial.

En 2019, la propre ville de Jefferson, Charlottesville en Virginie, avait décidé de cesser de célébrer d’un jour férié l’anniversaire de cet illustre homme politique.

Si ces déboulonnages paraissent légitimes aux yeux de certains, des politiques et historiens s’inquiètent aussi d’une course sans fin dans ce qui s’apparente selon eux à de la « cancel culture ».

Signe que le sujet reste très délicat, la commission de l’aménagement public de New York n’a pas décidé où recaser la statue devenue encombrante. Avant le vote, l’une des options inscrites à son agenda était un prêt « à long terme » à la Société historique de New York, « pour protéger l’œuvre et offrir la possibilité de l’exposer avec une remise en contexte historique et d’éducation », écrivait la commission.

Une solution « gagnant-gagnant », a estimé sur Twitter l’historienne et professeure à Harvard Annette Gordon-Reed, auteure de nombreux travaux sur Jefferson. Une exposition avec des explications historiques serait pour elle une solution positive, qui « servirait les besoins de l’Histoire ».

Un groupe d’historiens, parmi lesquels David Greenberg, demande que la statue ne quitte pas le City Hall et soit déménagée dans la « salle des gouverneurs », là où elle se trouvait de 1834 à 1915. Ils rappellent que la statue avait été donnée à la ville pour rendre hommage à l’engagement de Jefferson pour la liberté de religion.

Dans un éditorial, le quotidien new-yorkais Daily News a aussi exprimé ses doutes. Thomas Jefferson « comprenait que cette horrible institution (l’esclavage) était corruptrice, mais en même temps, il en tirait profit », convient le journal.

Mais « si une statue de Jefferson n’a pas sa place au City Hall, alors c’est aussi le cas pour celle de George Washington, qui possédait 577 êtres humains » et a donné son nom à la capitale du pays ainsi qu’à d’innombrables comtés, quartiers et parcs à travers les Etats-Unis, considère l’éditorial.

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