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Dans les feux de Gironde, le « travail de fourmi » des couteaux suisses de la Sécurité civile

Camions rouges, lances d’incendie, uniformes bleu nuit… sapeurs-pompiers ? Non. Sapeurs-sauveteurs ! Méconnus du grand public, ces unités de la Sécurité civile effectuent pourtant un « travail de fourmi » jour et nuit sur l’incendie « hors norme » qui sévit toujours en Gironde.

Samedi matin, l’humidité est de retour au cœur de la forêt des Landes de Gascogne. Le feu, baptisé « Landiras 2 », qui a brûlé 7.400 hectares de pins depuis mardi après-midi, ne progresse plus.

Sur les bords de la D111, près de la commune de Saint-Magne, le sol chaud et desséché, parsemé de quelques fumerons, est arrosé à coups de lances d’incendie par les hommes de l’Unité d’instruction et d’intervention de la sécurité civile (UIISC).

« Maintenant que c’est un peu plus calme, nous participons aux opérations de lisière », explique le capitaine Xavier de l’UIISC 1.

« C’est un travail de fourmi. La situation est plus favorable ce matin mais l’on se dépêche tout de même de noyer un maximum de points chauds avant midi » et les chaleurs – toujours caniculaires- qui vont être atteintes aujourd’hui.

Certains les confondent avec les pompiers, mais les sapeurs-sauveteurs de l’UIISC sont en réalité des militaires à « deux casquettes », celles de l’Armée de terre et du ministère de l’Intérieur.

Leur uniforme, lui aussi bleu nuit, diffère notamment par ses larges bandes jaunes et réfléchissantes.

Appelés en renfort sur des catastrophes naturelles telles que les inondations, tremblements de terre, ou comme près de Landiras cet été, de feux de forêts de grande ampleur, ces forces tout-terrain de la Sécurité civile sont de véritables couteaux suisses.

« Nous sommes l’ultime recours de l’Etat », résume le capitaine de 30 ans, qui en qualité de militaire n’est pas autorisé à divulguer son nom de famille.

La France en compte 1.400, tandis que les sapeurs-pompiers français sont au nombre de 240.000, en incluant les volontaires.

Selon le lieutenant-colonel Michel, chef de l’état major des ForMiSC (Formations militaires de la sécurité civile) contacté par l’AFP, « 550 sapeurs-sauveteurs sont actuellement déployés pour la lutte contre les incendies en France, dont 200 dans la zone sud-ouest ».

– 200 à 300 degrés –

Aux abords de la bourgade de Louchats, près d’une maison isolée miraculée du feu de forêt, dix-huit militaires de la « Section de marche » travaillent d’arrache-pied sur des restes de bois calcinés. Armés d’imposants râteaux à trois dents, certains creusent et retournent énergiquement le sol tourbé noir et chaud.

D’autres, vêtus de gilets gonflés d’une vingtaine de litres d’eau, continuent de noyer le sol puis le recouvrent d’une couche d’émulsifiant, comme un tapis de mousse, pour bloquer l’apport d’oxygène en profondeur et freiner la propagation du feu souterrain.

« En ce moment, si l’on passait un thermomètre dans le sol, on aurait une température entre 200 et 300 degrés à 15cm de profondeur », prévient le caporal chef Jérémy sous son casque rouge, qui le distingue des sous-officiers en casque jaune et des officiers en casque blanc.

Parfois, les râteaux ne suffisent pas et les militaires de l’UIISC doivent employer les grands moyens : le bulldozer.

Celui-ci gratte le sol en surface et ouvre également des chemins à travers la forêt pour faciliter le passage des engins.

A ces tâches s’ajoutent l’épandage de produit retardant (substance rouge ralentissant la progression du feu) ou la création de pistes entre zones brûlées et non brûlées pour faire office de pare-feux, un travail « déterminant ».

Selon l’adjudant Steve, casque jaune, même si le feu vient à être fixé, il faut aussi « protéger la végétation qui est encore verte et qui n’a pas brûlé ».

Il s’agit d’éviter qu’une reprise de feu ne s’y propage, mais aussi de permettre aux personnes évacuées de « regagner leurs habitations, leur travail, et leur train-train quotidien ».

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