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le Labour recommence à y croire

Le chef de file des travaillistes britanniques, Keir Starmer, s’emploie mardi à convaincre que son parti est prêt à gouverner après des années de divisions intestines, encouragé par les sondages et les difficultés du gouvernement conservateur face à la crise économique.

Point d’orgue du congrès annuel du principal parti d’opposition au Royaume-Uni, le discours du dirigeant de 60 ans, centré sur un « plan pour une prospérité verte », intervient en pleines turbulences financières. Selon des extraits dévoilés à l’avance, Keir Starmer compte ainsi attaquer la nouvelle Première ministre conservatrice Liz Truss, l’accusant d’avoir « perdu le contrôle de l’économie britannique ».

L’annonce d’un plan massif de baisses d’impôts financé par la dette a fait plonger la livre à son plus bas niveau historique et fait monter les taux d’intérêt, désaveu des marchés qui s’ajoute à une impopularité déjà importante pour le premier mois de la dirigeante à Downing Street.

Malgré ce sombre tableau, le Labour, après 12 ans d’opposition, se rassemble à Liverpool dans l’allégresse et apparaît, dans sa critique unanime du gouvernement, plus uni qu’il ne l’a été depuis longtemps.

« Je sens une ambiance très positive ici, nous sommes unis », témoigne Mary Stiles, 75 ans, ancienne élue locale dans le centre de l’Angleterre, à mi-parcours de cette conférence annuelle du parti, qui doit s’achever mercredi.

Les travaillistes se sentent plus proches du pouvoir que jamais. « Quand on a dit par le passé que le Labour était de retour, ça sonnait parfois un peu creux. Mais cette fois l’ambiance est vraiment très bonne », a affirmé Ceri Powe, 31 ans, qui participe au congrès.

Après des débuts difficiles, M. Starmer, un centriste qui a succédé en 2020 au très à gauche Jeremy Corbyn, a progressivement rassemblé son parti derrière sa ligne et est porté par des sondages favorables ces derniers mois, donnant aux travaillistes une large avance face aux conservateurs.

Les débuts difficiles de Liz Truss, désignée par la base de son parti sur un programme très à droite, accentuent la tendance: le dernier en date, réalisé par l’institut YouGov, donne au Labour un écart de 17 points de pourcentage face aux Tories si les législatives se tenaient aujourd’hui, soit la plus grande avance depuis l’ère Tony Blair (1997-2007).

Mais les élections étant prévues au plus tard en janvier 2025, les travaillistes devront faire preuve de patience au moment où ils tentent de capitaliser sur la difficulté des conservateurs à apaiser la crise du coût de la vie qui secoue le pays.

– « Ancré au centre » –

En attendant, le parti, miné par les divisions ces dernières années, qui avaient atteint un pic sous la direction de M. Corbyn, dont le mandat avait été entaché d’accusations d’antisémitisme, veut montrer qu’il a tourné cette sombre page, marquée en 2019 par sa pire défaite électorale.

Illustration de cette volonté: au premier jour de ce congrès, les travaillistes, peu habitués aux démonstrations patriotiques, ont chanté en choeur l’hymne national en hommage à la défunte reine Elizabeth II.

Dans son discours, Keir Starmer insistera sur le fait que le Parti travailliste est à nouveau un « parti ancré au centre », ramenant vers les années Tony Blair, et « le bras politique du peuple britannique », tentant ainsi d’effacer le fossé créé par le référendum sur le Brexit avec sa base ouvrière traditionnelle.

Dans cette optique, M. Starmer ne souhaite pas revenir sur l’accord de sortie de l’Union européenne conclu par les conservateurs, et affiche comme priorités les enjeux économiques, de santé et de sécurité, plutôt que les débats sociétaux ou culturels.

Mais cette stratégie ne fait pas l’unanimité parmi les syndicats, alliés traditionnels du Labour. Dans un contexte de débrayages dans de nombreux secteurs, M. Starmer a demandé aux responsables du parti de ne pas s’afficher sur les piquets de grève, mettant à pied l’un d’entre eux qui avait outrepassé la consigne.

A Liverpool, certains membres du parti défendent cette position, souhaitant montrer que le parti est de nouveau prêt à gouverner.

« Les adultes sont de retour », s’est ainsi félicité Angela Briggs, 69 ans, directrice d’école à la retraite et assistant à la conférence pour la première fois.

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