in

Chavkat Mirzioïev, président élu de l’Ouzbékistan, entend poursuivre les réformes lors de son nouveau mandat présidentiel

Des élections présidentielles ont eu lieu le 9 juillet dernier en Ouzbékistan qui représente, avec plus de 35 millions d’habitants, le pays le plus peuplé d’Asie centrale. Chavkat Mirzioïev dont l’avènement, en 2016, avait été marqué par le commencement de transformations de grande ampleur, a été réélu avec plus de 87 pour-cent des suffrages. Il jouit d’un large soutien du peuple ouzbek et, s’attend-on, continuera la mise en œuvre de ses réformes.

En moins de cinq ans M. Mirzioïev avait réussi à libéraliser l’économie de l’Ouzbékistan et à moderniser son système politique, différant sur ce point de son prédécesseur Islam Karimov qui gouvernait par la répression. L’Ouzbékistan est de nos jours notablement plus propice au business et à l’investissement étrangers et plus attractif en tant que destination touristique grâce à son patrimoine culturel bien conservé.

Une économie prospère sous Chavkat Mirzioïev

La privatisation des actifs contrôlés par l’État s’inscrit dans la réforme continue de Mirzioïev, visant à améliorer l’efficacité de l’économie. Des dizaines de plus grandes sociétés ouzbeks sont à privatiser dans les années à venir, dont entre autres plusieurs banques, la compagnie aérienne Uzbekistan Airways, le producteur du cuivre Almalyk GMK, la compagnie pétrolière Uzbekneftegaz, l’opérateur du gazoduc Uztransgaz, les combinats miniers et métallurgiques Uzmetkombinat et Navoiy GMK qui gère le gigantesque gisement d’or de Mourountaou.

La mise en vente des parts dans ces sociétés est sensée à la fois attirer des investisseurs étrangers et booster le développement du marché local des actions qui demeure menu (avec une capitalisation totale de 5 milliards de dollars). Elle fera aussi accélérer la croissance économique et procurera des rentrées budgétaires pour augmenter les dépenses sociales.

À la suite des réformes d’envergure conduites sous Mirzioïev le PIB de l’Ouzbékistan progresse à un rythme annuel supérieur à 5 pour-cent et, l’an dernier, a dépassé 80 milliards de dollars, alors que les exportations ont atteint, en 2022, le chiffre record de 19 milliards de dollars. Toujours en 2022, à la faveur d’un assouplissement des restrictions, l’Ouzbékistan a su faire venir des investissements directs étrangers pour un montant d’environ 8 milliards de dollars.

Aussi M. Mirzioïev a-t-il fait que le soum ouzbek est devenu une monnaie entièrement convertible. Cet événement très attendu a mis fin au marché noir où le taux de change pratiqué représentait le double du cours officiel. Une vraie galère tant pour les nationaux que pour les entreprises et investisseurs étrangers qui ne parvenaient pas à rapatrier leurs bénéfices.

Il faut bien noter que Chavkat Mirzioïev a fait baisser les barrières bureaucratiques contrariantes pour les entrepreneurs, alléger le poids de la fiscalité et libéraliser le commerce extérieur. En 2013, ce train de mesures a permis à l’Ouzbékistan de se hisser 69e, passant de 146e, au classement récent « Doing Business » de la Banque mondiale. Favorisée par M. Mirzioïev, l’ouverture du pays aux marches financiers internationaux a pour la première fois, en 2019, permis à l’Ouzbékistan d’émettre des obligations libellées en dollars, en offrant aux sociétés du pays la possibilité de faire des opérations avec la dette extérieure.

Le système politique: réformes de Chavkat Mirzioïev

Peu de temps après sa première élection à la présidence, en 2016, M. Mirzioïev surprend la communauté internationale en relâchant les prisonniers politiques, geste rare pour bien des États issus de l’ancienne Union soviétique. Il entreprend ensuite la refonte des rapports bilatéraux, qui sous son prédécesseur restaient tendus, avec les deux voisins centrasiatiques : le Kirghizstan et le Tadjikistan.

De surcroît, Chavkat Mirzioïev cultive les relations de son pays avec les États-Unis et l’Europe. Non sans maintenir en même temps celles qu’il a avec la Chine et la Russie. L’an dernier, M. Mirzioïev a accueilli dans la ville de Samarkand une conférence au sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), démonstration de la montée du soft power de l’Ouzbékistan dans la région eurasienne.

Afin de simplifier le système administratif, Mirzioïev a réduit le nombre de ministères et d’agences fédérales en le faisant passer de 61 à 28, ce qui a permis de supprimer les redondances fonctionnelles. Les effectifs de fonctionnaires ont progressivement diminué d’un tiers, en dégageant les ressources budgétaires redirigés sur des projets sociaux.

La nouvelle constitution conduira à l’augmentation des dépenses de l’État en vue d’assurer une meilleure qualité de l’instruction et de la santé publiques, de même que celle des aides à octroyer aux personnes à faibles revenus et âgées, aux femmes et aux enfants pour faire diminuer le niveau de la pauvreté déjà en forte baisse.

Environnement et société

L’Ouzbékistan avait souffert dans le passé d’une fâcheuse réputation en matière de droits de l’homme pour avoir pratiqué chaque année la levée de millions de ses habitants, enfants compris, en vue de la cueillette du coton, ce qui lui a valu des critiques sévères de la part des associations pour les droits de l’homme. Une des réformes les plus remarquables de Mirzioïev consistait à mettre hors la loi ce travail forcé et à autoriser les agriculteurs, jusque-là obligés de vendre à prix fixe leur récolte à l’État, à vendre le coton aux producteurs du textile et à créer des filières communes en aval.

Chavkat Mirzioïev se propose également de réaliser des projets sociaux visant à relever la durabilité, à améliorer l’efficacité du système d’irrigation et à maîtriser des phénomènes environnementaux comme l’afflux des eaux de rivière aggravé par le changement climatique et capable de causer du mal tant à l’agriculture qu’à des centrales hydro-électriques. En plus, l’Ouzbékistan est actuellement en train de coopérer avec l’Arabie Saoudite, la France, les Émirats Arabes Unis, la Chine et d’autres pays dans la mise en place des installations de production d’énergies solaire et éolienne et cherche à assurer, vers 2023, la part de l’énergie renouvelable à hauteur de 30 pour-cent de la capacité électro-énergétique du pays, comme le prévoit le programme présidentiel d’un Ouzbékistan nouveau.

Conformément à cette stratégie du développement, l’Ouzbékistan se donne comme fin, à l’horizon 2030, de multiplier presque par deux le PIB par habitant qui aura atteint l’équivalent de 4000 dollars par an, et de réunir les conditions pour devenir par la suite un pays au revenu en-dessus de la moyenne et relever le niveau de vie dans la société.

(Traduction d’un article initialement publié dans bne IntelliNews avec des ajustements de formulation liés aux élections pour marquer que l’événement est déjà passé).

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GIPHY App Key not set. Please check settings

    Affaire Alain Delon : après la perquisition à son domicile, Hiromi Rollin entendue pendant six heures

    changement climatique, diplomatie… Qu’a fait le président lors de sa visite ?