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Cameroun: impressions de quelques participants au dialogue Parlement-Gouvernement

S.M. MVONDO Bruno, Chef traditionnel Bitili Minkok par Ebolowa, et Coordonnateur de Réseau des Chefs Traditionnels d’Afrique pour la gestion Durable de la biodiversité et de l’écosystème des forêts (RECTRAD).

Il a été désigné par ses pairs, pour défendre à cet atelier, les droits des communautés avec en tête leurs leaders que sont les chefs traditionnels, ensuite de nous battre pour la gouvernance de la ressource forestière, tant il est vrai que s’il n’y a pas de ressources ligneuses et non ligneuses, la chefferie aura de la peine à s’implémenter, car tous les rites se font à partir de ces ressources.

« Mes impressions sont bonnes, parce que chercher des solutions à un problème, c’est d’abord le poser et comprendre qu’il y a un problème. Si déjà nous comprenons qu’il y a un problème, c’est un premier pas. Et je me réjouis d’ailleurs à cet effet de ce que les experts dans leurs différentes présentations, nous ont montré le chemin à suivre. Mais j’ai encore des inquiétudes, car nous avons toujours eu ces démonstrations, on a pensé et mis en place des textes, sauf que la pratique n’a pas suivi, pourtant en réalité le problème du marché du bois intérieur est un problème qui nous concerne tous, à travers la chaîne de valeur et les différents segments auxquels nous appartenons tous. Je citerais pour mieux m’expliquer, cette réflexion qui dit : « il n’y a pas de corruption sans corrupteur ». Ça veut dire qu’en réalité, si non parle du bois légal, il n’en existerait pas s’il n’y avait pas des hommes et des femmes dans l’illégalité. Comme pour dire simplement et objectivement que tous les acteurs des différents segments ont des efforts à faire, que ce soit celui qui achète que celui qui offre. Cela implique l’amélioration de l’acquisition de la matière première, de même que l’amélioration de sa vente, sa transformation, son transport.

Toutefois, cet atelier est une fois de plus le bienvenu, afin qu’on se rassemble et puisse regarder d’un autre œil l’avenir. Il permet au moins de remettre un problème sur la table, celui de l’illégalité du bois que nous utilisons chacun, pour des consommations domestiques ou alors pour envoyer à l’étranger. Et c’est pour ça qu’on disait tantôt que chacun de nous doit se sentir interpelé à son niveau, car ce n’est pas en disant à l’autre de se métamorphoser qu’on va métamorphoser le système. Dont il faut qu’on commence à se métamorphoser soi-même au regard de ce que nous avons vu et entendu durant cet atelier. J’en suis confiant, et souhaite que vous journalistes, soyez les portes paroles de tout ce qui a été dit ».

A Lire aussi : Dialogue Parlement-Gouvernement : Accord parfait pour l’éradication du bois local d’origine illégale dans la commande publique

Christophe Justin KAMGA, Coordonnateur De Foder (Forêts et Développement Rural), une organisation de la société civile qui existe depuis 2002 et basée à Yaoundé.

Christophe Justin KAMGA, Coordonnateur De Foder (Forêts et Développement Rural).

« Pour moi le dialogue gouvernement-parlement est un cadre assez idéal, pour pouvoir poser sur la table un certain nombre de préoccupations que nous rencontrons au quotidien, pour ce qu’il est de la gestion de nos ressources au pays. Et pour cette session particulièrement, la question du bois légal dans les commandes publiques est sur la table. Dont le ministère en charge des forêts a pour obligation de faciliter aux différents opérateurs ou alors ceux qui sont dans le besoin, de pouvoir avoir accès u bois légal. Mais il s’avère que le cadre juridique ne permet pas à toutes les catégories de pourvoir avoir accès, notamment les artisans, ceux qui font dans la  2e, 3e transformation du bois, déjà parce que c’est beaucoup plus les nationaux et ils n’ont pas la capacité financière de pouvoir avoir des permis. Donc au cours de ces travaux, on a vu des ministères que ce soit le marché public, que ce soit le ministère en charge des mines et bien d’autres, nous présenter un peu leur politique en matière de faciliter l’accès au bois légal. Mais je retiens malheureusement de tout ça, que des discours, rien de concret. On a beau avoir des textes, mais en termes d’application, on n’a pas vraiment des cas qui ont marché. Je me souviens d’ailleurs qu’en 2015, le ministère en charge des forêts avait sorti une série de décrets pour faciliter l’accès au bois légal à certains artisans. Mais malheureusement beaucoup de choses y ont manqué en pratique, parce que les détenteurs des titres ne pouvaient pas accorder aux artisans de venir dans leurs titres, exploiter ou prélever les rebus des bois ou alors les déchets abandonnés. Au fait, il y a des questions de fiscalité qui s’était posées : qui assument les dégâts qui seraient causés par ces artisans, car en cas de problème, c’est l’entreprise elle-même qui doit répondre devant la loi. L’autre chose aussi que nous avons observé, c’est au niveau de pouvoir exiger l’utilisation du bois légal dans le marché public. Alors, il y a une étude du CIFOR réalisée en 2014, démontrant que l’Etat déboursait chaque année près de 12 milliards pour importer les meubles de bureau. Alors, imaginons un seul instant que cet argent soit octroyé à des camerounais qui font dans la menuiserie, dans la transformation, pour produire ces meubles, ça décrierait de l’emploi, limiterait l’expatriement de nos devises vers l’étranger et lutterait ainsi contre le chômage dans notre pays. Donc du coup, je ne  peux pas vous dire quelle est la situation actuelle n’ayant pas des chiffres exacts, parce que nous n’avons plus eu à mener ce type d’étude. Toutefois, le véritable problème, c’est qu’il y a des gens qui profitent bien de ces maux que nous décrions dans ce secteur, surtout avec la corruption qui y a fait son lit.

Néanmoins, je crois qu’il est possible qu’on puisse améliorer, peut-être ne pas prétendre éradiquer totalement le mal, il suffit juste d’accorder des facilités à des camerounais qui veulent vraiment se battre dans la vie, au lieu de leur rendre la vie difficile. Nous avons mené une étude récemment  qui parlait de l’indice de perception de la corruption dans le secteur forestier au Cameroun. Et nous nous sommes rendu compte qu’entre 2010 et 2015, on a quand-même observé une chute de l’indice. Mais entre 2015 et 2017, ça a encore repris. Dont on se dit que la corruption est en train de prospérer dans le secteur. D’où la nécessité pour nous de pouvoir s’attaquer à elle, et aussi que toutes les institutions de lutte contre la corruption qui ont été mises sur pied au Cameroun, puissent vraiment se mobiliser pour  résoudre ce problème, afin de permettre que la gestion de nos forêts profite véritablement à tous les camerounais de tout bord ».

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