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Affaire Kulik: le directeur d’enquête malmené au procès Bardon

Le chef de l’enquête sur le viol et le meurtre d’Elodie Kulik, survenus en 2002, a été longuement entendu jeudi à la cour d’assises de la Somme, parfois étrillé par l’avocate générale comme par la défense, qui lui a reproché de ne pas avoir fermé « toutes les portes ».Fabrice Debart, 49 ans, s’est présenté à la barre en chemise blanche et cravate noire, pour livrer une déposition spontanée de 50 minutes, aidé de ses notes. Impliqué à partir de 2006 dans cette enquête qui a abouti au renvoi de Willy Bardon devant les assises, il en a pris la direction en 2008, et l’a menée, malgré de « fortes pressions » hiérarchiques et médiatiques, jusqu’à son terme en 2017.Au cours de sa première prise de parole, il a rappelé des chiffres éloquents sur cette enquête hors-norme, dont toutes les parties soulignent la difficulté: « 12.000 pièces de procédures, 5.500 prélèvements ADN et digitaux, et 14.000 déclenchements de relais téléphoniques ». Il a synthétisé ensuite les éléments à charge contre Willy Bardon.- « Prisme particulier » -L’avocate générale, Anne-Laure Sandretto, a interrogé l’adjudant de gendarmerie sur ses méthodes.La question du défaut de l’enregistrement vidéo de la garde-à-vue de Willy Bardon, réalisé en janvier 2013 et sur lequel aucun son n’est entendu, a rapidement été évacuée, après la description d’un problème technique. Mais la magistrate s’est ensuite attardée, en s’appuyant sur les procès verbaux, sur la formulation particulièrement longue des questions de Fabrice Debart à certains témoins, mentionnant Willy Bardon, ses mœurs et ses pratiques sexuelles. « Ces questions, c’est un véritable réquisitoire », s’étonne-t-elle. « C’est pour faire réagir », lui a répondu l’adjudant. « Vous vous rendez compte quand même que la manière de faire, elle est pas correcte ? », le relance-t-elle. « Avec le recul, vous referiez de la même manière ? » »Non », admet le militaire, disant avoir « plus d’expérience » aujourd’hui. « Il y a quand même un prisme qui est particulier », conclut Anne-Laure Sandretto.Après la partie civile, les trois avocats de la défense ont également attaqué certaines méthodes du chef de l’enquête.- « 600 hypothèses de travail »-Me Gabriel Dumenil a ressorti les auditions de deux individus: l’un, placé en garde-à-vue dans une autre affaire en 2011, s’incrimine lui-même de la disparition d’Élodie Kulik, mais n’a pas été entendu dans le cadre de cette enquête. L’autre a fait une déposition en 2002 pour incriminer son frère, qui travaillait à proximité du lieu du crime, au motif de son « changement de comportement » le lendemain des faits qui l’ont amené à « deux tentatives de suicide ». Mais ce dernier n’a pas non plus été approché par les enquêteurs. »Alors dire qu’on a fermé toutes les portes, ce n’est pas vrai, monsieur Debart », l’a apostrophé Me Dumenil. Sans un regard vers les avocats, l’adjudant de gendarmerie a maintenu le même discours: tout a été vérifié, soit « 600 hypothèses de travail ». »On peut avoir un débat sur un ou deux actes qui ont été critiqués par la défense et qui sont apparus ici, maintenant ça ne fait pas toute l’enquête », a tempéré Didier Seban, avocat du père de la victime, à l’issue de l’audience. « On pinaille sur des éléments, mais il y a eu beaucoup de travail, et il y a des éléments robustes qui fondent l’accusation ».Avant l’audition de Fabrice Debart, Patrick et Brigitte, les parents de Grégory Wiart, avaient également été entendus. Leur fils, décédé en 2003, est considéré par la justice comme l’un des auteurs des crimes, son sperme ayant été retrouvé en 4 endroits sur et autour du corps de la victime. »Je ne peux pas admettre que mon fils ait fait ça », a soutenu le père de Grégory Wiart. « Je le connaissais magouilleur, mais pas criminel, c’est pas possible ». Sa mère a quant à elle décrit un jeune homme « gentil » mais « faible et influençable ». « C’était pas un violent, et son comportement n’a jamais changé. J’ai du mal à comprendre », a-t-elle conclu.

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