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Autour de l’étang de Berre, la lutte contre l’effet ricochet des trafics marseillais

Rafales en plein jour, message d’intimidation dans les halls d’immeubles… dans les villes moyennes du pourtour de l’étang de Berre, élus et autorités luttent contre des réseaux de trafiquants qui adoptent parfois les méthodes de leurs voisins marseillais.

Depuis le début de l’année, plusieurs incidents violents à Miramas ou Martigues ont marqué les esprits, ravivant le spectre d’une année noire, 2018, où six personnes avaient été assassinées dans les environs de l’étang de Berre, sur les 23 victimes de règlements de comptes déplorés cette année-là dans les Bouches-du-Rhône.

En janvier, à deux reprises en moins de 10 jours, une tour de la cité du Mercure à Miramas a essuyé une dizaine de tirs de Kalachnikov et de 22 Long Rifle, en plein jour, entraînant le confinement des écoles à proximité. Une fusillade avait déjà eu lieu en novembre 2019 dans un autre quartier, mais le phénomène reste assez nouveau pour cette ville de 25.000 habitants, réputée calme, à 50 kilomètres au nord-ouest de Marseille.

Ces violences, probablement des tentatives d’intimidation entre bandes rivales qui se disputent le même territoire, n’ont fait aucune victime, mais ont poussé les autorités à réagir. Désormais, « il y a beaucoup de (forces de police) à Miramas, beaucoup d’enquêtes en cours et d’arrestations » précise le maire socialiste Frédéric Vigouroux, qui explique avoir donné l’alarme un an plus tôt.

Le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Olivier de Mazières, s’est lui-même penché sur la situation, lors d’un « conseil de sécurité » organisé fin janvier avec les autorités locales.

« C’est une ville qui, comme les autres villes du pourtour de l’étang de Berre, est plutôt pauvre, où vous avez des zones urbaines sensibles, même si elles n’ont pas la dimension de ce qu’on peut connaître à Marseille » explique-t-il. A Miramas, un habitant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté selon l’Insee, l’un des chiffres les plus élevés du département des Bouches-du-Rhône.

– « Base arrière » –

Le trafic de drogue, et ses « corollaires », tentatives d’intimidation et de règlements de comptes, prospèrent car les villes du pourtour de l’étang de Berre serviraient de « base arrière » pour les trafiquants qui peuvent ensuite « diffuser les produits stupéfiants sur la plaque marseillaise voire l’Italie », analyse le préfet.

Certains réseaux ont même tenté de prendre le contrôle de « plans stups » de cités marseillaises, plus rémunérateurs. Une bande dite « de Marignane », la ville où se trouve notamment l’aéroport de Marseille, a été démantelée en avril 2019: elle serait à l’origine d’un grand nombre de règlements de comptes commis en 2017 et 2018 dans le département.

D’autres trafiquants viennent de Marseille, « pas véritablement pour chasser des plans stups » locaux, selon M. de Mazières, mais « plutôt pour proposer leur appui, et notamment en tant que fournisseur de produits », comme dans une « alliance objective ».

Martigues, dans la même zone, fait face à des problèmes similaires. Dans la cité de Paradis Saint-Roch, à l’architecture bétonnée des années 1970, les habitants d’une tour ont trouvé mi-janvier dans leur boite aux lettres un billet de 50 euros, et dans le hall une affiche les incitant à se montrer « discrets ».

« La mécanique a été démontrée à Marseille, on la connaît : on terrorise, on appauvrit, on fait fuir, et on occupe le terrain », s’alarme le maire communiste de Martigues, Gaby Charroux.

« Ce n’est pas une critique sur les actions de la police nationale, c’est une critique sur l’insuffisance de moyens », se lamente l’élu, qui considère qu’il n’y a pas « 36 solutions » : « Plus de présence policière nationale, encore plus d’école et plus de moyens de surveillance des jeunes ».

Le préfet de police préfère insister sur les « méthodes de travail » de la police et met en avant le travail en commun des services pour remonter au plus haut des filières de stupéfiants. Tout en annonçant au maire de Miramas le renforcement de la présence policière avec plus de « patrouilles, notamment canines », sur le terrain.

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