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Noël Le Graët, capitaine du foot français dans la tempête coronavirus

Profitant de la cacophonie des clubs et du silence de la Ligue, l’insubmersible président de la Fédération Noël Le Graët a tenu la barre du football français avec autorité durant la tempête du coronavirus, sans faire de vagues, sauf dans le milieu amateur.

A 78 ans, dont bientôt dix passés à diriger la FFF, il a affronté le gros temps depuis sa ville de Guingamp avec deux missions: fixer le cap du foot hexagonal, ballotté par des vents contraires, et limiter les dégâts pour ses entreprises locales spécialisées dans les conserves, surgelés et plats cuisinés.

« Je vais de chez moi au bureau, sans passer par les usines, en faisant attention », a raconté fin mars à l’AFP le Breton, affaibli par une leucémie avant le Mondial-2018, mais désormais en bonne forme, de son propre aveu.

Inquiet pour son « activité de pêche » qui laisse « un certain nombre de personnes à quai », l’ancien maire socialiste de Guingamp a dans le même temps multiplié les échanges avec l’UEFA, les clubs, la Ligue, le ministère des Sports et l’Elysée.

– « Il a le dernier mot » –

Et malgré les bruits de fond, la voix du Breton a résonné plus fort que les autres au moment où les polémiques sur une reprise ou non des compétitions se sont accumulées.

Dans les médias, l’ancien instituteur ne s’est ainsi pas gêné pour faire la leçon au président de l’Olympique lyonnais Jean-Michel Aulas, opposé à l’arrêt définitif. Au Bureau de la Ligue, ses interventions régulières ont fait mouche, notamment pour bloquer le projet d’emprunt à grande échelle à des fonds d’investissement étrangers.

Durant la crise, il est resté fidèle à ses principes: le « feu vert » ne pouvait venir que de l’Etat et « sans risque de santé pour nos spectateurs et nos joueurs ».

Finalement, l’exécutif a sorti le carton rouge en décrétant le 28 avril la fin des saisons sportives professionnelles. Le soir-même, Le Graët a annoncé au Télégramme que la Ligue 1 et la Ligue 2 étaient « définitivement arrêtées ».

Quitte à court-circuiter la Ligue de football professionnel (LFP), organisatrice de ces deux championnats ? Rares sont ceux à l’avoir exprimé publiquement.

« Oui, Noël Le Graët dirige, il affirme son autorité et quand en face la gouvernance est un peu faible, il fait la différence », témoigne auprès de l’AFP Pierre Ferracci, le président du Paris FC (Ligue 2).

Le dirigeant breton « a la chance d’avoir une gouvernance de la FFF qui tourne plutôt bien, avec un Comex (Comité exécutif, ndlr) aligné sur les grandes orientations. A la Ligue, il n’y a pas un cap aussi clair », poursuit-il.

– « Pas d’écoute » –

En pratique, le comité exécutif de la Fédération peut d’ailleurs retoquer une décision de la Ligue, ce qui permet à Le Graët de peser en amont.

« S’il y a une décision de la LFP non conforme aux règles de la Fédération, elle ne sera pas acceptée », confirme Claude Michy, président de l’Union des clubs professionnels français (UCPF).

Le 30 avril, la Ligue choisit d’ailleurs de figer les positions après la 28e journée de Ligue 1 en reprenant le mode de calcul de la Fédération pour ses championnats amateurs.

Garant du lien entre foot professionnel et amateur, Le Graët a milité pour que les mêmes règles s’appliquent à tous: après avoir confirmé les relégations chez les amateurs, il ne défend pas le maintien du Mans (19e) et d’Orléans (20e) en Ligue 2… malgré les nombreux appels en ce sens.

Mais l’autorité du dirigeant, dont le mandat s’achève en mars 2021, se retourne ponctuellement contre lui.

« Il n’y a pas de communication, d’écoute et de concertation. Les décisions sont prises d’en haut », dénonce le président de l’Association française de football amateur, Eric Thomas.

Celui-ci fustige aussi certaines « exceptions » accordées, comme à la Ligue du Grand-Est, autorisée à créer un groupe supplémentaire dans son championnat de Régional 1 contrairement aux règlements. « Ce sont des arrangements entre amis », s’indigne-t-il, relevant que le président de cette Ligue fait partie du « Comex » de la Fédération. « On accorde des privilèges pour quelques proches et on impose des devoirs pour le foot amateur et ses bénévoles ».

Dans des courriers distincts, les députés Marie-George Buffet (PCF) et Sacha Houlié (LREM) ont aussi interpellé Le Graët sur le processus de décision et réclamé un plan de soutien financier massif pour les clubs amateurs.

La FFF a certes promis mi-avril d’activer un fonds exceptionnel « dans les prochains jours ». Mais un mois plus tard, il est encore dans les cartons.

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    quels efforts demandés aux salariés?

    la police n’était pas à sa poursuite