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Buzyn toujours à bord, le vaisseau LREM tangue

« C’est la semaine de tous les dangers, mais d’ici 48 heures, on sera fixé »: dix semaines après un premier tour qu’elle avait qualifié de « mascarade », avant de s’effacer de la scène politique, Agnès Buzyn revient à tâtons dans la campagne des municipales à Paris de LREM, sans lever les doutes dans son camp.

A un mois du second tour fixé au 28 juin, l’ex-ministre de la Santé, qui a repris du service à l’hôpital pendant la crise du coronavirus, a reporté en dernière minute, par un texto envoyé aux participants tard lundi soir, une réunion prévue mardi à 8 heures avec les têtes de listes d’arrondissements.

Une précédente réunion, la semaine dernière, avait déconcerté les colistiers. Mme Buzyn avait alors « dit à tout le monde que chacun pouvait faire sa campagne dans son arrondissement et qu’elle comprenait si certains ne voulaient pas mettre sa photo sur les affiches », ont rapporté plusieurs participants.

A la fin, « je ne savais pas si elle était candidate », résume, désarçonnée, une participante auprès de l’AFP.

Après cette réunion, d’aucuns ont douté publiquement du maintien de la candidature Buzyn, à l’instar du dissident congédié de LREM Cédric Villani, qui s’est dit « ouvert à la discussion » avec son ancien parti.

Certains candidats sont tentés par ailleurs de quitter le navire: dans le Ve arrondissement, Florence Berthout, qui s’était ralliée à Benjamin Griveaux, envisage désormais de s’allier à son ancienne famille politique, Les Républicains, ont rapporté plusieurs élus.

« Il faut qu’on soutienne notre candidate, c’est une grande femme », a plaidé dimanche le ministre de l’Action et des Comptes publics Gérald Darmanin, rappelant qu' »elle a eu le courage de remplacer Benjamin Griveaux dans des circonstances difficiles ».

Même son de cloche du côté du patron de LREM Stanislas Guerini: « Agnès Buzyn est déterminée et nous sommes déterminés à porter ensemble un projet pour Paris », a-t-il affirmé lundi matin.

La barre paraît plus haute que jamais dans la capitale pour LREM, qui avait pourtant placé en tête le candidat Macron en 2017 puis sa liste aux Européennes de mai 2019. Mme Buzyn, arrivée troisième du premier tour le 15 mars avec 17,3% des voix), loin derrière la maire PS sortante, Anne Hidalgo (29,3%) et la candidate LR Rachida Dati (22,7%), manque en outre d’une dynamique dans les arrondissements qui comptent le plus, sans compter son absence d’alliances possibles a priori.

– « Elle s’accroche » –

Les propos d’Agnès Buzyn elle-même après le premier tour, enfin, ont affaibli sa candidature.

Le 17 mars, elle avait provoqué un tollé en qualifiant dans Le Monde le scrutin de « mascarade », face au « tsunami » de l’épidémie qui s’annonçait. Mme Buzyn avait aussi affirmé avoir alerté le président Emmanuel Macron sur le danger du nouveau coronavirus dès le 11 janvier, puis avoir plaidé en mars pour le report du scrutin.

Selon des projections, le parti de la majorité présidentielle « pourrait n’obtenir que dix sièges de conseillers de Paris sur 163 », s’alarme une alliée.

« Quand j’entends qu’on la soutient encore, je ne comprends pas », confie à l’AFP une colistière « dépitée » dans le XVIIe arrondissement. Et d’ajouter: « Tout le monde se regarde en chien de faïence et personne n’ose dégainer pour lui dire d’arrêter. Elle s’accroche, mais je ne sais pas si c’est par désespoir ou parce qu’on la pousse à s’accrocher. »

Selon plusieurs élus parisiens, un candidat de remplacement a même été cherché en vain.

Mais « pour une candidature de M. X ou de Mme Y, il faudrait qu’il y ait un abandon mais ce n’est pas le cas », prévient l’élu de centre-droit et candidat dans le XVIIIe arrondissement, Pierre-Yves Bournazel, qui appelle de ses voeux « une solidarité et de la loyauté » des colistiers à l’égard de Mme Buzyn. « Elle est notre candidate, elle était celle du premier tour, elle sera donc celle du second tour », tranche l’élu.

« Il y a trois problèmes dans cette élection à Paris: LREM, Buzyn et Macron », assène une conseillère de Paris, en jugeant que le président a désavoué le bilan de l’ancienne ministre via les annonces du « Ségur de la santé ».

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