in

rien n’est fait « à l’insu » du président, selon le principal accusé

Rien n’a été fait « à l’insu » du président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, s’est défendu jeudi son directeur de cabinet et allié politique Vital Kamerhe, principal accusé d’un procès anticorruption sans précédent.

Le procès a été renvoyé au 11 juin pour les plaidoiries, après une quatrième audience-marathon de près de treize heures retransmise in extenso par la chaîne d’Etat RTNC.

La retransmission a été très suivie dans les rues à Kinshasa, pour la première fois qu’une personnalité de ce niveau était poursuivie.

Accusé de détournement de fonds, incarcéré depuis début avril, M. Kamerhe a vu défiler à la barre de très nombreux témoins dont sa femme, Hamida Shatur, et la fille de celle-ci, Soraya Mpiana, née d’un précédent mariage avec le célèbre chanteur congolais JB Mpiana.

Nommé en janvier 2019, M. Kamerhe, 61 ans, est poursuivi avec deux co-accusés pour le détournement présumé de 50 millions de dollars d’argent public alloués à la construction de 1.500 maisons préfabriquées.

Ce marché faisait partie du « programme des 100 jours » du nouveau président de la République Félix Tshisekedi, investi le 24 janvier 2019, a-t-il rappelé à plusieurs reprises.

« Je ne peux pas prendre des responsabilités à l’insu du président de la République », s’est défendu M. Kamerhe, ancien président de l’Assemblée nationale. « Le marché a été accordé sur instruction expresse du chef de l’Etat ».

« On utilise abusivement le nom du chef de l’Etat », a protesté en soirée un témoin à charge, Marcellin Bilomba, conseiller principal du chef de l’Etat en charge des affaires économiques et financières.

Dans une confrontation tendue, M. Bilomba a reproché à M. Kamerhe son manque de « transparence ». Il a affirmé qu’au total 66,7 millions de dollars (et non seulement 57 millions) avaient été décaissés pour le projet des 1.500 maisons préfabriquées.

M. Kamerhe comparaît avec le bénéficiaire de ce marché, l’entrepeneur libanais Jammal Samih, 78 ans dont 52 au Congo.

Outre le dossier principal de détournement, M. Samih a aussi été interrogé sur un cadeau qu’il aurait fait à la belle-fille de M. Kamerhe, Soraya, sous la forme d’un terrain immobilier au bord du fleuve Congo à Kinshasa. Le vieil entrepreneur et la jeune femme affirment tous deux ne pas se connaître.

La femme de Vital Kamerhe, Hamida Shatur, a énuméré la liste des cadeaux reçus lors de leur mariage en février 2019: 862.000 dollars, 33.000 euros, 10 millions de francs CFA (15.000 euros) et quatre voitures neuves.

Pour le reste, la femme d’affaires a mis le tribunal au défi de trouver sur ses comptes bancaires « un transfert venant de je ne sais quelle planète ».

Lors de cette audience-marathon, le tribunal a aussi fait défiler les anciens ministres du Budget, des Finances et des Travaux publics, ainsi que le gouverneur de la Banque centrale du Congo.

Nommés sous l’ancien président Joseph Kabila, ces ministres sont restés en poste jusqu’en septembre 2019, après la première transition pacifique du pouvoir d’un président à l’autre dans l’histoire du pays.

Investi en janvier 2019, M. Tshisekedi n’a en effet constitué son propre gouvernement qu’en septembre, en coalition avec son prédécesseur Joseph Kabila, qui contrôle toujours le Parlement.

Plus qu’un directeur de cabinet, M. Kamerhe a été son principal allié dans la conquête du pouvoir, en se désistant en sa faveur avant l’élection du 30 décembre 2018.

Le procès a été marqué par la mort du magistrat qui présidait les débats, deux jours après la deuxième audience. Les résultats d’une autopsie sont attendus.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GIPHY App Key not set. Please check settings

    Regardez SpaceX lancer les astronautes de la NASA, 2e essai

    Las Vegas rouvre ses casinos après onze semaines de confinement