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Aux Grésilles, les habitants plaident la self-défense face aux Tchétchènes

« Ils se sont sentis agressés »: aux Grésilles, quartier sensible de Dijon, les habitants expliquaient mercredi les incidents des derniers jours par une volonté d’assurer eux-mêmes leur défense face à des Tchétchènes venus armés de l’extérieur de la ville.

Le petit quartier de 5.000 habitants, à majorité maghrébine, vient de connaître sa première nuit de calme depuis vendredi soir et une série d’expéditions punitives de Tchétchènes voulant venger l’agression d’un des leurs.

Les habitants « se sont sentis agressés », confirme Sandrine Pillot, directrice du centre social.

« Ils se sont sentis abandonnés par les forces de l’ordre et ont donc ressenti le besoin de montrer leur force. Ils voulaient faire la police eux-mêmes », tente-t-elle d’expliquer.

Confronté aux déambulations de dizaines, voire de centaines de Tchétchènes, Malik a décidé de « prendre le bâton » – à savoir une solide perche de bois – pour « se défendre ».

« Je n’ai rien à cacher. Oui, j’ai pris le bâton. Pour défendre ma famille », dit à l’AFP ce père de trois enfants à l’impressionnante carrure. « Oui, on s’est défendu ».

« On n’a attaqué personne. J’ai agi en père de famille: tous les soirs, on les voyait, les Tchétchènes, défiler dans Dijon. Et la police ne faisait rien. On a été abandonné, alors j’ai agi », explique-t-il, refusant de condamner ceux qui, dans la cité, avaient des « armes à feu pour se défendre ». « Ils sont les bienvenus. Parce qu’avec un bâton… »

– « Tout à fait normal » –

« Le préfet a mis la population en danger » en ne faisant pas intervenir les forces de l’ordre avant lundi soir, renchérit Hakim.

« La population a été délaissée », ajoute Mohammed, en sirotant un café au bistrot de l’avenue des Grésilles. « C’est l’agression à caractère racial contre des gens normaux qui ont eu peur: pendant des nuits, un groupe de Tchétchènes a semé la terreur. Je me demandais si on était encore en France », lâche-t-il.

« Il ne faut pas avoir peur des Tchétchènes », répond à l’AFP Naouberk Chokuev, directeur de l’association Vivre, à Strasbourg, ville qui abrite l’une des communautés tchétchènes les plus importantes avec quelque 10.000 membres.

« Le problème, ce ne sont pas les Tchétchènes mais la délinquance, les revendeurs de drogue. Nous, nous sommes pour la paix », assène ce professeur de français et médiateur social.

Selon lui, sa communauté est « prise en otage » par des « voyous qui n’ont aucune valeur ». Mais les choses devraient se tasser, prédit-il, après l’appel au calme lancé par le père du jeune de 16 ans, dont l’agression a déclenché les opérations de représailles à Dijon.

« L’histoire de l’agression de mon fils s’est propagée au sein de la communauté tchétchène », explique au quotidien Le Parisien son père sous couvert de l’anonymat.

« Mais alors que nous n’avions rien demandé, plusieurs personnes que nous ne connaissons pas sont venues spontanément à Dijon. Et leur réaction a été trop forte », ajoute-t-il, appelant à cesser toute violence.

Les Tchétchènes, au nombre de 50 à 60.000 en France, et 150 à 200.000 en Europe, étaient même accourus de pays voisins, comme a témoigné l’un d’entre eux au quotidien local Le Bien Public.

«  Nous étions une centaine (dans la nuit de vendredi à samedi, ndlr), venus de toute la France, mais aussi de Belgique et d’Allemagne (…) Nous n’avons jamais eu l’intention de saccager la ville ni de nous en prendre à la population », a-t-il déclaré.

Le but était d’épauler la très petite communauté dijonnaise.

« Dijon n’est effectivement pas connu pour être une place forte de la communauté », explique Anne Le Huerou, experte de la Russie à l’université Paris Nanterre.

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