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scrutin législatif dans l’ombre de l’homme fort de Belgrade

Les Serbes votaient dimanche lors d’élections législatives qui devraient conforter le parti au pouvoir du président Aleksandar Vucic, sorti renforcé de la crise du coronavirus face à une opposition fracturée dont une partie boycotte le scrutin.

Ces premières élections nationales en Europe depuis le confinement imposé par la pandémie se déroulent dans l’ombre présidentielle, le nom de M. Vucic figurant sur les bulletins de vote en tant que patron du Parti serbe du progrès (SNS, centre droit) au pouvoir depuis huit ans.

En face, l’opposition est minée par les dissensions. Une vingtaine de petites formations participent au scrutin mais les principales formations le boudent, expliquant que des élections libres sont impossibles du fait de la distorsion du paysage médiatique et démocratique.

Malgré cette invitation à rester chez soi, la participation tournait autour de 30% en milieu d’après-midi, selon les estimations de l’ONG indépendante CRTA.

Jelena Djikanovic, économiste de 39 ans, fait partie des électeurs critiques qui se sont déplacés.

« Le boycott n’est pas productif car le pays est à la dérive. J’ai mon favori, j’espère un changement », dit-elle à l’AFP. « Je suis fatiguée d’attendre des jours meilleurs ».

En glissant son bulletin dans l’urne à Belgrade, le président serbe s’est dit satisfait de « l’atmosphère démocratique ». « J’espère le succès, je vois des files d’attente à travers la Serbie et je m’attends à une bonne participation ».

– Pas de suspense –

Le suspense n’est guère au rendez-vous.

D’après des enquêtes récentes, le SNS devrait rafler plus de 50% des suffrages.

La Constitution confère au président un rôle honorifique mais Aleksandar Vucic est sans conteste celui qui prend les décisions. Le nom du futur Premier ministre, en cas de victoire, n’a pas été annoncé. Les affiches électorales ne sont pas siglées SNS mais proclament: « Aleksandar Vucic pour nos enfants ».

Les analystes parlent de « système autoritaire concurrentiel ». « On a une concurrence mais les protagonistes ne sont pas égaux », déclare à l’AFP Dusan Spasojevic, professeur de sciences politiques à l’université de Belgrade.

Le parti au pouvoir bénéficie d’un paysage médiatique dominé par la presse progouvernementale, et d’une vaste base électorale constituée d’employés du service public et de leurs proches, soulignent les analystes.

Le chef de l’Etat, deux fois Premier ministre, assure que le boycott constitue la vraie menace pour la démocratie. Il accuse l’opposition de s’en servir comme feuille de vigne pour cacher son impopularité.

A 50 ans, il est plus populaire que jamais selon des sondages. Il émerge renforcé d’une crise sanitaire ayant contraint le pouvoir à une campagne par écrans interposés.

– Des routes et des ponts –

Si les contaminations repartent à la hausse avec le déconfinement, la Serbie a évité, avec 261 morts, les scénarios catastrophe vécus ailleurs. Et pour ces élections initialement prévues en avril, des gants et des masques sont proposés dans les bureaux de vote.

Au-delà de la gestion de la pandémie, le président est jugé proche du peuple.

« Il a trouvé la manière de parler au nom des gens pauvres, moins éduqués, qui vivent dans des endroits où il n’y a pas des masses d’opportunités », dit Dusan Spasojevic.

Le chef de l’Etat peut compter sur des soutiens de poids sur la scène internationale. Outre la Chine et la Russie, Aleksandar Vucic peut compter sur l’Occident qui le considère comme capable de résoudre le différend avec le Kosovo, son ancienne province dont la Serbie refuse de reconnaître l’indépendance.

En campagne, le président a mis en avant les projets d’infrastructures et promis de quasi doubler le salaire moyen à 900 euros d’ici 2025.

« Je crois que (Vucic) mérite d’être soutenu », juge Radojko Sovrlic, ingénieur de 58 ans. « Il a fait des routes, des tunnels, des ponts, des maternelles (…) pas mal de choses ».

Environ 6,5 millions d’électeurs, y compris la diaspora, sont appelés à voter jusqu’à 18H00 GMT. Les premiers résultats sont attendus quelques heures plus tard.

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