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législatives dans l’ombre de l’homme fort de Belgrade

Le parti du président serbe Aleksandar Vucic semblait sur le point de cimenter sa mainmise sur le pouvoir dimanche après des législatives boycottées par une partie de l’opposition.

Ces premières élections nationales en Europe depuis le confinement imposé par la pandémie du coronavirus se sont déroulées dans l’ombre présidentielle.

Aleksandar Vucic, qui sort renforcé de la crise sanitaire, ne se présentait pas mais son nom figurait sur les bulletins de vote en tant que patron du Parti serbe du progrès (SNS, centre droit) au pouvoir depuis huit ans.

D’après les enquêtes récentes, le SNS devrait rafler plus de 50% des voix face à une opposition minée par les dissensions. Les principaux partis ont boycotté le scrutin, au motif que des élections libres étaient impossibles du fait de la distorsion du paysage médiatique et démocratique. Mais une vingtaine de petites formations se sont présentées.

La participation est en recul mais pas dans une proportion dramatique. A une heure de la fermeture des bureaux de vote, le taux était estimé à 45% par l’ONG indépendante CRTA, soit sept points de moins environ par rapport aux législatives de 2016.

Jelena Djikanovic, économiste de 39 ans, fait partie des électeurs critiques qui se sont déplacés.

« Le boycott n’est pas productif car le pays est à la dérive. J’ai mon favori, j’espère un changement », dit-elle à l’AFP. « Je suis fatiguée d’attendre des jours meilleurs ».

En glissant son bulletin dans l’urne à Belgrade, le président serbe s’est dit satisfait de « l’atmosphère démocratique ». « J’espère le succès, je vois des files d’attente et je m’attends à une bonne participation ».

La Constitution confère au président un rôle honorifique mais Aleksandar Vucic, 50 ans, est sans conteste celui qui prend les décisions. Le chef de l’Etat, qui fut deux fois Premier ministre, émerge renforcé de la crise du coronavirus et est plus populaire que jamais selon des sondages.

– « Autocratie concurrentielle » –

Si les contaminations repartent à la hausse avec le déconfinement, la Serbie a évité, avec 261 morts, les scénarios catastrophe vécus ailleurs.

Les analystes parlent de « système autoritaire concurrentiel ». « On a une concurrence mais les protagonistes ne sont pas égaux », déclare à l’AFP Dusan Spasojevic, professeur de sciences politiques à l’université de Belgrade.

Le parti au pouvoir bénéficie d’un paysage médiatique dominé par la presse progouvernementale, et d’une vaste base électorale constituée d’employés du service public et de leurs proches, soulignent les analystes.

Le chef de l’Etat peut aussi compter sur des alliés de poids sur la scène internationale. Outre la Chine et la Russie, Aleksandar Vucic est soutenu par l’Occident qui le considère comme capable de résoudre le différend avec le Kosovo, l’ancienne province serbe dont Belgrade refuse de reconnaître l’indépendance.

Après les élections, le président serbe devra s’atteler au dialogue avec Pristina qui est gelé depuis plus d’un an. La semaine prochaine, il rencontrera l’émissaire européen pour la Serbie et le Kosovo, se rendra à Moscou puis rencontrera les représentants kosovars à la Maison Blanche.

Après avoir voté dimanche, le chef de l’Etat a prévenu que les « jours et les semaines à venir seront difficiles, en particulier en ce qui concerne le Kosovo ».

La minorité serbe du Kosovo était également appelée à voter dimanche. Dans la ville septentrionale de Mitrovica, Zoran Milentijevic, 57 ans, a déclaré qu’il voterait pour le camp présidentiel. « Je veux lui donner plus de chances de finir (les discussions) avec Pristina, de parvenir à un accord ».

Environ 6,5 millions d’électeurs, dont la diaspora, étaient appelés à voter. Les premiers résultats sont attendus dans la soirée.

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