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double veto russo-chinois à l’ONU sans fin de partie

La Russie et la Chine ont mis mardi à l’ONU leur veto à une extension pour un an et via deux points d’entrée de l’aide humanitaire transfrontalière apportée aux Syriens, en soulignant vouloir sa prolongation, mais de manière réduite, pour la région d’Idleb.

Rédactrices de la résolution, l’Allemagne et la Belgique s’attendaient à un veto de Moscou, selon des diplomates.

Lors des négociations, la Russie s’était prononcée en faveur d’une extension du dispositif, qui arrive à expiration vendredi, pour six mois et avec un seul point d’entrée en Syrie contre deux actuellement.

Les 13 autres membres du Conseil de sécurité ont voté en faveur du texte germano-belge.

« Le projet de résolution n’a pas été adopté » en raison de votes négatifs de membres permanents, a indiqué l’ambassadeur allemand à l’ONU, Christoph Heusgen, président du Conseil en juillet.

En position de force, comme elle l’était déjà il y a six mois, la Russie a aussitôt proposé un contre-projet de texte, reprenant ses deux conditions: six mois et un point d’entrée à la frontière avec la Turquie.

En vigueur depuis 2014, le dispositif transfrontalier de l’ONU « doit être graduellement réduit et remplacé » par un acheminement humanitaire sous contrôle de Damas, a souligné la mission diplomatique russe à l’ONU. Apporter de l’aide via la frontière à Idleb (nord-ouest) « restera et continuera », a ajouté la mission russe.

Obtenu par l’AFP, le projet russe mis au vote avec un résultat attendu mercredi soir exclut du dispositif le point d’entrée en Syrie de Bab al-Salam menant à la région d’Alep. Il ne garde que celui de Bab al-Hawa qui permet de ravitailler près de 4 millions de Syriens dans la région d’Idleb, non contrôlée par Damas.

Après le vote, la Chine a expliqué être en faveur d’un maintien de l’autorisation transfrontalière. Son veto est dû au refus de l’Allemagne et de la Belgique de prendre en compte sa demande d’une mention condamnant les sanctions unilatérales américaines imposées à la Syrie, ont expliqué des diplomates chinois.

La Russie et la Chine considèrent que l’autorisation onusienne viole la souveraineté de la Syrie et que l’aide peut passer de plus en plus par les autorités syriennes à la faveur de leur reprise de contrôle de territoires.

– « Cynique » –

En janvier, Moscou, premier soutien de la Syrie, et Pékin avaient déjà grâce à leur droit de veto fait réduire le dispositif, passé de quatre points d’entrée dans le pays à deux, avec une durée limitée à six mois contre un an jusqu’alors.

Il s’agit du 15e veto de la Russie et du 9e de la Chine sur un texte lié à la Syrie depuis le déclenchement de la guerre en 2011.

Les pays occidentaux ont vivement critiqué l’obstruction russo-chinoise. Les Russes « veulent étrangler la population encore davantage », a estimé un diplomate européen sous couvert d’anonymat. « Insister sur un seul point de passage est cynique et ne répond pas aux besoins de la population », affirme cette source.

Lors des négociations, Moscou a notamment fait valoir que le point d’entrée de Bab al-Salam était moins utilisé que celui de Bab al-Hawa. Selon un rapport en juin du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui avait réclamé une prolongation d’un an du dispositif avec deux points d’entrée, 4.774 camions sont passés par Bab al-Salam et 28.574 par Bab al-Hawa depuis 2014.

Les Occidentaux reconnaissent que l’autorisation transfrontalière est une violation de la souveraineté de la Syrie sur son territoire. Mais ils jugent que ce dispositif n’a pas d’alternative crédible et dénoncent les entraves bureaucratiques syriennes lorsque l’aide est soumise au contrôle de Damas.

Comme l’Occident, les ONG ont critiqué à l’unisson le nouveau double veto russo-chinois.

Pour David Miliband, président de l’International Rescue Committee, « bloquer l’accès à la nourriture, à l’aide médicale, aux vaccins et aux appareils respiratoires est inacceptable », tandis qu’Amnesty International soulignait « l’importance de garder ouverts les points d’entrée ». « Pour des millions de Syriens », c’est « soit avoir à manger, soit mourir de faim », a dit cette ONG.

« Si le gouvernement russe réussit à démanteler le mécanisme transfrontalier, cela aura des conséquences dévastatrices pour des millions de femmes, enfants, et hommes qui dépendent de l’aide humanitaire pour rester en vie », a abondé l’organisation Physicians for Human Rights.

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