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Au Bélarus, répression après des manifestations d’opposition

Le Bélarus a lancé mercredi des poursuites judiciaires après les manifestations de la veille contre le rejet de la candidature d’un opposant à la présidentielle, des protestations s’étant soldées par des dizaines d’arrestations.

La police de cette ancienne république soviétique a indiqué avoir arrêté mardi « plus de 250 personnes », principalement dans la capitale Minsk mais aussi dans d’autres villes.

Le Comité d’enquête, un puissant organe d’investigations, a annoncé de son côté l’ouverture d’une enquête pour « violations flagrantes de l’ordre public », délit passible de trois ans de prison.

Les manifestants étaient venus exprimer leur soutien à Viktor Babaryko, un ancien banquier de 56 ans devant être le principal rival du président Alexandre Loukachenko, 65 ans, qui se présente pour un sixième mandat à la présidentielle du 9 août.

Emprisonné depuis juin pour des accusations qu’il dément, Viktor Babaryko a vu sa candidature rejetée par la Commission électorale qui lui reprochait des revenus non déclarés et des financements étrangers de sa campagne.

Un autre opposant, l’ancien diplomate Valeri Tsepkalo, a lui aussi été privé de scrutin.

Mercredi soir, des milliers de soutiens de M. Babaryko et M. Tsepkalo ont formé une longue file devant la Commission électorale pour réitérer leurs parrainages en faveur de la candidature des deux hommes, selon une journaliste de l’AFP sur place.

Un responsable du ministère de l’Intérieur, Ivan Koubrakov, a indiqué que 115 manifestants étaient poursuivis à Minsk pour refus d’obtempérer et participation à un rassemblement non autorisé, une infraction passible de courtes peines de détention ou d’une amende.

Il a accusé des manifestants d’avoir voulu provoquer des « bagarres » avec la police.

De son côté, l’ONG Amnesty International a dénoncé un « recours excessif et non nécessaire à la force » lors des manifestations, pendant lesquelles des protestataires ont été mis à genoux ou frappés au visage, selon le centre de défense des droits humains Viasna.

– « Coup » contre la démocratie –

Au moins 32 manifestants de Minsk ont été relâchés, selon Viasna. Trois autres ont été condamnés à des peines de prison allant de 10 à 13 jours.

S’exprimant indirectement sur les manifestations, Alexandre Loukachenko a assuré mercredi qu’il défendrait le Bélarus « par tous les moyens légaux ». Il avait auparavant sous-entendu que l’opposant Viktor Babaryko était financé par Moscou.

Il a également fustigé les critiques européennes. « Ne nous montrez pas du doigt en nous disant comment vivre », a-t-il lancé, selon des propos retranscrits sur le site de la présidence.

Après ces manifestations, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui envoie des observateurs au Bélarus depuis 2001, a indiqué dans un communiqué ne pas avoir reçu cette année d’invitation pour venir suivre le scrutin.

Le président Loukachenko a soutenu pourtant mercredi que les observateurs étaient « les bienvenus ».

Un porte-parole de la diplomatie allemande, Rainer Breul, a fait état de « grande préoccupation » face aux dernières arrestations. La décision de priver de présidentielle les opposants Babaryko et Tsepkalo est un « coup dur contre les principes démocratiques fondamentaux (et) la liberté d’expression », a-t-il poursuivi.

Le ministre finlandais des Affaires étrangères, Pekka Haavisto, a appelé à la libération des manifestants et à des « élections libres et honnêtes ».

– « Mécontentement » –

Depuis juin, les autorités ont procédé à des perquisitions et des arrestations en nombre visant diverses formations et personnalités critiquant le régime, mais aussi leurs militants ou partisans.

Alexandre Loukachenko, qui dirige sans partage le Bélarus depuis 1994, affrontera quatre autres candidats à la présidentielle du 9 août.

Parmi ces candidats, Svetlana Tikhanovskaïa, 37 ans, la femme du vidéo-blogueur Sergueï Tikhanovski, virulent détracteur du régime actuellement emprisonné, a appelé les autorités à arrêter la répression.

« Les gens étaient sortis pour exprimer leur mécontentement envers le système existant, leur désir de vivre dans un pays libre et d’avoir des élections justes », a-t-elle lancé dans une vidéo en ligne.

Depuis l’arrivée au pouvoir de Loukachenko, aucune opposition n’a pu s’ancrer dans le paysage politique. Nombre de ses dirigeants ont été emprisonnés, et, en 2019, aucun opposant n’a été élu au Parlement.

Les quatre dernières élections présidentielles n’ont pas été reconnues comme équitables par les observateurs de l’OSCE.

bur-tk-am-rco/mp/sba

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