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Le Bélarus juge la contestation en déclin après la répression

Les autorités du Bélarus ont estimé mercredi que la contestation post-électorale était en déclin, après une troisième nuit de manifestations violemment dispersées, une répression condamnée en Occident.

Les ministres des Affaires étrangères de l’UE doivent se réunir vendredi pour notamment discuter de la situation dans l’ex-république soviétique, alors que Bruxelles réfléchit à des sanctions contre Minsk.

Les manifestants au Bélarus dénoncent une réélection à grand renfort de fraudes dimanche de l’autoritaire président Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 26 ans.

Sa rivale, l’opposante Svetlana Tikhanovskaïa, a revendiqué la victoire, avant de quitter le pays pour la Lituanie, dans la nuit de lundi à mardi. Un départ sous la menace des autorités, selon sa campagne.

« Le nombre des manifestants était moindre cette nuit, et le nombre de villes où avaient lieu des manifestations était moindre aussi », a estimé auprès de l’AFP la porte-parole du ministère de l’Intérieur, Olga Tchémodanova.

Environ un millier de personnes ont été arrêtées dans la nuit de mardi à mercredi, selon la police, contre 2.000 et 3.000 les deux nuits précédentes. Selon le ministère de la Santé, 51 personnes ont été blessées.

Depuis dimanche soir, la police use de grenades sonores et de balles en caoutchouc pour disperser les protestataires.

– Terroriser –

De nombreuses scènes de passage à tabac de manifestants étaient également diffusées sur les réseaux sociaux.

Les autorités affirment avoir à faire à des casseurs et des provocateurs, pilotés depuis l’étranger.

La nuit passée, selon des journalistes de l’AFP, des témoins et des médias d’opposition, les forces anti-émeutes ont pris d’assaut à Minsk sans ménagement de petits groupes de personnes dans différents quartiers, empêchant les rassemblements de grossir.

Ian, un ambulancier de 28 ans, qui a participé aux trois nuits de protestations, estime que la police cherche à « terroriser les gens, pour qu’ils restent assis (chez eux) et se taisent ».

« Moi aussi, j’ai peur », a-t-il témoigné.

Les forces bélarusses s’en sont aussi pris à des automobilistes qui klaxonnaient, un signe de soutien aux manifestations, et ratissaient des cours d’immeubles pour débusquer des manifestants leur ayant échappé.

« Il n’y avait jamais eu des manifestations d’une telle ampleur et d’une telle durée, et il n’y avait jamais eu (une répression) d’une telle violence », a estimé Oleg Goulak du Comité Helsinki au Bélarus, une ONG de défense des droits humains.

L’Union européenne a dénoncé mardi un scrutin « ni libre ni équitable » et exigé la fin de la répression, menaçant de ré-imposer des sanctions au Bélarus, après en avoir levé en 2016 à la suite de ce qu’elle estimait être des progrès.

Pour Alexandre Baounov, du centre Carnegie de Moscou, M. Loukachenko peut compter sur la fidélité de ses troupes pour mettre la contestation au pas.

« Il a la main sur tout l’appareil répressif, et avec ça il terrorise la population. Un tel régime ne tombe qu’en cas de scission au sein des forces de sécurité », relève-t-il.

– « Cessez d’obéir ! » –

Véronika Tsepkalo, figure de la campagne électorale de l’opposition qui s’est réfugiée à Moscou le jour de la présidentielle, a appelé les policiers à « cesser d’obéir ».

« Comment pouvez-vous après ça regarder vos enfants dans les yeux? », a-t-elle lancé à l’antenne d’une radio moscovite.

Alexandre Loukachenko, 65 ans, n’a jamais laissé d’opposition s’ancrer. Elle ne dispose d’ailleurs d’aucun élu au parlement et la dernière vague de contestation, qui remonte à 2010, avait aussi été sévèrement réprimée.

Svetlana Tikhanovskaïa, une novice en politique de 37 ans, a mobilisé à la surprise générale en quelques semaines des dizaines de milliers de personnes, une forme de ferveur politique que le Bélarus n’avait jamais connue.

Cette mère au foyer avait remplacé son mari Sergueï, un vidéo-blogueur en vue, après son arrestation en mai alors qu’il gagnait en popularité.

Mais après deux nuit de répression, l’arrestation de plusieurs de ses proches collaborateurs, l’opposante est partie en Lituanie. Selon sa campagne, elle a subi des pressions des forces de sécurité.

« Elle a le moral, elle va s’exprimer dans un futur proche », a twitté mercredi Linas Linkevicius, ministre lituanien des Affaires étrangères.

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