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Le dérangeant patron de l’antidopage russe sur la sellette

Le conseil de surveillance de l’agence antidopage russe (Rusada) a recommandé mercredi le limogeage du dérangeant patron de cet organisme clé de la lutte contre le dopage, Iouri Ganous, qui mène campagne pour dénoncer le manque d’engagement des autorités contre la triche sportive.

M. Ganous, directeur général de Rusada, à rebours du Kremlin, avait jugé logique en décembre la mise au ban de la Russie du sport mondial, compte-tenu de l’ampleur des fraudes reprochées à Moscou.

Mercredi, le conseil de surveillance de Rusada, qui était déjà allé à l’encontre de certaines des prises de positions de son dirigeant, a annoncé aux agences de presse russes que le limogeage de M. Ganous se devait d’être examiné en raison d’un audit ayant révélé des infractions dans la gestion interne de l’organisation.

« Bien sûr (qu’il s’agit d’une vengeance), c’est une lutte. Ce que nous disons ne plait pas, alors que nous nous battons pour un sport propre », a dit à l’AFP M. Ganous, qualifiant par ailleurs l’audit concerné « d’incomplet, infondé et discutable ».

La décision de le limoger reviendra aux fondateurs de l’agence, les comités olympique et paralympique russes, ceux-là même qui ont publié l’audit visant la gestion de Rusada.

Selon M. Ganous, le limogeage d’un directeur général indépendant des autorités « risque d’aboutir à des sanctions encore plus lourdes » contre le sport russe, à l’heure où Moscou conteste devant le Tribunal arbitral du sport son exclusion prononcée en décembre des JO et de tout championnat du monde.

Un seul des sept membres du conseil de surveillance, Sergueï Khytchikov, a voté contre cette recommandation, selon ce dernier.

« Je considère cette décision comme infondée et injuste (…) je la considère comme mauvaise pour Rusada et l’antidopage russe », a-t-il dit à l’agence TASS.

L’Agence mondiale antidopage (AMA) s’est dite « extrêmement préoccupée » par cette recommandation.

« C’est un élément essentiel du code mondial antidopage que les organisations nationales antidopage, telles que Rusada, restent à l’abri de toute ingérence des comités nationaux olympiques et paralympiques dans leurs décisions et activités afin qu’elles puissent mener leur travail de façon efficace », a-t-elle souligné, dans un communiqué.

« L’AMA demandera des éclaircissements supplémentaires aux autorités russes et envisagera toute autre mesure qui pourrait être nécessaire après avoir discuté de la question avec le Comité de révision de la conformité (CRC) », a-t-elle prévenu.

En décembre 2019, lorsqu’elle avait déclaré Rusada non conforme au code mondial antidopage, l’AMA avait conditionné la réintégration éventuelle de l’agence russe au respect de son indépendance, a-t-elle souligné.

Le chef du Comité olympique russe Stanislav Pozdniakov a de son côté indiqué une prochaine réunion pour évoquer la recommandation du limogeage de Iouri Ganous, à laquelle il s’est dit favorable dans un communiqué: « Malheureusement, nos peurs se sont révélées être réelles », a-t-il déclaré, assurant que les violations citées dans l’audit sont « très graves ».

En 2019, M. Ganous avait jeté un pavé dans la mare, accusant dans des termes à peine voilés les autorités russes d’avoir falsifié des données transmises à l’AMA pour camoufler les résultats des tests de sportifs russes.

La Russie est au cœur d’un gigantesque scandale de dopage depuis qu’une commission de l’AMA a révélé en 2015 que Moscou avait mis en place depuis 2011 un système institutionnel de dopage, actif notamment pendant les JO-2012 de Sotchi.

Le Kremlin a dénoncé à maintes reprises une cabale orchestrée par ses concurrents géopolitiques.

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