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Aux Etats-Unis, faire campagne jusque dans sa tombe

La nécrologie de Barry Kreiter, publiée quelques jours après sa mort, contenait deux éléments révélateurs de notre époque: un lien pour suivre ses funérailles en ligne et un appel à voter contre Donald Trump lors de l’élection présidentielle.

« Vous pouvez faire des donations pour contribuer à chasser Donald Trump » de la Maison Blanche et « élire des démocrates le 3 novembre », a écrit Rachel Kreiter à la fin de l’avis de décès de son père.

M. Kreiter, inspecteur en bâtiment à Chicago, est mort subitement le 25 octobre d’une inflammation du muscle cardiaque à 63 ans, sans nécrologie prête à l’avance.

Rachel et sa mère ont pris la décision d’inclure un message politique en hommage au militantisme de M. Kreiter, qui faisait campagne pour Joe Biden par téléphone pendant son temps libre.

Pour Kay Powell, ancienne rédactrice de nécrologies pour le quotidien The Atlanta Journal-Constitution, ce phénomène ne date pas d’hier et remonte même à 1996, lorsque le démocrate Bill Clinton affrontait Bob Dole.

« Rédiger un avis de décès familial est une forme d’art aux Etats-Unis. Les familles peuvent écrire ce qu’elles veulent, et elles le font », explique Mme Powell.

Les déclarations politiques sont « plus communes lors d’une année électorale », ajoute-t-elle.

Et l’année 2020 n’y coupe pas. A mesure que la date du scrutin approche et que la tension monte, les hommages funèbres aux airs de tribunes politiques se multiplient.

– Piques posthumes –

Plutôt que d’apporter des fleurs, « ne votez pas pour M. Joseph R. Biden Jr. s’il vous plaît », clame ainsi la nécrologie de Patricia Wiggins, décédée le 8 septembre dans l’Etat de New York.

« Mark Schroeder était beaucoup de choses. Il était un père, un héros, un meilleur ami, un professeur, un frère et parfois un enfoiré de première. Mais ce qu’il n’était pas, M. Trump, c’est un crétin ou un loser », souligne encore l’avis de décès de cet ancien soldat de la guerre du Vietnam, en référence à la polémique qui a éclaté début septembre.

Selon, le magazine américain The Atlantic, le milliardaire républicain aurait qualifié les soldats américains morts pendant la Première Guerre mondiale de « losers » et de « crétins », lors d’une visite en France en novembre 2018. Des allégations démenties par la Maison Blanche.

D’autres taclent la gestion de la pandémie par le président.

« La responsabilité de cette mort, et de celles de toutes les autres personnes innocentes, repose sur Trump et Abbott (gouverneur républicain du Texas NDLR) et tous les hommes politiques qui n’ont pas pris cette pandémie au sérieux », déplore Stacey Nagy, dont le mari s’est éteint à 79 ans des suites du Covid-19, le 22 juillet.

« Les gens veulent que leur nécrologie et leur avis de décès soient un reflet sincère et fidèle de leur vie et de la personne qu’ils étaient », explique Kay Powell.

« Si avoir un fort engagement politique en faisait partie, c’est normal que cela se retrouve inclus, de la même façon que s’ils aimaient les chiens ou observer les oiseaux. C’est constitutif de qui ils étaient », conclut-elle.

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