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les forces du Tigré ont bombardé Asmara, nouvelle escalade dangereuse

Les autorités de la région dissidente éthiopienne du Tigré ont tiré samedi des roquettes sur la capitale de l’Erythrée frontalière qu’elles accusent de prêter main-forte à l’armée fédérale éthiopienne dans son offensive, une escalade susceptible de faire dégénérer le conflit.

Les hostilités ont commencé le 4 novembre, quand le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a envoyé l’armée fédérale à l’assaut du Tigré, après des mois de tensions croissantes avec les autorités régionales du Front de libération des Peuples du Tigré (TPLF).

Premier ministre depuis 2018, M. Abiy a obtenu le prix Nobel de la paix l’année suivante pour avoir fait la paix avec l’Erythrée, avec laquelle l’Ethiopie était à couteaux tirés depuis une guerre meurtrière entre 1998 et 2000, alors que le TPLF était le parti tout-puissant à Addis Abeba.

Il a également progressivement écarté du pouvoir le TLPF, qui représente la minorité tigréenne (6% de la population) et qui durant presque 30 ans a contrôlé l’appareil politique et sécuritaire éthiopien.

Plusieurs responsables du parti sont poursuivis dans des affaires de corruption et M. Abiy affirme vouloir installer des « autorités légitimes » au Tigré, désarmer ses forces, rétablir l’Etat de droit et traduire en justice ses dirigeants.

Le TPLF a accusé ces derniers jours le pouvoir d’Asmara, son ennemi juré, de laisser l’armée éthiopienne utiliser son territoire, qui borde toute la frontière Nord du Tigré, pour y faire passer ses troupes ou décoller ses avions, mais affirme aussi que l’armée érythréenne est directement impliquée dans des combats au sol au Tigré.

Dimanche, le président du Tigré, Debretsion Gebremichael, a indiqué à l’AFP que le TPLF avait tiré les roquettes qui ont frappé la veille au soir, selon des diplomates basés à Addis Abeba, les abords de l’aéroport d’Asmara.

Aucun bilan humain ou des dégâts à Asmara, capitale d’un des Etats les plus fermés au monde, dirigé d’une main de fer par Issaias Afeworki depuis son indépendance de l’Ethiopie en 1993, n’était connu dimanche.

– « Cible légitime » –

« Les forces éthiopiennes utilisent aussi l’aéroport d’Asmara » ce qui en fait « une cible légitime », a justifié M. Debretsion.

« C’est un secret de polichinelle que les deux dirigeants », MM. Abiy et Issaias, « utilisent cet aéroport pour déployer des forces de l’autre côté de la frontière » entre l’Erythrée et le Tigré « et nous attaquer », a-t-il ajouté.

Les forces du TPLF « combattent les forces érythréennes depuis quelques jours sur plusieurs fronts » au Tigré, a-t-il répété dimanche, des affirmations invérifiables de source indépendante, en raison du blackout imposé à la région et des restrictions de déplacement des journalistes.

Vendredi, le gouvernement éthiopien assurait ainsi que les forces du TPLF étaient « à l’agonie », tandis que celles-ci affirmaient le lendemain avoir infligé de « lourdes pertes » à l’armée fédérale.

Ni le gouvernement éthiopien ni les autorités érythréennes n’avaient réagi dimanche à la mi-journée à ces tirs ou aux accusations de M. Debretsion.

Celui-ci a indiqué à l’AFP que ses forces n’avaient tiré aucune roquette contre le port érythréen de Massaoua, sur la mer Rouge, décrit comme une cible potentielle par le commandement des forces du TPLF, ajoutant ne pas prévoir « dans l’immédiat » de nouveaux tirs de roquettes en Erythrée ou en Ethiopie.

Les tirs contre Asmara sont une nouvelle escalade dans le conflit au Tigré. Samedi, le TPLF avait déjà revendiqué le tir de « missiles » contre deux aéroports de la région voisine de l’Amhara, également utilisés selon lui par l’aviation militaire éthiopienne.

Ils renforcent les craintes de nombreux observateurs que ce conflit n’entraîne l’Ethiopie, deuxième pays le plus peuplé d’Afrique (100 millions d’habitants) et mosaïque de peuples, dans une guerre communautaire incontrôlable, mais aussi ne déstabilise toute la région de la Corne de l’Afrique.

Par ces tirs, le TPLF a montré sa capacité à porter le conflit loin de son fief. Ce, alors que le général Berhanu Jula, chef d’état-major de l’armée fédérale, assurait le 5 novembre que « la guerre ne gagnerait pas le centre du pays » et « se terminerait » au Tigré.

En outre, même si le TPLF assure que « le conflit ne concerne pas les civils amhara », de vieux différends territoriaux opposent les Amharas, deuxième groupe ethnique du pays, et les Tigréens.

Des milliers de miliciens amhara ont déjà rejoint le Tigré pour appuyer l’armée fédérale éthiopienne contre le TPLF, selon les autorités régionales amhara.

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