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« Béton » Tshisekedi inaugure ses premiers grands travaux en position de force

En pleine offensive politique, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a conclu l’année avec l’inauguration jeudi d’ouvrages urbains à Kinshasa, symbole de sa politique de grands travaux minée par la corruption, dans une capitale plus que jamais engorgée par les embouteillages.

Après avoir sifflé début décembre la fin de la coalition avec son prédécesseur Joseph Kabila, « Fatshi béton » (son surnom) a ouvert à la circulation automobile quatre ponts routiers supposés faciliter le trafic dans la mégapole de plus de 10 millions d’habitants, sur fond de bouchons aggravés par un couvre-feu décrété le 12 décembre.

Unanimement connus en RDC sous le nom de « sauts de mouton », ces échangeurs routiers qui enjambent des carrefours très fréquentés sont la vitrine du « programme d’urgence des 100 jours » lancés par le président de la République peu après son arrivée au pouvoir début 2019.

Leur inauguration intervient alors que la mégapole en croissance constante vit à l’heure du couvre-feu (21h00-05h00) décrété par le président face à la recrudescence des cas de Covid-19 dans la capitale.

Ce couvre-feu aggrave le trafic automobile aux heures de pointe. Dès le milieu de l’après-midi, des milliers de Kinois quittent leur lieu de travail dans les communes du centre-ville (Gombe, Ngaliema…) pour regagner leur domicile dans les zones périphériques (Limete, Ndjili…) pour un long périple. Pris d’assaut, les transports en commun ont tendance à augmenter leurs tarifs.

Pendant deux ans, la circulation, déjà chaotique avec l’augmentation du parc automobile depuis quinze ans, a été ralentie par les chantiers des sauts de mouton, notamment sur la route de l’aéroport.

« L’attente était trop longue. On est fatigué. Cette cérémonie de sauts de mouton manque d’intérêt pour nous parce que le sacrifice que nous avons enduré ne peut réjouir personne », s’est plaint Jean Kabulo, vendeur ambulant rencontré dans la commune de la Gombe, où une tribune attendait le président de la République.

– Sabotage –

Dans un pays gangrené par la corruption, où la politique se confond avec l’affairisme, les « grands travaux » du président ont été marqués par une retentissante affaire de détournement de fonds.

Son directeur de cabinet et principal allié politique, Vital Kamerhe, a été condamné à 20 ans de prison avec un entrepreneur libanais. Au terme d’une instruction et d’un procès bouclés entre avril et juin de cette année, ils ont été accusés du détournement d’environ 50 millions de dollars dans le financement d’un autre volet des grands chantiers, la construction de maisons pré-fabriquées.

Avec l’inauguration des sauts de mouton, « Fatshi béton » conclut un mois de décembre mené tambour battant qui a redistribué les cartes du pouvoir en RDC, plus grand pays d’Afrique subsaharienne.

Le 6 décembre, le chef de l’État a annoncé la fin de la coalition qu’il formait avec son prédécesseur Joseph Kabila, toujours majoritaire au Parlement.

Dans la foulée, Tshisekedi a demandé une nouvelle majorité « d’Union sacrée » au Parlement pour soutenir sa politique de réformes – dont la lutte contre la corruption – soutenue par l’Union européenne et les États-Unis.

Sur fond d’achat présumé des voix, le camp du président a enregistré des ralliements qui lui ont permis de renverser la présidente pro-Kabila de l’Assemblée, Jeanine Mabunda.

En face, l’ancien président Joseph Kabila reste quasi-muet face à l’offensive de son successeur et les premières divisions et défections au sein de sa machine de guerre politique, le Front commun pour le Congo (FCC).

Lundi, le président Tshisekedi en position de force a remis à leur place les gouverneurs des 26 provinces du pays très majoritairement acquis à l’ancien président Kabila.

« Les actes de sabotage des nouvelles politiques publiques que je compte impulser pour le reste de mon quinquennat ne seront ni tolérés, ni impunis », leur a-t-il lancé.

« C’est ainsi que sera sanctionnée avec sévérité toute tentative de déstabilisation du pays à partir d’une gouvernance provinciale quelle qu’elle soit », a-t-il ajouté.

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