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Washington exprime sa « préoccupation » après les arrestations de journalistes au Tigré

Les Etats-Unis ont dit mardi avoir fait part à l’Ethiopie de leur « préoccupation » après les récentes arrestations de journalistes et traducteurs au Tigré, région où l’armée mène une opération militaire depuis novembre.

« Nous avons été en contact avec l’autorité audiovisuelle éthiopienne et d’autres responsables gouvernementaux éthiopiens pour exprimer notre préoccupation et pour réclamer des explications », a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price devant la presse à Washington.

« Ces actes sont incompatibles avec l’engagement du gouvernement éthiopien à autoriser l’accès des médias internationaux au Tigré », a-t-il ajouté.

Il n’a pas précisé si le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken avait soulevé cette question lors de son coup de fil de mardi au Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed. Selon le département d’Etat, M. Blinken lui a notamment demandé de « permettre une enquête internationale indépendante sur les atteintes et violations présumées des droits humains », pour « en tenir responsables les auteurs ».

Plusieurs journalistes ou traducteurs pour des correspondants étrangers ont été arrêtés depuis samedi. Parmi eux figurent Fitsum Berhane et Alula Akalu, qui travaillaient comme traducteurs pour des journalistes de l’AFP et du Financial Times.

Les deux médias avaient obtenu la permission de l’Autorité éthiopienne de radiodiffusion (EBA) et du ministère de la Paix de se rendre au Tigré, où l’accès des médias a été strictement restreint depuis le début des hostilités il y a quatre mois.

Les autorités éthiopiennes n’ont fourni aucune explication sur les investigations qui les visent.

L’organe de défense des droits de l’Homme en Ethiopie s’est également dit « préoccupé » mardi.

« Alors que la mauvaise information et la désinformation sont des défis récurrents dans cette crise, l’arrestation de journalistes est une réponse disproportionnée. Portez des accusations crédibles ou libérez-les », a écrit sur Twitter Daniel Bekele, responsable de la Commission éthiopienne des droits de l’homme (EHRC), un organisme indépendant mais affilié au gouvernement.

Le directeur de l’information de l’Agence France-Presse (AFP), Phil Chetwynd, a appelé lundi à la libération immédiate de Fitsum Berhane. « Nous ne sommes informés d’aucune charge précise pesant contre Fitsum Berhane, et sa seule collaboration avec un média ne saurait être un motif pour son arrestation », a-t-il déclaré.

Deux autres journalistes ont été arrêtés, l’un travaillant pour la BBC, Girmay Gebru, et un journaliste local, Temrat Yemane.

Toutes ces arrestations ont été menées par des militaires, selon les proches des personnes interpellées et des témoins présents.

Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, a lancé début novembre une opération militaire d’envergure contre les autorités dissidentes du Tigré, issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), après les avoir accusées d’avoir attaqué des bases de l’armée fédérale.

Le Premier ministre a proclamé la victoire fin novembre après la prise de la capitale régionale Mekele, mais les autorités en fuite de la région ont promis de poursuivre la lutte et des combats ont été signalés depuis.

Les récits faisant état d’atrocités commises contre des civils se multiplient, y compris par des soldats de l’Érythrée voisine venus prêter main-forte à l’armée fédérale éthiopienne contre le TPLF.

Les autorités d’Addis Abeba et d’Asmara nient officiellement que des troupes érythréennes soient actives dans la région.

L’Association des correspondants étrangers d’Afrique de l’Est (FCAEA) a appelé mardi à la libération immédiate des journalistes détenus au Tigré.

« Cibler les journalistes et leurs associés (…) porte gravement atteinte à la promesse du gouvernement de s’ouvrir à la presse », a déclaré le groupe dans un communiqué.

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