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Législatives ouvertes en Côte d’Ivoire pour oublier une présidentielle contestée

Les Ivoiriens sont appelés à voter samedi à des élections législatives dont la campagne se déroule jusqu’alors sans incident et en présence de l’opposition, qui avait appelé à boycotter la présidentielle controversée d’octobre 2020 marquée par des violences.

Pour la première fois depuis une décennie, la quasi-totalité des partis d’opposition participe au scrutin, en particulier le Front populaire ivoirien (FPI) de l’ex-président Laurent Gbagbo, noyau d’une coalition appelée Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS).

Le FPI boycottait tous les scrutins depuis l’arrestation de M. Gbagbo en avril 2011 à Abidjan et son transfèrement à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, après des violences post-électorales ayant fait quelque 3.000 morts.

Depuis son ouverture le 26 février, la campagne qui s’achève jeudi soir n’a donné lieu à aucune violence et tous les partis ont appelé à un scrutin apaisé.

Grâce à la participation de toute l’opposition, ces législatives se présentent comme ouvertes et offrent l’espoir d’un retour à la stabilité politique après les violences liées à la présidentielle du 31 octobre 2020 qui ont fait 87 morts et près de 500 blessés.

Plus de 1.500 candidats briguent les suffrages de quelque sept millions d’électeurs dans 205 circonscriptions pour 255 députés à élire.

Aux dernières législatives, en décembre 2016, le parti du président Alassane Ouattara, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), alors allié au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ex-président Henri Konan Bédié, avait remporté la majorité absolue avec 167 sièges.

MM. Bédié et Gbagbo, qui avaient appelé « à la désobéissance civile » et boycotté la dernière présidentielle, ne reconnaissent toujours pas la réélection d’Alassane Ouattara à un troisième mandat controversé. Mais ils veulent aujourd’hui contrebalancer son pouvoir à l’Assemblée.

Pour y parvenir, le PDCI libéral de M. Bédié a passé une alliance inédite avec les pro-Gbagbo socialistes d’EDS pour empêcher « la consolidation d’un pouvoir absolu » de M. Ouattara et de son parti.

En face, le RHDP s’affiche comme le « seul » à pouvoir présenter des candidats dans toutes les circonscriptions, promettant « une vague orange », la couleur du parti.

« Ces législatives constituent un enjeu pour montrer que le RHDP est le plus grand parti » en Côte d’Ivoire et « offrir un socle constitutionnel large et confortable pour que les reformes puissent être réalisées », déclare Adama Bictogo, directeur exécutif du RHDP.

– « Zéro mort » –

Fils aîné de Laurent, Michel Gbagbo, universitaire et candidat dans la commune populaire de Yopougon à Abidjan, parle d’un « nouveau défi » qui « marque aussi le retour de Laurent Gbagbo et de son organisation politique dans le jeu politique institutionnel ».

Laurent Gbagbo vit en exil à Bruxelles depuis son acquittement de crimes contre l’humanité par la CPI en 2019, mais le président Ouattara s’est déclaré favorable à son retour, au nom de « la réconciliation nationale ».

Ce retour se fait attendre et a été annoncé pour la « mi-mars » par ses partisans qui ont mis en place un « Comité national d’accueil ».

En outsider face au RHDP et à l’alliance PDCI-EDS, celle formée par l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan et comprenant les formations d’un autre ex-ministre, Albert Mabri Toikeusse, et de l’ex-chef des « Jeunes patriotes » Charles Blé Goudé, pourtant proche de Laurent Gbagbo et acquitté comme lui de crimes contre l’humanité par la CPI en 2019.

De nombreux candidats indépendants pourraient en outre jouer un rôle important à l’Assemblée nationale en cas de résultats serrés entre pouvoir et opposition.

Pour tenter d’en finir avec les violences électorales qui ont marqué l’histoire récente de la Côte d’Ivoire, tous les participants à ces législatives se sont prononcés pour un scrutin pacifique et ont signé un code de bonne conduite devant la presse.

« Le contexte (de large participation) permet d’aller à des élections apaisées », prédit Adama Bictogo, lui-même candidat à Agboville, près d’Abidjan.

Président d’EDS, Georges Armand Ouégnin veut aussi « des élections avec zéro mort ».

Alors qu’il aurait dû en être l’un des piliers, le scrutin se tiendra en l’absence du Premier ministre Hamed Bakayoko, 55 ans, en France depuis deux semaines pour « raisons médicales ». M. Bakayoko est candidat dans son fief de Séguéla (Nord).

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