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l’Ethiopie dans la Corne de l’Afrique

Forte de son influence de longue date sur la Corne de l’Afrique, l’Ethiopie est un pays farouchement indépendant, prêt à batailler avec ses voisins pour défendre ses intérêts.

Voici certains des liens entre l’Ethiopie, qui tient des élections nationales le 21 juin, et les pays qui l’entourent:

– Erythrée –

Partie intégrante de l’Ethiopie avant son indépendance en 1993, arrachée après plusieurs décennies de guerre, l’Erythrée connaît une relation torturée et sanglante avec son voisin du Sud.

En 1998, Addis Abeba et Asmara se sont à nouveau affrontées dans une guerre qui a fait 80.000 morts, s’achevant après deux ans de combats par une impasse politique. Pendant près de 20 ans, une guerre froide oppose les deux pays.

Mais en 2018, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed conclut la paix avec le président érythréen Issaias Afeworki, ce qui lui vaut un prix Nobel l’année suivante.

Fin 2020, après le lancement par M. Abiy d’une opération militaire au Tigré pour en chasser les autorités régionales, les troupes érythréennes se joignent à l’armée éthiopienne dans cette région frontalière.

Sept mois plus tard, les Erythréens sont encore sur place, et sont soupçonnés de nombreuses atrocités.

« Quel est le but final de l’Erythrée en Ethiopie? C’est une question à laquelle je doute qu’Abiy lui-même puisse honnêtement répondre », affirme Namhla Matshanda, professeure à l’université du Cap, en Afrique du Sud, et spécialiste de la Corne.

– Soudan –

Le Soudan s’est lui aussi retrouvé impliqué dans le conflit au Tigré lorsque des dizaines de milliers d’habitants fuyant la guerre s’y sont réfugiés.

Le Premier ministre soudanais Abdallah Hamdok, président de l’Igad (organisation régionale de la Corne), a proposé au début du conflit une médiation, catégoriquement rejetée par M. Abiy dans un contexte de tensions croissantes entre Addis Abeba et Khartoum.

Les armées soudanaise et éthiopienne ont récemment remilitarisé la région d’Al-Fashaga, une fertile bande de terre revendiquée par les deux pays, attisant les craintes de voir un conflit surgir dans cette zone.

M. Abiy affirme que son pays n’a « pas besoin d’une guerre » avec le Soudan – mais cette perspective n’est pas exclue par les observateurs.

Par ailleurs, le Soudan s’est allié à l’Egypte pour combattre le Grand barrage de la Renaissance (GERD), une gigantesque infrastructure électrique construite par l’Ethiopie sur le Nil Bleu.

– Egypte –

Le GERD constitue actuellement le premier point de tension dans la Corne de l’Afrique. Et l’Egypte est la tête de pont de cette contestation.

Pour l’Ethiopie, il est de son droit souverain de construire un tel barrage, qui fournira de l’électricité à des millions de foyers. Mais pour l’Egypte, l’installation risque d’affecter le débit du Nil qui fournit représente 97% des besoins en eau du pays.

Cette dispute a attisé les sentiments nationalistes dans les trois pays et des années de négociations n’ont pas permis de sortir de l’impasse.

Le Caire a tenté de mettre de son côté plusieurs pays de la région, signant des pactes de défense avec le Kenya et l’Ouganda, et menant plusieurs visites officielles à Djibouti. Le mois dernier, l’Egypte et le Soudan ont conjointement mené des exercices militaires, une opération qui portait le nom de code « Gardiens du Nil ».

– Somalie –

L’Ethiopie et la Somalie connaissent des disputes territoriales depuis plus d’un demi siècle.

Les deux pays se sont affrontés deux fois pour la zone de l’Ogaden, une région aride et vaste de l’extrême Est éthiopien, que la Somalie a tenté sans succès d’envahir dans les années 1970.

En 2006, l’Ethiopie envoie ses troupes en Somalie pour combattre les islamistes radicaux somaliens, mis en déroute. Depuis, l’Ethiopie a maintenu des troupes quasiment sans discontinuer, certaines d’entre elles sous mandat de l’Union africaine, pour combattre les islamistes shebab.

Récemment, Addis Abeba a retiré une partie de ces soldats pour les déployer au Tigré, accentuant les risques d’instabilité dans le pays le plus fragile de la Corne de l’Afrique.

– Au-delà de la Corne –

Le refus de M. Abiy de négocier un cessez-le-feu au Tigré, où la famine sévit désormais, a égratigné l’image du lauréat du prix Nobel de la paix.

Les Etats-Unis ont récemment décidé des restrictions de visa et des coupes dans les aides, une forme de disgrâce pour ce pays encore loué il y a peu pour ses réformes démocratiques.

« Ils ont assurément pris un grand coup sur la scène internationale », affirme William Davison, analyste à International Crisis Group (ICG).

Les sanctions et les condamnations à l’étranger n’ont eu que peu d’impact à Addis Abeba, où le gouvernement a organisé de grandes manifestations pour dénoncer des ingérences étrangères dans ses affaires.

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