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dans Mocimboa, ville fantôme libérée des jihadistes

A part quelques soldats en patrouille, les rues sont désertes et sans bruit: Mocimboa, port stratégique du Nord du Mozambique, occupé jusqu’à peu par des groupes armés jihadistes, est une ville fantôme, entre herbes folles et bâtiments en ruine.

Quelques maisons ayant été utilisées par les jihadistes – qui sèment la terreur dans le Nord du pays depuis plus de trois ans et avaient pris la ville il y tout juste un an – sont précédées de pancartes en swahili: « Ne pas entrer » ou même « ne pas détruire ».

Le reste du centre-ville – entrepôts incendiés, maisons à l’abandon où la nature reprend ses droits – est très dégradé, a constaté un correspondant de l’AFP embarqué avec l’armée rwandaise, intervenue en renfort des soldats mozambicains dans la zone.

Des dizaines de soldats, principalement rwandais, patrouillent librement dans Mocimboa, après en avoir chassé dimanche les jihadistes.

« Nous avons eu quatre jours de combats consécutifs. A la fin, nous avons réussi à les faire partir », a expliqué un officier rwandais qui n’a souhaité donner que son prénom, Frank.

Avec un millier d’hommes sur le terrain dans la province du Cabo Delgado, le Rwanda a été le premier pays étranger à déployer des troupes pour aider le Mozambique face aux jihadistes.

Les groupes armés n’ont pas opposé une grande résistance lors du raid, avait expliqué en début de semaine le chef de l’armée mozambicaine, le général Cristóvão Chume, précisant qu’aucun décès n’avait été signalé dans ses rangs.

Fusils d’assaut, munitions et grenades abandonnés ont été récupérés.

Un char partiellement incendié est abandonné sur le bord de la route, tout comme des empilements de conteneurs rouillés. L’armée mozambicaine a commencé à déblayer. « Des opérations de nettoyage sont en cours dans tout Mocimboa da Praia », a déclaré le général Chume.

– Trop tôt pour le retour de civils –

Il n’y a ni eau ni électricité mais le gouverneur Valige Tauabo a affirmé jeudi vouloir « organiser le retour des habitants ».

Plusieurs experts sont sceptiques. « Très risqué d’autoriser le retour de la population à ce stade, ce serait difficile de distinguer les habitants des jihadistes », souligne Enio Chingotuane, expert au Centre d’études stratégiques et internationales. « Les rebelles sont des gens d’ici, ils peuvent facilement se fondre au milieu de la population pour créer ensuite de l’instabilité ».

Pour João Feijó, chercheur à l’Observatoire de l’environnement rural (OMR) spécialiste de ces groupes armés, les jihadistes pourraient avoir seulement opéré un repli stratégique et se cacher non loin.

Mocimboa, port sur l’océan Indien, à une soixantaine de km au sud de Palma, a été le lieu des premières attaques jihadistes en octobre 2017. Ces groupes armés s’étaient ensuite emparés de la ville de quelque 120.000 habitants, il y a tout juste un an.

Jusqu’alors, Mocimboa da Praia recevait tout la fret destiné au site – aujourd’hui en suspens – de développement de gaz naturel liquéfié de la péninsule d’Afungi, à environ 80 km au nord, l’un des plus gros investissements en Afrique, auquel participe le groupe français Total.

Depuis août 2020, c’était devenu le quartier général de facto des jihadistes locaux, connus sous le nom d’Al-Shabab (« les jeunes » en arabe) et affiliés au groupe Etat islamique (EI). Même s’il n’a jamais été clair combien ils étaient, ni dans quelle mesure ils tenaient réellement la ville, dont presque tous les habitants ont pris la route de l’exil, parmi les 800.000 déplacés de ce conflit.

Fin mars, après une attaque d’ampleur contre le port de Palma à une soixantaine de km, l’EI avait diffusé des images censées montrer les jihadistes mozambicains, dont plusieurs spécialistes avaient affirmé qu’elles avaient été tournées à Mocimboa, à une date inconnue.

On y voyait une bonne centaine d’hommes armés, jeunes pour la plupart, bandanas rouges ou tissus enroulés sur la tête, en treillis, T-shirts ou chemise longue.

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