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Blinken en Amérique du Sud, première étape en Equateur

Pour sa première tournée en Amérique du Sud pour y soutenir la démocratie, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken est arrivé mardi en Equateur, moins de 24 heures après l’instauration de l’état d’exception pour lutter contre le trafic de drogue qui gangrène ce pays.

En Equateur, puis en Colombie mercredi et jeudi, M. Blinken entend appuyer ces deux pays considérés par Washington comme des exemples, à un moment de tensions renouvelées avec le Venezuela chaviste.

Il rencontrera les présidents respectifs Guillermo Lasso et Ivan Duque, deux dirigeants de droite, pour promouvoir les principes « d’engagements démocratiques » brandis par Joe Biden mais aussi maintenir la pression sur les leaders de la gauche latinoaméricaine.

Le chef de la diplomatie américaine s’était rendu début octobre au Mexique, pour son premier voyage en Amérique latine, afin de coordonner les actions des deux pays contre le crime et les trafics.

En Equateur, après les relations très difficiles avec le président Rafael Correa (au pouvoir de 2007 à 2017), puis légèrement réchauffées avec son successeur Lenin Moreno (2017-2021), l’élection surprise en mai 2021 du conservateur Guillermo Lasso, un ancien banquier, a ouvert la voie à un rapprochement marqué entre les deux pays.

– « Relations étroites » –

Quelques minutes après l’arrivée de M. Blinken à Quito, le président Lasso, sur son compte Twitter, a loué les « relations étroites » entre les deux pays, s’engageant à « renforcer encore la coopération bilatérale en matière de sécurité et de défense, de lutte contre la corruption, de questions de migration, de vaccination, de commerce, d’environnement, de développement et d’économie ».

Lundi soir, le chef de l’Etat équatorien a proclamé l’état d’exception pour lutter contre l’insécurité et le narcotrafic gangrénant le pays. Cette annonce surprise s’inscrit d’une certaine façon dans l’agenda de Washington, dont l’une des traditionnelles priorités est la lutte contre le trafic de drogue sur le continent américain.

« Dans les rues il n’y a qu’un ennemi: le trafic de drogue », et « ces dernières années, l’Equateur est passé de pays de trafic de drogue à pays qui consomme également de la drogue », a justifié M. Lasso.

Mardi, des militaires ont été vus dans les rues de la ville de Guayaquil (sud-ouest), mais aucun déploiement particulier n’a été signalé dans la capitale Quito.

Situé entre la Colombie et le Pérou – les principaux producteurs mondiaux de cocaïne – l’Equateur est un territoire où est stockée puis transite la drogue, vers les Etats-Unis notamment.

L’état d’exception prévoit la mobilisation dans les rues des militaires pour lutter contre l’insécurité, pour une durée d’au moins 60 jours, à un moment où le pays connaît un mouvement de protestation sociale contre la hausse du prix des carburants, porté en particulier par les organisations indigènes.

Cet état d’exception « n’affectera en aucune façon le droit à la libre expression des personnes et des associations », a assuré un ministre, anticipant les éventuelles critiques sur le respect des droits de l’homme dans le pays.

Sur ces thématiques des droits humains et de la sécurité, l’Equateur est également confronté à une grave crise carcérale, avec des affrontements récurrents entre gangs de narco-trafiquants dans les prisons, dont les derniers en date ont fait 119 décès fin septembre à Guayaquil.

« L’un des principaux enjeux pour les Etats-Unis en matière de coopération est précisément la lutte contre le narcotrafic. La visite du Secrétaire d’État répond au renforcement de ces liens » mais marque aussi sa « préoccupation » sur ce sujet, a décrypté pour l’AFP l’analyste équatorienne Karen Garzon Sherdeck.

A Quito, M. Blinken s’entretiendra également avec son homologue Mauricio Montalvo, ainsi que des activistes et défenseurs locaux des droits humains.

– Retrouver la « relation spéciale » –

Il gagnera mercredi Bogota, la capitale de la Colombie, où il restera jusqu’à jeudi.

Allié des Etats-Unis dans la région depuis des décennies, notamment face à « la dictature » de Nicolas Maduro au Venezuela, la Colombie du conservateur Duque attend de cette visite une « résurrection des relations bilatérales » et un « réalignement des priorités », après l’indifférence marquée de l’administration Trump, selon la presse colombienne.

Bogota et Washington ont « la volonté de retrouver leur coopération et leur compréhension » d’antan, mais « reste à savoir si les deux gouvernements parviendront à rétablir leur relation spéciale », a résumé mardi le quotidien El Espectador.

Le premier sujet clé sera l’immigration, après la crise ces dernières semaines provoquée par l’afflux de migrants, très majoritairement Haïtiens, de toute l’Amérique du sud vers l’Amérique centrale, en direction des Etats-Unis.

Comme en Equateur, M. Blinken rencontrera des groupes de défense des droits humains et évoquera un autre sujet important pour l’administration Biden, le climat, alors que la Colombie affiche d’ambitieux objectifs climatiques.

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