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Explosions à Khartoum, blocage persistant sur l’ouverture de couloirs humanitaires

De fortes explosions ont secoué mercredi Khartoum, au 26e jour de la guerre pour le pouvoir entre l’armée et les paramilitaires, sans avancée jusqu’à présent dans les négociations sur des couloirs pour acheminer l’aide et faire sortir des civils pris au piège.

Des explosions et des tirs d’artillerie lourde ont résonné mercredi à Khartoum, ont raconté des habitants à l’AFP, tandis que de nouveaux « raids aériens » ont visé des quartiers habités, auxquels ont répondu des tirs « de mitrailleuses antiaériennes ».

Des habitants d’El-Obeid, une ville à 350 kilomètres à l’ouest de la capitale, ont également fait état d’affrontements et d’explosions.

L’armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), menés par le général Mohamed Hamdane Daglo, ont envoyé samedi des négociateurs à Jeddah, en Arabie saoudite, pour des « discussions préalables », uniquement « techniques », portant sur des couloirs sécurisés pour l’aide humanitaire.

Aucun des deux camps n’a annoncé de résultats à ces pourparlers.

Le responsable de l’ONU pour les affaires humanitaires, Martin Griffiths, s’était rendu à Jeddah pour réclamer un « engagement de principe » des belligérants à « garantir le passage de l’aide humanitaire ».

Les combats qui ont éclaté le 15 avril ont fait plus de 750 morts et 5.000 blessés, selon des ONG et les autorités.

Selon l’ONU, environ 900.000 personnes ont quitté leur maison vers des zones épargnées par les combats: 177.000 sont réfugiées dans les pays voisins, tandis que le nombre de déplacés à l’intérieur du Soudan dépassait mardi les 700.000, après avoir doublé en une semaine.

Parmi les déplacés, « plus de 80.000 sont des femmes, dont 8.000 sont enceintes », selon l’ONU qui met en garde contre un « risque accru » de violences liées au genre ou d’exploitation sexuelle.

Plus de 15.000 personnes, dont des réfugiés éthiopiens, selon l’ONU, sont arrivées dans la ville-frontière de Metema, dans le nord-ouest de l’Ethiopie. « Ma vie quotidienne se résume à moisir ici », raconte à l’AFP Muhamad Yusuf, un Soudanais de 30 ans arrivé, après trois jours de route, avec seulement quelques « vêtements et un peu d’argent ».

Acheminement d’aide à Port-Soudan

Ceux qui restent à Khartoum, une ville de cinq millions d’habitants, vivent barricadés chez eux. Sans eau ni électricité, avec très peu de nourriture et de moins en moins de liquidités, ils survivent sous une chaleur écrasante grâce à des réseaux de solidarité entre voisins et proches. Quasiment plus aucun hôpital ne fonctionne dans la capitale.

Avant la guerre, un Soudanais sur trois souffrait de la faim. Si la guerre se poursuit, jusqu’à 2,5 millions de personnes supplémentaires auront faim quotidiennement, prévoit l’ONU.

Selon un correspondant de l’AFP, deux avions saoudiens chargés d’aide humanitaire ont atterri à Port-Soudan, une ville portuaire de l’est du Soudan, épargnée par les violences, où l’ONU et de plus en plus d’ONG tentent de négocier l’acheminement de ces cargaisons vers les zones où hôpitaux et stocks humanitaires ont été pillés ou bombardés.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) reprend ses liaisons aériennes régulières entre Port-Soudan et Addis Abeba, la capitale de l’Ethiopie, afin d' »assurer l’acheminement de l’aide et du personnel humanitaires vitaux », a annoncé le porte-parole du secrétaire général de l’ONU.

Au Darfour, une région frontalière du Tchad, dans l’ouest du Soudan, l’ONG Islamic Relief raconte la désolation: « A Zalingei, chef-lieu du Darfour central, les stocks de nourriture se réduisent comme peau de chagrin alors que le marché a été pillé ».

« Près de 250.000 personnes ont été déplacées au Darfour où des groupes armés tuent et attaquent les civils, pillent les locaux et les camions des humanitaires », ajoute l’ONG.

Dans cette région, des civils ont été armés pour participer aux affrontements mêlant militaires, paramilitaires et combattants tribaux ou rebelles, selon l’ONU.

Le Darfour a été marqué par la sanglante guerre civile déclenchée en 2003 entre la dictature d’Omar el-Béchir et des minorités ethniques.

En 2019, l’armée avait accepté sous la pression de la rue de limoger M. Béchir, au pouvoir depuis 30 ans.

En octobre 2021, les généraux Burhane et Daglo s’étaient alliés pour mener un putsch et évincer les civils du pouvoir, mettant fin à deux années de transition démocratique.

Mais l’union sacrée a fait long feu et la guerre a éclaté le 15 avril entre les deux généraux, incapables de s’entendre sur l’intégration des FSR dans l’armée.

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