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Affaire Kulik: 30 ans de réclusion requis contre Bardon pour « enlèvement suivi de mort »

Verdict attendu vendredi soir à la Cour d’assises de la Somme: l’accusation a requis 30 ans de réclusion criminelle à l’encontre de Willy Bardon pour « enlèvement et séquestration suivis de mort » commis sur Elodie Kulik en 2002, mais a requis l’acquittement pour les chefs de « viol » et de « meurtre ».A l’issue de 13 jours d’une audience « hors norme », qui ont vu défiler 47 témoins et experts à la barre, relater les quelque 180 auditions menées par les enquêteurs, « vous avez à juger des faits qui remontent à presque 18 ans (…) et dont les marques et ravages sont encore présents », a dit vendredi l’une des deux avocates générales, Ségolène Attolou.Il s’agit de juger des « atrocités » commises sur Elodie Kulik, jeune employée de banque de 24 ans enlevée, violée, étranglée, puis brûlée en janvier 2002 à Tertry, à une vingtaine de kilomètres de Saint-Quentin (Aisne), a-t-elle rappelé. Avant de mourir, elle avait appelé les secours, un enregistrement glaçant de 26 secondes considéré comme la pièce maîtresse du dossier, qui a ébranlé la salle d’audience à de nombreuses reprises pendant deux semaines.Si la participation de Grégory Wiart, décédé en 2003 et dont on avait retrouvé l’ADN sur la scène du crime en 2012, est « indéniable », les deux hommes entendus sur l’enregistrement « font forcément partie de ses ravisseurs » et « le seul proche » qui est « reconnu sur la bande » par plusieurs témoins est Willy Bardon, a enchaîné l’autre avocate générale, Anne-Laure Sandretto.Alors qu’il est poursuivi pour « viol » et « meurtre », l’accusation avait réclamé jeudi à la cour d’ajouter une question « subsidiaire » à poser aux jurés: « enlèvement et séquestration suivis de mort », ce qui a été approuvé. »Dans ce dossier, nous avons 12 témoins » de l’entourage de Bardon, interrogés sur la bande sonore, parmi lesquels « six sont formels et le reconnaissent ». Concernant les autres, deux ont dit aux enquêteurs avoir reconnu un « timbre » ou une « intonation » et Romuald J., considéré comme le frère de lait de l’accusé, a lui « changé son témoignage » au procès, a détaillé l’avocate générale.Affaissé sur le banc, sonné, essuyant parfois une larme, l’accusé qui depuis le début de l’enquête assure être innocent, a ensuite été défendu par ses avocats. »Se tromper, ce serait condamner un innocent ! et la conviction ne peut pas se résumer à une simple impression », a lancé Me Stéphane Daquo, appelant à « passer au crible chaque élément du dossier » et suggérant de « déposer un bulletin blanc » en cas de doute.- « Château de sable » – L’avocat a ensuite détaillé méthodiquement toutes les « failles » de l’enquête, le fait « qu’on demande à Willy Bardon d’avoir un alibi » dix ans après les faits, qu’un témoin ait été poussé à appeler l’accusé pour le faire parler, ou encore la « l’incompétence » et les « bidouillages » de certains enquêteurs lors des auditions. « Des pans entiers de l’enquête (…) ne sont pas sérieux », a-t-il jugé.Par ailleurs, le timbre de voix, c’est un visage « flou », aperçu « de manière furtive », surtout avec cette bande sonore de qualité « médiocre », a-t-il poursuivi, insistant sur le manque de « rigueur scientifique » du seul élément matériel à charge. « Vous l’acquitterez, parce que cette bande est inaudible (…) et parce qu’il est innocent », a-t-il plaidé.Evoquant les comportements et désirs sexuels troublants, les traits de personnalité reprochés à Willy Bardon par l’accusation, Me Marc Bailly, autre avocat de la défense, a dénoncé un « procès des intuitions, des rumeurs, des ragots », une accusation basée sur « un château de sable ». « Personne n’est venu nous expliquer comment on est passé d’un comportement misogyne (…) à un crime », a-t-il fustigé.L’enquête a été « déloyale », « scandaleuse », « profondemment à charge », tournant dès le départ autour de Willy Bardon, a enfin jugé le troisième avocat, Gabriel Dumenil.Après dix années d’enquête sans suspect, puis la découverte d’un suspect déjà mort, les gendarmes étaient « soumis à la pression » hiérarchique, politique, a affirmé Me Dumenil. « Il fallait trouver un coupable vivant, coûte que coûte (…) quitte à en fabriquer un ».

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