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« Je regrette la polémique sur le +triage+ des patients »

Praticien dans un hôpital de la région parisienne, en première ligne pour traiter les patients atteints par le coronavirus, un anesthésiste-réanimateur livre tous les jours pour l’AFP, sous couvert d’anonymat, le résumé de sa journée en pleine crise sanitaire.

– Jeudi 30 avril –

Aujourd’hui, nous avons fait le point avec le chef de service. On nous dit qu’il faut profiter des deux semaines qui viennent pour essayer de souffler un peu car la suite risque d’être très difficile.

Les prévisions sont encore compliquées à interpréter. On peut tout aussi bien rester dans la configuration actuelle que se retrouver submergés et repartir dans une situation pire qu’à la fin du mois mars. Si la version la moins optimiste devenait réalité, l’été sera particulièrement difficile. D’autant plus que les collègues venus de province pour nous aider ne pourront probablement pas revenir, car ils seront occupés dans leur région.

Hier, j’entendais un reportage qui voulait rétablir la vérité sur la notion de « triage » des patients. J’ai écouté cela avec un petit sourire ironique. Nous avons été accablés de questions sur ce thème début mars sur le fait de devoir « choisir les patients » à admettre en réanimation, de savoir s’il y aurait un « âge limite ».

La question d’administrer ou non un traitement de réanimation et la question de l’intensité de ce traitement au regard du bénéfice qui peut en être attendu pour le patient sont déjà notre quotidien en réanimation, aux urgences, et dans de nombreux services des hôpitaux. Cela n’a rien de nouveau. Covid ou non.

Je regrette cette polémique qui a créé, à mon sens, une peur supplémentaire dans l’esprit du public, dans un contexte déjà particulièrement difficile pour tout le monde.

Il y a encore peu de temps, j’avais au téléphone le fils d’un patient qui venait d’être intubé. Je lui explique la situation. Il me répond, très soulagé: « C’est bon, vous l’avez pris et vous avez pu lui trouver un respirateur »?

Cette question n’a normalement pas lieu d’être. Mais nous ne sommes plus en temps normal.

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