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Campione d’Italia craint son retour dans l’UE

Coronavirus

L’enclave de Campione d’Italia sur le lac de Lugano est de nouveau pleinement italienne depuis le 1er janvier dernier. Le coronavirus ne simplifie pas le rattachement.

L’enclave italienne de Campione d’Italia au Tessin a droit à sa borne frontière.

Keystone

Affaiblie par la fermeture de son casino le 27 juillet 2018, l’enclave de Campione d’Italia sur le lac de Lugano lutte pour régler tous les détails de son rattachement à l’espace douanier de l’Union européenne. Le coronavirus a encore compliqué la donne.

Campione d’Italia est de nouveau pleinement italienne depuis le 1er janvier dernier. Totalement enclavée dans le Tessin, la ville a perdu son statut de zone franche. Le territoire est désormais entièrement soumis aux normes italiennes au même titre que la Lombardie, région à laquelle il appartient.

En ces temps de coronavirus, les règles en vigueur sont ainsi beaucoup plus rigides que celles appliquées au Tessin, explique Giorgio Zanzi, commissaire extraordinaire nommé par Rome pour diriger la municipalité après la démission de son prédécesseur en septembre 2018. «Cela ne facilite pas la vie», raconte-t-il dans un entretien à Keystone-ATS.

Compliqué de faire les courses

«D’autant plus que depuis la fermeture du casino, il n’y a pratiquement plus de magasins dans l’enclave. Il ne reste plus que quelques boutiques, salons de coiffure et bars. Or les habitants ont besoin de sortir pour aller faire leurs courses, soit au Tessin soit en Italie, et ceci sans être soumis à trop de restrictions.»

La mobilité des «Campionesi» à l’intérieur du territoire tessinois est donc consentie «dans le respect mutuel des règles en vigueur liées au Covid-19». «Les habitants de l’enclave peuvent aller en Italie faire leurs achats à condition de disposer d’une autorisation spéciale; ils doivent se rendre dans la commune italienne la plus proche, soit Côme, à une vingtaine de kilomètres», précise le commissaire.

«Entrée absurde dans l’UE»

«Heureusement !», s’exclame Paolo Bortoluzzi, habitant de Campione, ex-employé du casino et syndicaliste. «Pour nous, il s’agit d’une véritable nécessité, car le coût de la vie est trop élevé en Suisse pour tous ceux qui ont perdu leur emploi et vivent de l’aide sociale.»

Cette aide nous est assurée jusqu’en octobre seulement, «alors que nous n’avons encore aucune garantie quant à une éventuelle réouverture du casino, ni pour ce qui est de l’avenir de notre municipalité, sans compter les mille et un problèmes administratifs causés par cette entrée absurde dans l’Union européenne !»

Giorgio Zanzi lui-même n’hésite pas à parler des gros «désagréments» posés par le changement de statut douanier «dont personne n’a voulu et dont aujourd’hui personne n’ose revendiquer la paternité». Les difficultés quotidiennes, explique-t-il, consistent avant tout dans les rapports économiques et commerciaux entre Campione et la Suisse.

Lombardie, Tessin et Berne

Il cite pour exemple l’élimination des déchets: «Chaque intervention de l’entreprise tessinoise qui s’en occupe est soumise à des pratiques douanières qui impliquent la Lombardie, le Tessin et Berne. Cela crée des complications sans fin».

En outre, d’ici la fin de l’année, les habitants devront convertir leurs permis de conduire suisses en permis italiens, troquer leurs plaques de voitures suisses, modifier leurs contrats d’assurances, etc. «Il s’agit de complications incroyables qui ne plaisent à personne, mais il est malheureusement impossible de faire machine arrière», selon Giorgio Zanzi.

La pandémie s’est encore greffée sur cette transition difficile. Elle a mis au rancart la question d’une éventuelle réouverture de la maison de jeu même si «le gouvernement italien n’a pas cessé d’examiner une possible relance», dit le Commissaire Zanzi.

Campione épargnée par le virus

Pour lui-même, l’épidémie a aussi eu son lot de conséquences. Giorgio Zanzi aurait dû rester en fonction jusqu’au printemps, mais coronavirus oblige, il restera en place jusqu’en septembre. Les élections ont été fixées entre le 15 septembre et le 15 décembre selon l’évolution de la situation sanitaire. «Je m’en irai lorsque l’enclave aura un nouveau maire.»

«En attendant», conclut Giorgio Zanzi, «nous avons eu de la chance: contrairement au Tessin et à l’Italie du Nord, le coronavirus n’a fait aucune victime ni contaminé quiconque dans l’enclave.» (nxp/ats)

(ats)

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