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ouverture et report du procès du principal allié du chef de l’Etat

Le procès pour corruption de Vital Kamerhe, principal allié du chef de l’Etat de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi, étape sans précédent dans l’histoire judiciaire du pays, s’est brièvement ouvert lundi à Kinshasa avant d’être ajourné au 25 mai.

« La cause est renvoyée au 25 mai pour la poursuite de l’instruction », a déclaré le président du tribunal à l’issue de cette première audience d’environ deux heures rentransmise par la chaîne d’Etat RTNC.

Hier encore l’un des hommes forts du géant d’Afrique centrale, le directeur de cabinet du chef de l’Etat, 61 ans, est apparu les traits tirés, barbe grisonnante, vêtu de la tunique jaune et bleue propre aux détenus de la prison centrale de Makala où se tient le procès.

En détention préventive depuis le 8 avril, M. Kamerhe a comparu avec deux co-accusés pour le détournement présumé de quelque 50 millions de dollars destinés au financement de travaux publics qui devaient marquer le début du quinquennat de Félix Tshisekedie en 2019. La RDC s’est constituée partie civile dans ce dossier sans précédent.

« Jamais dans l’histoire politique congolaise de ces deux dernières décennies, un acteur aussi important de la scène politique ne s’est retrouvé derrière les barreaux », résument les experts du Groupe d’études sur le Congo (GEC) de l’Université de New York.

Les poursuites contre Vital Kamerhe entrent dans le cadre d’une vaste enquête anti-corruption supposée marquer le « renouveau » de la justice congolaise dans la lutte contre l’impunité des élites depuis l’indépendance le 30 juin 1960.

Le procès s’est ouvert en « audience foraine », c’est-à-dire délocalisée dans l’enceinte même de la prison de Makala.

Les prévenus, les juges et les avocats portaient des masques qu’ils retiraient pour prendre la parole. Le virus a franchi la barre des 1.000 cas en République démocratique du Congo (pour 41 décès en date de lundi), avec un important foyer de contagion dans une prison de la capitale.

Un des co-accusés de M. Kamerhe, l’homme d’affaires libanais Samih Jammal, 79 ans d’après l’acte d’accusation, présentait d’évidents signes de faiblesse, presqu’au bord de l’évanouissement. Assis sur un fauteuil roulant, il est apparu essouflé au moment de confirmer son identité.

Les avocats de M. Kamerhe ont indiqué qu’ils avaient déposé une demande de remise en liberté provisoire. Une première avait été rejetée mi-avril.

M. Kamerhe est bien plus qu’un simple collaborateur du chef de l’État. Natif du Sud-Kivu (est), le président de l’Union pour la nation congolaise (UNC) s’était désisté en faveur de Félix Tshisekedi avant l’élection présidentielle du 30 décembre 2018, qui a marqué la première alternance pacifique dans l’histoire de la RDC.

Les deux hommes ont scellé un accord politique pour constituer leur plate-forme Cap pour le changement (Cach), qui gouverne la RDC en coalition avec les forces politiques de l’ex-président Joseph Kabila, toujours majoritaires au Parlement.

– Signal fort ou manoeuvre –

Cet accord signé à Nairobi en novembre 2018 prévoit même que M. Kamerhe, qui a déjà tenté sa chance en 2011, soit candidat à la présidence de la République en 2023.

Le parti de M. Kamerhe compte plusieurs ministres dans ce gouvernement de coalition dont un est également dans le viseur de la justice : le ministre de la Formation professionnelle John Ntumba,également soupçonné de détournement de fonds.

Nommé directeur de cabinet au lendemain de l’investiture du président Tshisekedi le 24 janvier 2019, Vital Kamerhe est soupçonné du détournement des fonds destinés à la construction de logements sociaux (4.500 maisons préfabriquées).

Il nie ces accusations. Il estime que tous les marchés publics ont été « hérités » du précédent gouvernement, affirmant qu' »aucun contrat de marché public de gré à gré ne porte sa signature », selon l’ordonnance de rejet de sa demande de remise en liberté provisoire du 11 avril.

Si son arrestation est présentée comme un signal fort dans la lutte contre la corruption des élites, une partie de l’opinion reste sceptique et évoque un règlement de compte au sein de la coalition ou une manoeuvre.

Au lendemain de son incarcération, les élus du parti de M. Kamerhe avaient dénoncé « l’arrestation arbitraire » et l' »humiliation » subie par leur chef de file.

Sur les réseaux sociaux, ses partisans dénoncent une affaire visant à l’écarter de la présidentielle de 2023. Des militants de son parti l’UNC ont manifesté lundi matin à Goma pour « clamer l’innocence » de leur leader.

Malgré son arrestatoin, M. Kamerhe n’a pas démissionné de son poste de directeur de cabinet, ni a été révoqué.

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